Aveyron : il exerçait comme médecin à l’hôpital de Decazeville sans aucun diplôme…

  • Le faux médecin a exercé ses "talents" dans toute la France, à Decazeville notamment
    Le faux médecin a exercé ses "talents" dans toute la France, à Decazeville notamment Archives DDM
Publié le , mis à jour

Le tribunal correctionnel de Tulle a condamné ce mardi 6 septembre un homme de 40 ans pour exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux. Il avait réussi à obtenir des contrats dans plusieurs hôpitaux en France, dont celui de Decazeville à l’aide de diplômes falsifiés.

L’histoire est à peine croyable. Le 1er août 2020, l’hôpital de Decazeville recrute un nouveau médecin urgentiste. Il se nomme Rafik Andri. Tout le monde l’appelle « Docteur ». Et pourtant, l’homme, âgé de 38 ans, n’a rien d’un médecin… Rapidement, ses collègues se rendent compte de la « supercherie ». Une plainte est déposée (lire encadré) mais l’homme file vers d’autres cieux seulement un mois après son arrivée dans l’Aveyron. Direction la Corrèze : Brive puis Tulle où il officiera de nouveau comme médecin urgentiste durant un an ! Avant d’être rattrapé par la justice.

Ce mardi, Rafik Andri a été condamné par le tribunal de Tulle à quatre ans de prison, dont un avec sursis, pour exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux. Il était détenu depuis 2021 dans le cadre de cette affaire, car en état de récidive : il n’en était effectivement pas à son coup d’essai et s’était déjà présenté comme un faux maître nageur sauveteur, faux entraîneur national de natation, etc. Selon France 3," les mairies de Gennevilliers, de Sèvres ou de Colombes en banlieue parisienne, mais aussi la CPAM de l'Yonne, le conseil de l'ordre national des médecins" ou encore "les thermes d'Aulus-les-bains dans les Pyrénées" s'étaient attachés, plus ou moins brièvement, ses "talents". 

« Il suffit de déposer un CV en ligne pour être recruté… »

Comment cet homme, décrit comme affable et à l’aplomb désarmant, a-t-il pu berner tout son monde et l’hôpital aveyronnais ? Tout d’abord grâce à une aisance particulière pour produire, via son ordinateur, de fausses pièces d’identité et diplômes. Grâce à cela, il postulait un peu partout dans l’attente de réponses. « Il suffit de déposer un CV en ligne pour pouvoir être recontacté et même recruté sans forcément d’entretien téléphonique ni même d’entretien en présence physique, ce qui est totalement aberrant ! », a dénoncé son avocat, Me Sofien Dridi, lors de l’audience, comme rapporté par nos confrères de France 3.

Il n’est jamais allé plus loin que la première année de fac

Selon plusieurs témoignages lors du procès, le faux médecin souhaitait depuis longtemps exercer cette fonction. Il s’était d’ailleurs inscrit en faculté de médecine à Paris puis à Bobigny. Sans jamais au-delà de la première année. Il avait ensuite entrepris de nouvelles études de médecine à l’étranger : Espagne puis Argentine. Mais encore une fois, il n’était pas parvenu à valider son diplôme. « Les retours psychiatriques font état d’un homme narcissique, égocentrique, blessé par son échec et qui faute de diplôme s’en est créé. Il est convaincu d’être compétent et probablement convaincu par ses propres mensonges », a expliqué Maître Louise Arnal, avocate de l’Ordre des médecins, à Actu Occitanie.

Rafik Andri a désormais dix jours pour interjeter appel de sa condamnation.

« On s’en est rapidement rendu compte »

Franck Becker, président de la comission médicale d’établissement (CME, structure qui rassemble les praticiens) du centre hospitalier de Decazeville et chef de service des urgences se souvient de ce faux médecin ayant effectué quelques missions ponctuelles aux urgences decazevilloises en août 2020 : « On s’est rapidement rendu compte que quelque chose clochait. Il disait avoir obtenu ses diplômes en Espagne. Mais quand nous lui avons soumis nos protocoles, il était évident qu’il avait des difficultés et qu’il n’était pas compétent. Ses actes ont été contrôlés par un autre médecin. Et il n’a pas fait de sorties SMUR qui requièrent un diplôme spécifique. Nous avons alors creusé auprès des personnes citées dans les documents qu’il avait produits et on a bien vu qu’il y avait un problème. Le conseil de l’ordre nous a confirmé qu’il n’était pas médecin. Nous avons alerté le commissariat et avons tenté de le faire rester en Aveyron jusqu’à ce qu’il soit entendu, mais il est reparti… Ce sont des faits graves. J’ai été auditionné pour l’enquête mais je regrette de ne pas avoir pu témoigner au procès ».

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