Élections législatives en Aveyron : 11 candidats pour un scrutin plus qu’incertain dans la 2e circonscription

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  • Les électeurs de la 2e circonscription auront le choix entre onze candidats.
    Les électeurs de la 2e circonscription auront le choix entre onze candidats. Archives JAT
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Philippe Henry

Alors que la députée de la majorité présidentielle, Anne Blanc a décidé de ne pas repartir, plusieurs candidats peuvent prétendre au fauteuil du palais Bourbon dans cette circonscription où électorats rural et urbain s’entremêlent.
 

Ce Laurent Alexandre, c’est un ouvrier, c’est un gars d’une production moderne, il doit savoir comment s’y prendre pour que ça aille mieux pour nous tous".

Le 28 avril dernier, sous le crachin du plateau des Forges d’Aubin où il était venu lancer sa campagne, Jean-Luc Mélenchon avait-il déjà en tête les législatives en lançant ses quelques mots pour son hôte du jour ?

Car quelques mois plus tard, la gauche aveyronnaise porte tous ses espoirs sur le maire d’Aubin, nouveau venu dans le paysage politique. Et surtout en colère face au pouvoir en place, sur le même ton d’un Bassin désespéré d’avoir vu sa maternité et son usine Sam fermer lors du dernier mandat.

LREM repart d’une feuille blanche

"Et ce n’est pas Anne Blanc qui nous a défendus !", répète-t-on à l’envi dans ce coin de la deuxième circonscription. La députée sortante LREM, souvent pointée du doigt pour son absence dans l’hémicycle parisien, a décidé de ne pas repartir. " Je pense que j’avais des chances d’être réélue", confiait-elle tout de même dans nos colonnes, il y a peu. Consciente certainement que si le Bassin tourne le dos à Macron, la circonscription est bien plus large. Et complexe. Bon nombre de ses électeurs s’y trouvent dans le Villefranchois. C’est d’ailleurs dans ce coin que Samuel Deguara, successeur d’Anne Blanc, a fait campagne. En quête de reconnaissance, le quadragénaire souhaite s’appuyer sur son expérience politique – il fut membre du cabinet de l’ancien ministre Jacques Mézard –, et professionnelle. Le hic, c’est que l’homme a construit sa carrière à Paris, où il était récemment engagé sur une liste lors des municipales. Ses concurrents n’ont pas manqué de relever cet éloignement du territoire… "Que connaît-il à la réalité de la circonscription ?", n’avait pas hésité à lancer Bruno Leleu, notamment.

André At, le Ségala au corps

Le référent départemental du Rassemblement national repart lui aussi dans la bataille, fort de la montée en puissance de son parti lors de la dernière présidentielle. À Boisse-Penchot, l’extrême droite a recueilli 61,34 % des voix, à Cransac-les-Thermes 55,43 % des suffrages et s’est même imposée devant Emmanuel Macron lors du second tour à Aubin… commune de Laurent Alexandre !

Pour surfer sur la dynamique, Bruno Leleu a décidé de jouer la carte de l’agitateur d’une campagne particulièrement atone. Cela lui réussira-t-il, alors qu’il est au cœur d’une crise professionnelle au sein de son entreprise Iso d’Oc ? "J’ai le sentiment que l’on cherche à détruire l’homme par le biais de l’entreprise. J’étais en bonne position pour avoir une fenêtre de tir et remporter ces législatives. J’ai tout perdu", déclarait-il, vendredi dernier…

S’il y en a bien un qui ne souhaite pas céder davantage de terrain au bleu Marine, c’est André At. Son Ségala natal chevillé au corps, la ruralité comme marque de fabrique, le fidèle à LR a décidé de repartir au combat. Et qu’importe s’il traîne encore l’image de celui qui avait baissé les bras en 2017 face à LREM… "J’aurais bien aimé rejouer le match avec elle", glissait-il récemment. Il n’en aura pas l’occasion. Alexandre, Deguara, Leleu et At : quatre hommes pour un seul fauteuil. Et bien malin celui qui peut se hasarder à un pronostic. D’autant plus que l’incontournable Éric Cantournet, représentant du PRG, a également décidé de partir de son côté… Jouera-t-il le rôle d’arbitre lors de cette élection en grappillant quelques voix à une Nupes que les Radicaux de gauche jugent "trop clivante" ou à une République en marche avec laquelle il a souvent flirté ? Autant de questions, autant de paradoxes avant le 12 juin.

Les députés de la 2e circonscription

1958-1962 : Albert Trébosc (CNI).

1962-1967 : Robert Fabre (RD).

1967-1968 : Robert Fabre (PRRRS).

1968-1973 : Robert Fabre (MRG).

1973-1978 : Robert Fabre (MRG).

1978-1981 : Robert Fabre (MRG).

1981-1986 : Robert Fabre (MRG).

1986-1988 : Jean Rigal (PRG)*.

1988-1993 : Jean Rigal (PRG).

1993-1997 : Serge Roques (UDF-PR).

1997-2002 : Jean Rigal (PRS).

2002-2007 : Serge Roques (UMP).

2007-2012 : Marie-Lou Marcel (PS).

2012-2017 : Marie-Lou Marcel (PS).

2017-2022 : Anne Blanc (LREM).

(*) En 1986, les élections législatives ont eu lieu à la proportionnelle par département. Les circonscriptions ont été rétablies en 1988.

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