Aveyron : en Ségala, prendre de la hauteur pour trouver les trésors cachés

Le Ségala n’est pas dépourvu de trésors (re) connus bien au-delà de ses frontières. Les châteaux de Belcastel, de Bournazel et du Bosc, Sauveterre-de-Rouergue, Rieupeyroux…, et bien d’autres, sont des attraits touristiques pour le territoire. D’autres trésors, beaucoup plus cachés, ne manquent pas non plus de… cachets. Certes, ils ne sont pas les mieux classés au sein des offices de tourisme, mais, sur des étapes journalières, ils méritent vraiment le détour.

La première halte est programmée à Prévinquières. Les ruelles se laissent admirer avant une pause devant le Tinal (1). Maison à colombages des XV et XVIe siècles, elle faisait partie d’un ensemble plus important dépendant du château et elle a pu "survivre" aux années car elle était utilisée comme remise pour la voiture postale.

Direction ensuite La Salvetat-Peyralès pour prendre de la hauteur jusqu’au château de Roumégous (2). Ses ruines imposantes dominent la chapelle Notre-Dame-de-Murat depuis plus de six siècles. Il est accessible à partir du village de Bellecombe et une fois arrivé, il faudra néanmoins se contenter de le voir de l’extérieur puisqu’il est propriété privée depuis de nombreuses années. En restant dans les hauteurs, c’est le village de Manhac qui attend les curieux, et surtout sa table d’orientation (3) qui se trouve au lieu-dit La Védélie. Elle est située à une intersection, collée à un abri en pierre. Devant le paysage qui s’offre à vous, il est ainsi possible de découvrir 13 clochers comme Carcenac, Comps-la-Grand-ville, Caplongue…

Un point sublime sur la vallée du Viaur

Toujours perché, mais cette fois-ci à Flauzins, commune de Lescure-Jaoul, où à 622 mètres d’altitude, plus les 12 mètres de l’édifice dont la construction a été réalisée avec l’aide du conseil départemental, la tour d’observation (4) permet de s’envoler avec les oiseaux (buse variable, pic épeiche, huppe fasciée, rossignol philomèle, sittelle torchepot et tant d’autres). Cet espace naturel sensible "Puech de Flauzins" est indiqué à partir du village, et se trouve non loin du "cheval du roi", un trésor plus connu. Et proche également du point sublime (5) où s’ouvre, de façon grandiose, la vallée du Viaur. Pour y accéder, il suffit de traverser le village de Flauzins, longer l’église et emprunter un chemin carrossable mais non goudronné. Lorsque le chemin descend, sur la droite, un petit parking devant une barrière en bois vous invite à rejoindre, à pied et bien chaussé, ce point sublime, le bien nommé.

Entre le plateau qui relie Rieupeyroux à Lunac et la commune de Vabre-Tizac, se trouve le village de Bleyssol avec une croix (6) non dénuée d’intérêt sur le plan patrimonial puisqu’elle est inscrite sur la liste des monuments historiques. Cette croix est l’un des seuls vestiges du village d’origine de Bleyssoles, aujourd’hui donc un lieu-dit. Sur la face qui regarde l’autel, est représenté le Christ sur la croix. En dessous des bras de la croix, à droite, se trouve saint Antoine, et sainte Barbe à gauche. Au milieu de la colonne verticale de la croix se trouve une "pietà" supportée par des armoiries sculptées sur un écu, figurant un lion rampant à gauche et une croix à droite. Aux extrémités des bras de la croix, la décoration se compose de quatre choux frisés. Sur la face opposée, se trouve une Vierge à l’Enfant surplombant les armes des Morlhon, une puissante et très ancienne famille du Rouergue. La croix a été "nettoyée" par la commune en 2019. Elle est dans un assez bon état compte tenu de son ancienneté, sauf la tête d’une des statuettes manquante ainsi que celle du Christ de la "pietà". Selon les monuments historiques, la croix de Bleyssol est datée entre les XIVe et XVe siècles.

Le bois du Bruel avec son sentier ludique et interactif

Avant de revenir à Vabre-Tizac pour terminer cette escapade, le village de Boussac, tout proche de Baraqueville, vous tend les bras. Outre l’église, il est donc conseillé de s’arrêter au four à pain (7) et (8) qui se trouve à quelques mètres plus bas de l’édifice religieux. Les élus ont souhaité le mettre en valeur et, surtout, pouvoir de nouveau l’utiliser. Et le résultat ne manque pas de charme. Le four à pain fonctionne et les habitants n’hésitent pas à l’utiliser ; de même qu’il sert également comme séchoir à chanvre. Cette restauration a d’ailleurs reçu le 2e prix départemental, en 2021, en matière de mise en valeur du patrimoine.

Retour donc à Vabre-Tizac, et plus exactement pas très loin du lieu-dit Pierrechange, pour découvrir la fontaine des fées (9). Pour la trouver, il suffit de laisser le lieu-dit sur votre gauche, tourner ensuite à gauche à une intersection où se trouvent les panneaux Puechusclat et La Brousse et se laisser ensuite porter par la signalétique. Et les histoires mystérieuses sur cette fontaine ne manquent pas. Notamment sur le rocher percé d’un trou en son centre dans lequel on trouve de l’eau à longueur d’année. Les soirs de pleine lune, il est possible d’y voir danser des fées. Les anciens racontent également que les soirs d’hiver, par temps de brouillard, il était déconseillé de s’aventurer dans ce secteur.

Dans l’alignement du rocher de la fontaine, on peut remarquer la présence de cinq tumulus dont un est éventré. Sur le plus haut d’entre eux, une croix a été dressée. Une étude plus approfondie serait nécessaire pour savoir si ce sont réellement des dolmens ou bien des coffres. Sur plusieurs rochers alentour, on peut remarquer des cupules (petites cavités circulaires dont on ignore le rôle). Il pourrait s’agir d’une petite nécropole remontant à environ cinq mille ans. Le site n’a pas fini de dévoiler tous ses secrets.

Enfin, la dernière étape se trouve au bois du Bruel (10), sur la route surplombant Vabre-Tizac et reliant Rieupeyroux à Lunac. La mairie, propriétaire des lieux, souhaitait "ouvrir" ce bois aux curieux, qu’ils soient randonneurs ou scolaires. Un sentier à la fois ludique et interactif a ainsi été créé avec de nombreux panneaux informatifs et éducatifs. C’est dans les pattes du pic noir que cet espace naturel sensible se laisse découvrir…

Avec notamment les fameuses charbonnières puisque les habitants du coin, ou d’un peu plus loin, venaient fabriquer du charbon de bois pour améliorer les fins de mois…