Les humanitaires aveyronnais rencontrent deux légionnaires ukrainiens, en route pour le front

  • Vladislav rentre en Ukraine, pour se battre contre l’envahisseur russe.
    Vladislav rentre en Ukraine, pour se battre contre l’envahisseur russe. Midi Libre - Célian Guignard
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Célian Guignard

Les sept camions chargés de dons pour les réfugiés ukrainiens, partis de Rodez, ce vendredi 4 mars au matin, ont passé la nuit sur la route. À 6 h, ce samedi matin, les 16 volontaires, dont notre confrère reporter de Midi Libre Millau Célian Guignard, approchaient de Ljubljana, la capitale Slovène. Une première partie de trajet marqué par une rencontre aussi inattendue qu'inoubliable. 
 

La nuit a été longue pour le convoi humanitaire parti, ce vendredi 3 mars, à 11 h, de Rodez. Sept camions chargés de 20 tonnes de nourriture, de couvertures, de vêtements et d'autres produits d’hygiènes qui ont pris la route pour Halmeu, village roumain à la frontière ukrainienne, où affluent les réfugiés de guerre. Les seize volontaires ont traversé la France et l’Italie. À 6 h, ce samedi, ils approchaient de Ljubljana, la capitale slovène. Il leur restait quelque 850 km à parcourir, soit 9 h de route.

Prêts à combattre 

Ce début de trajet a été marqué par une rencontre exceptionnelle. Vendredi soir, vers 20 h, le camion de tête, qui avait pris trop d’avance sur les autres, s’est arrêté pour attendre ses camarades. Sur l’aire d’autoroute de Gran Bosco, la première station-service italienne après le tunnel du Frejus, qui relie Modane (Savoie) à Bardonnèche (Piémont), les deux occupants ont fait la connaissance de deux légionnaires ukrainiens. Stan* et Vadislav, issus de l’un des régiments de Légion étrangère d’Avignon (Vaucluse), étaient sur la route pour rejoindre leur pays natal, afin de prendre les armes et de le défendre. 

"Je vais tout perdre"

Les deux militaires ont fait un choix fort pour  leur "patrie" actuellement envahie par la Russie. "Dans deux semaines, nous serons considérés comme des déserteurs par l’armée française, affirmait Stan, qui s’est engagé il y a sept ans. Je ne comprends pas cette situation. Je demande juste à pouvoir rentrer le temps de la guerre,  en Ukraine, puis à revenir en France, quand tout sera fini. Là, je vais tout perdre : mon ancienneté, mon salaire... Je n’aurai pas le passeport français comme c’était prévu. Le gouvernement va tout couper. Pourtant, j’ai servi au Mali et au Liban pour la France." L’homme de 35 ans, originaire de l’ouest de l’Ukraine, espère que son appel sera entendu. Il souhaite rester anonyme car il entretient toujours l’espoir "de pouvoir négocier [son] retour" dans son régiment.

Pour l'heure, sur demande, la Légion étrangère n'autorise ses soldats ukrainiens qu'à deux semaines de permission au maximum pour se rendre dans des pays limitrophes afin de récupérer des membres de leur famille. Mais leur hiérarchie leur interdit formellement de franchir l'une des frontières et de partir se combattre.

Retour définitif au pays

Vadislav, lui, n’a que 21 ans. Après huit mois passés dans la Légion, il a décidé de renoncer et de rentrer définitivement au pays. S’il accepte de donner son vrai prénom et sa ville d’origine, Kropivnitsk, au centre de l’Ukraine, il désire néanmoins que l’on ne puisse pas le reconnaître sur la photo. La raison qu’il évoque est pleine de foi en l’avenir : "Après la guerre, il veut rentrer dans la police ukrainienne, c’est pour ça qu’il ne veut pas que son visage circule sur internet", traduisait en français Stan. 

"Slava Ukraini"

Après des échanges d’une intensité rare, les deux frères d’armes ont repris leur chemin vers un futur incertain. "C’est mon pays, c’est ma maison. Je fais ce que je dois faire", confiait Vadislav. "Slava Ukraini (gloire à l’Ukraine, NDLR)", le salut national ukrainien, a accompagné une dernière poignée de mains chargée d’émotion. 

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