Les romanciers ont le moral en berne depuis le début de la pandémie

  • 56% des écrivains britanniques déclarent que leurs revenus de 2021 étaient nettement inférieurs à ceux de 2019.
    56% des écrivains britanniques déclarent que leurs revenus de 2021 étaient nettement inférieurs à ceux de 2019. Stock-Asso / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Le Covid-19 n'aura épargné personne, et surtout pas les écrivains. Beaucoup sont préoccupés par les conséquences de la pandémie sur leur bien-être mental et physique, selon un nouveau rapport de The Society of Authors.

Dans une crise qui touche particulièrement la culture, les auteurs sont les plus fragilisés. L'organisme britannique The Society of Authors a interrogé plus de 220 écrivains, entre décembre 2021 et janvier 2022, sur leurs conditions de vie. 45% d'entre eux ont constaté une dégradation de leur état de santé depuis le début de la pandémie. Beaucoup se sentent isolés et particulièrement peu inspirés face à cette période des plus compliquées. Un cinquième des auteurs interrogés (19%) redoutent même de ne pouvoir honorer leurs commandes ou avancer sur leurs projets dans le contexte actuel.

La résilience du monde du livre est aussi une source de préoccupations pour les professionnels du secteur. Il ne semble pourtant pas avoir connu la crise, surtout dans des grands marchés de l'édition comme les Etats-Unis, l'Allemagne et la France. La lecture reste un loisir plébiscité par de nombreux habitants de l'Hexagone : 82% des moins de 35 ans se tournent vers les livres papier pour se soustraire à la morosité ambiante, selon la start-up Gleeph. Une préférence qui s'avère un véritable casse-tête logistique pour le secteur. Depuis plusieurs mois, le monde de l'édition s'inquiète de l'augmentation du prix du papier et l'allongement des délais de livraison inhérent à la pandémie.

Pertes de revenus et aides insuffisantes

Malgré la popularité du livre, l'argent reste le nerf de la guerre pour de nombreux écrivains. Ils sont 56% à déclarer que leurs revenus de 2021 étaient nettement inférieurs à ceux de 2019. Dans la plupart des cas, ils ont baissé d'au moins 25% en deux ans. Une tendance exacerbée par les annulations de nombreux événements phare de l'édition, comme le salon Livre Paris pendant deux années consécutives, et la Foire du livre de Leipzig pendant trois.

"Nous sommes inquiets, mais pas surpris, de constater que les auteurs souffrent encore beaucoup de la pandémie, tant sur le plan financier que sur celui du bien-être et de la santé mentale", a déclaré Nicola Solomon, directrice générale de The Society of Authors. "Il est temps pour l'industrie d'envisager des modèles qui protègent les écrivains dans les moments difficiles, et qui pourraient faire en sorte que la carrière d'auteur semble moins imprévisible et constitue une option plus attrayante et réaliste pour un éventail plus diversifié de professionnels, y compris ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés".

C'est la grande angoisse de nombre d'auteurs, notamment les plus jeunes : ne pouvoir vivre de leur passion. Les aides de l'Etat existent, comme le fonds de solidarité d'un milliard d'euros mis en place en mars 2020 par le gouvernement d'Emmanuel Macron pour les artistes-auteurs. Mais les principaux intéressés ont souvent du mal à s'y retrouver dans tous ces méandres administratifs, ou ne sont pas forcément éligibles à ces plans de soutien. C'est particulièrement flagrant au Royaume-Uni : moins de 7,6% des professionnels interrogés par The Society of Authors estiment que le gouvernement de Boris Johnson en a fait assez pour soutenir les écrivains pendant la pandémie.

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