Villefranche-de-Rouergue : pourquoi l’hôpital ferme-t-il une centaine de lits dans les Ehpad ?

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  • L'hôpital a reçu une enveloppe de 20,9 millions d'euros grâce au Ségur 2 pour sortir de la crise.
    L'hôpital a reçu une enveloppe de 20,9 millions d'euros grâce au Ségur 2 pour sortir de la crise. GDM
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Lucie Tollon

Il est aussi question du manque de personnel et de l’envolée du prix des constructions pour expliquer le choix d’un nouvel Ephad.

Près de 21 millions d’euros (20,9). C’est l’enveloppe allouée par l’Etat dans le cadre du Ségur 2 pour "moderniser et humaniser" les Ehpad de la ville. Pourtant, la direction qui quittera le navire en juin a décidé dans ce projet de fermer une centaine de lits sur les 350 que compte l’hôpital dans les Ehpad Nord Chartreuse (Le Bosquet), l’Ehpad Sud Rulhe et l’Ehpad Nord Rulhe.

La direction estime qu’en fermant ces lits, il sera possible de dimensionner le nouvel Ehpad aux besoins du territoire alors qu’une centaine de lits sont actuellement vacants. Il est également question du manque de personnels, ainsi que l’envolée des prix de construction pour expliquer ce choix. Un Ehpad nouvelle génération qui pourra donc répondre aux besoins mis en avant ces dernières années plutôt que de recréer un Ehpad d’hier laissant des lits vides et un personnel débordé.

"Nous revendiquons une embauche massive"

Une décision que déplore la CGT : "Depuis septembre 2021, l’Etat a décidé de suspendre le personnel non vacciné, les admissions (accueil de nouveau résidents) n’ont volontairement plus lieu, alors que dans le même temps des familles d’usager se retrouvent démunies de service public. Ces méthodes de désorganisation sont bien connues lors des privatisations de service public. Nous le condamnons et nous le combattrons toujours ! Le syndicat CGT a toujours été à l’offensive face à ces projets délétères contre le service public hospitalier, nous comprenons la colère des usagers qui s’est manifestée au travers de plusieurs communiqués de presse. Nous déplorons le manque de personnels paramédicaux qui empêche une qualité de service public. Nous revendiquons une embauche massive et la titularisation des contrats précaires."

"Faire 40 kilomètres pour rendre visite à nos proches…"

Une inquiétude que partagent les habitants de Villefranche-de-Rouergue. Bien vieillir sera-t-il encore possible ici ? "La plupart des gens ne peuvent pas garder les personnes âgées seules chez elles dans des conditions dégradantes. Peut-être qu’ils (la direction) n’ont pas le choix mais si on est obligé de faire 40 kilomètres pour rendre visite à nos proches en Ehpad, ça va poser problème", déchiffre Guy P. un retraité à l’annonce de la décision de l’hôpital. "J’ai l’impression qu’on tend vers une privatisation de ces lieux… Soit on a les sous et on pourra se loger dans un Ehpad privé, soit on mourra seul ?", s’inquiète un Villefranchois en colère préférant rester anonyme.

"Il ne faut pas une défense des Ehpad d’avant"

Benjamin Arnal, délégué départemental de l’ARS en Aveyron tient à apaiser les peurs. "L’hôpital était en difficulté et il fallait trouver des solutions pour réussir à rendre vivable ces Ehpad". Sur les 20 millions d’euros, 16,5 millions sont concentrés sur la construction d’un Ehpad de demain. "Il faut pouvoir mener à terme ce projet de manière faisable. On ne réduit pas pour réduire, on adapte seulement. C’est un projet important et viable qui répond aux projections", veut rassurer Benjamin Arnal. En effet, aux yeux des dirigeants, faire avec moins, c’est faire mieux. Moins de lits pour plus d’accompagnement des personnes prisent en charge. "Demain, il y aura surtout d’autres offres plus confortables pour les personnes âgées : maisons médicalisées, à domicile avec suivi de soin… Il faut une approche territoriale et pas une défense des Ehpad d’avant qui ont pu prouver leurs échecs". Le projet suivi par l’ARS depuis le début répond donc, selon les personnes concernées, à une adaptation de la demande et non pas à une réduction austère pour faire des économies là où on le peut.
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