Millau : le service public hospitalier est en grève

  • Grève au centre hospitalier de Millau, comme un peu partout en France.
    Grève au centre hospitalier de Millau, comme un peu partout en France. Repro CP - Archives - PixMil
Publié le , mis à jour
Louis Dupin

C'est une journée de mobilisation nationale pour la santé. À Millau, le personnel suit le mouvement.
 

La colère continue de gronder dans les hôpitaux français. Manque de main-d’œuvre, fermetures de services, les exemples croulent pour illustrer un système de santé au bout du rouleau. Face à la crise, les syndicats hospitaliers ont lancé ce mardi 7 juin une journée de mobilisation nationale pour faire entendre leurs revendications.

À Millau, comme dans une cinquantaine d'autres lieux en France selon France Bleu, les antennes locales de la Confédération nationale du travail (CGT) et de Sud Santé solidaires ont  appelé à un rassemblement aujourd’hui, à 13 h devant le Centre hospitalier millavois, et à une grève du personnel soignant. Une mobilisation à laquelle s'est joint le Manifeste des hôpitaux et maternités de proximité en Sud-Aveyron. Le collectif animera une conférence-débat.

"Amenés à faire du tri"

"On est en sous-effectif, on ferme des services car il manque du personnel, à l’hôpital de Millau, il nous manque entre quinze et vingt postes d’infirmiers", déplore Pierre-Jean Girard, délégué syndical de Sud Santé solidaires. Épuisés, voire dégoûtés d’une profession qu’ils ne reconnaissent plus, beaucoup quittent l’hôpital public pour se tourner vers le libéral, plus attractif, ou même changer de vie.

"J’ai une collègue infirmière qui est partie ouvrir une épicerie solidaire, poursuit le syndicaliste de Sud Santé. Parce qu’on ne se sent plus compris dans les services, on nous demande de faire le contraire de nos valeurs soignantes, de faire du chiffre." En misant sur une politique de rentabilité où le patient est relégué au second plan, force est de constater que le personnel soignant fait face à une perte de repères et une hémorragie de départs se fait sentir.

Or, un service en sous-effectif perturbe fortement les autres et tout l’hôpital se retrouve déstabilisé. "Les urgences sur le Sud-Aveyron vont être en difficulté, ce qui veut dire que les autres services vont être mis à mal, mais cela induit aussi une mise en danger de la population, les soignants vont être amenés à faire du tri, des gens risquent de mourir", alerte Henri Celié, membre du Manifeste. En France, quelque 120 services d'urgences sont dans ce cas, selon  l'association Samu-Urgences de France.

Miser sur la jeunesse

Pourtant, selon les syndicalistes, plusieurs solutions existent pour remédier à ces problématiques. Augmenter le salaire d’une profession les moins bien rémunérées d’Europe pallierait en partie à la fuite des blouses blanches. Mais les syndicats ciblent en priorité les étudiants afin de rendre la profession plus attractive. "Il faut plus de places dans les écoles et ouvrir des bourses d’études, détaille Pierre-Jean Girard. Il faudrait prendre en charge les années d’études des médecins. En contrepartie, ils s’engageraient cinq ans dans les hôpitaux publics des zones blanches."

Autre mesure : rétablir l’obligation des gardes et astreintes de la médecine de ville, pour soulager les urgences. Las, les syndicats espèrent que les pouvoirs publics entendront leurs revendications.

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