Guerre en Ukraine : mission humanitaire accomplie pour le convoi aveyronnais d'Emmaüs

  • Le camion d'Albi fermait la marche.
    Le camion d'Albi fermait la marche. ML - Célian Guignard
  • Des réfugiés à la frontière, avant de repartir vers l’ouest de l’Europe.
    Des réfugiés à la frontière, avant de repartir vers l’ouest de l’Europe. ML - Célian Guignard
Publié le , mis à jour
A la frontière ukrainienne, Célian Guignard

Les sept camions d’Emmaüs Rodez, Millau et Albi, accompagnés par six utilitaires de l’Union des Ukrainiens de Roumanie du département de Satu Mare (nord-ouest du pays), ont tous été déchargés en Ukraine, ce dimanche en fin d’après-midi. Récit de cette première expédition que notre reporter a accompagnée, et qui, montée en une semaine, est un succès.

"Cette guerre a réveillé l’humanisme des gens. Là, on a fait une sacrée épopée pour la bonne cause." Léo Xowie, 30 ans, salarié d’Emmaüs, à Millau, le sait. Lui, les quinze autres volontaires du convoi humanitaire, parti vendredi dernier de Rodez, ainsi que les centaines de donateurs aveyronnais et tarnais, ont fait preuve d’une incroyable générosité envers le peuple ukrainien.

Ce dimanche, en fin d’après-midi, les sept camions ont intégralement été déchargés en Ukraine, près de Halmeu, village frontalier, à l’ouest de la Roumanie. Vingt tonnes de denrées alimentaires, de produits d’hygiène, de vêtements ou encore de couvertures profiteront ainsi à des réfugiés sur la route de l’exil, alors que 1,5 million de personnes ont déjà fui leur pays en guerre, selon les derniers chiffres de l’Organisation des nations unies (ONU).

Deux heures d’attente à la douane

Peu avant 14 heures, heure locale, les utilitaires ont quitté Micula, près de Satu Mare, où ils étaient stationnés depuis la veille, quand l’équipe française est arrivée sur le sol roumain. Six autres véhicules de l’Union des Ukrainiens de Roumanie les ont accompagnés (UUR).

En revanche, seuls trois Aveyronnais, en possession d’un passeport en cours de validité, ont passé la frontière entre les deux pays. Les autres conducteurs étaient tous des bénévoles de l’UUR. Une fois à la douane, tous ont dû patienter deux bonnes heures, le temps nécessaires pour que les agents des deux nationalités vérifient tous les documents. Le premier véhicule est entré en Ukraine à 17 heures. Le tout dernier en est ressorti, à 19 h 30. La marchandise a été entièrement transvasée dans différents poids lourds ukrainiens, qui la transporteront aux quatre coins du pays, en fonction des besoins et des possibilités de circulation.

"On est prêts à repartir"

"Pour un truc monté en quatre jours, à l’arrache, c’est top, se réjouissait Hervé Durand, le président d’Emmaüs Millau. On a su s’adapter à la réalité du terrain. On a fait quelques erreurs. Mais, globalement, on n’en a pas fait beaucoup. Si on en a les capacités et si la situation humanitaire le nécessite, on est prêts à repartir dans quelques semaines."

Un bilan et une perspective que partage Véronique Magnaux, la responsable des centres de Rodez et de Villefranche-de-Rouergue, malgré une petite nuance : "On ne repartira pas pour repartir. Il faut que nous ayons les bons produits, surtout de la nourriture et des produits d’hygiène." Et son acolyte millavois assure que les donateurs potentiels sont déjà nombreux : "J’ai constamment des messages sur Messenger de personnes qui veulent donner." Les autres volontaires n’avaient pas les mots, au moment de témoigner à chaud de leur expérience à l’autre bout de l’Union européenne, aux confins d’un pays en guerre et prise directe avec des dizaines de réfugiés. "Ça a été une super expérience", affirmait sobrement le Millavois Christian Gelis.

Le doyen de l’expédition ne connaissait pas Emmaüs. Il avait simplement répondu à une annonce en ligne, vingt-quatre heures avant le départ, qui précisait que l’association cherchait un chauffeur. Et il réserve déjà sa place pour le prochain convoi. Des liens d’amitié sont d’ores et déjà nés entre Occitans, Ukrainiens, Roumains et même avec les Hongrois, qui tenaient la tente de l’Ordre de Malte, près de la frontière. Un partenariat naîtra même entre Emmaüs et Stea, association qui œuvre pour la scolarisation et l’insertion de populations pauvres autour de Satu Mare, notamment issues de la communauté Rom.

Le drame des réfugiés

Les réfugiés qui se sont succédé, toute la nuit et toute la journée à la frontière, ont rappelé aux différents bénévoles le drame que vit tout un peuple européen. Avec cette guerre terrible, ce sont donc des millions de personnes qui empruntent les routes de l’exil. Dont énormément d’enfants, qui ont dû quitter leur chambre, leurs jouets, leurs amis, leur école, sans savoir s’ils les retrouveront un jour.

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