Selon une étude, 70% d'Américains ne font pas de lien entre l'origine ethnique et les inégalités environnementales

  • Un phénomène de déni qui, aux États-Unis, est connu sous le nom de "colorblind", qui désigne une volonté de traiter tout le monde sur un pied d'égalité, tout en faisant fi des différences sociales, économiques ou raciales.
    Un phénomène de déni qui, aux États-Unis, est connu sous le nom de "colorblind", qui désigne une volonté de traiter tout le monde sur un pied d'égalité, tout en faisant fi des différences sociales, économiques ou raciales. Jordan Beltran / Unsplash
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Aux États-Unis, les Afro-américains sont davantage exposés à la pollution. Un fait établi statiquement, mais dont seule une minorité d'Américains est consciente, démontre une récente enquête.

Si la crise climatique nous concerne toutes et tous, elle ne nous impacte pas de la même manière : certaines personnes sont plus touchées que d'autres, généralement en raison de leur sexe, leur origine ethnique ou leur statut socio-économique. C'est ce que l'on appelle les "inégalités environnementales". Ces inégalités font référence à plusieurs aspects, que ce soit l'accès limité à l'eau potable et aux espaces verts ou encore la capacité à se protéger des effets du changement climatique, comme les vagues de chaleur ou les incendies de forêts.

Si aux États-Unis, le rôle de l'origine ethnique est avéré et reconnu comme un facteur accentuant ces inégalités environnementales, cet aspect reste toutefois peu compris par les Américains. D'après une récente étude réalisée à partir d'une enquête nationale auprès de 1000 ménages américains et publiée dans la revue Social Problems, 59% pensent que la pauvreté représente une "cause fondamentale" de l'inégalité environnementale.

Mais le lien est moins évident lorsqu'il s'agit de l'origine ethnique, pourtant elle aussi statistiquement reconnue comme un facteur d'inégalité environnementale. Seulement 37% des personnes sondées pensent que les Noirs sont plus susceptibles que les Blancs de subir la pollution.

Parmi ceux qui reconnaissent l'existence de cette inégalité environnementale, certains considèrent qu'il n'en tient qu'aux personnes concernées d'agir, par exemple en travaillant "plus dur", dans le cas des personnes vivant près des industries polluantes, afin de pouvoir déménager.

Un phénomène de déni qui, aux États-Unis, est connu sous le nom de "colorblind", qui désigne une volonté de traiter tout le monde sur un pied d'égalité, tout en faisant fi des différences sociales, économiques ou raciales. "Il apparaît très clairement qu'il existe un lien entre l'idée que nous vivons dans une société équitable et post-raciale, la croyance en l'existence d'inégalités environnementales et la volonté de faire quelque chose pour y remédier", souligne Dylan Bugden, sociologue à l'université d'État de Washington et auteur principal de l'étude.

Selon le chercheur, ce "racisme environnemental aveugle à la couleur", revient à nier l'existence d'un problème réel, ce qui pourrait interférer avec la mise en place de politiques publiques pro-environnementales englobant également des problématiques économiques et sociales.

"Si vous identifiez publiquement les inégalités raciales dans une politique, vous pouvez paradoxalement déclencher une réaction raciale négative de la part d'un électorat américain qui ne croit pas en leur existence. Il y a clairement un défi à relever, qui consiste à convaincre le grand public que ces inégalités sont réelles", martèle Dylan Budgen.

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