Symbole de virilité ou pas, la viande est surtout sujet à législation pour agir en faveur de la planète

  • En Ecosse, une pétition voudrait interdire la production et la consommation de viande à l'horizon 2030-2040
    En Ecosse, une pétition voudrait interdire la production et la consommation de viande à l'horizon 2030-2040 fcafotodigital / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Interdire les publicités qui engagent à consommer de la viande pour agir sur le réchauffement climatique et réduire les émissions carbone. Si la mesure entre bel et bien en vigueur, la ville néerlandaise de Haarlem deviendrait la première destination au monde à bannir ce genre de promotion. La décision a bien sûr un caractère singulier, mais elle n'est pourtant pas anecdotique. En Europe, les initiatives se multiplient pour ancrer la question de la consommation carnée au sein même des législations.

Et si l'on disait adieu à ces affiches en quatre par trois qui mettent en valeur la belle couleur d'une viande bien saignante pour moins inciter les consommateurs à acheter un morceau de boeuf ? Les défenseurs de la liberté d'expression autant que les adorateurs de bonne barbaque crieront au scandale. Et pourtant, le sujet est mis sur la table avec la mesure adoptée par le conseil municipal de la ville de Haarlem, située non loin d'Amsterdam. A l'horizon 2024, il ne sera plus possible d'exposer des publicités de marques de viande sur les bus, dans les rues ou sur des écrans publics. Les motivations de cette mesure, qui sera une première mondiale, n'ont rien à voir avec le bien-être animal. Il s'agit plutôt de réduire la responsabilité de la filière de l'élevage industriel sur le réchauffement climatique, à l'origine de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre d'après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. L'engagement d'autres villes néerlandaises était le même quand des pubs pour la voiture ou l'avion ont aussi été interdites.

Au-delà du débat qui pose logiquement une problématique de stigmatisation, l'adoption de cette mesure démontre combien les autorités politiques s'emparent de la viande comme un sujet central pour légiférer et agir en faveur de la planète. On notera qu'on ne peut donc pas seulement parler de barbaque en la réduisant à un symbole de virilité et de préférence gustative réservée à la gent masculine... En Ecosse, les parlementaires sont régulièrement incités à prendre des mesures favorisant l'adoption d'un régime alimentaire végan. Selon le journal Scottish Daily Express, une pétition leur a été adressée récemment et leur demande d'instaurer une interdiction de production et de consommation de viande à l'horizon 2030-2040. Les raisons sont autant climatiques que médicales et soulignent aussi l'aspect du bien-être animal. Au printemps dernier, ce sont des médecins écossais qui avaient saisi le système de santé britannique (National Health Service) pour décider de ne plus servir de steaks d'origine animale dans les hôpitaux, pour des questions de santé, mais aussi d'économies.

A l'université de Cambridge, on a déjà allié la parole aux actes : on ne sert plus à la cantine ni agneau ni boeuf. A la carte du "tearoom", on préférera désormais privilégier des options véganes. Plus au sud du royaume de Sa Majesté, à Haywards Heath, un traité vise à inciter ses citoyens à moins consommer de viande et de produits d'origine animale au moyen de 38 propositions, qui prévoient de ne plus construire d'abattoirs et d'introduire une taxe sur la viande et même le poisson.

Du côté de l'Espagne, comment les autorités agiront-elles au niveau de la législation pour concrétiser les propos du ministre de la Consommation, Alberto Garzon, qui avait incité ses compatriotes en tout début d'année à revoir à la baisse la quantité de viande ingérée ?

En France, on préfère user de la législation pour préserver la transparence envers les consommateurs quand il s'agit d'acheter de la viande. Les recettes végétales, qui utilisent graines et autres pois chiches ou soja pour reproduire la mâche d'un morceau de chair de boeuf ou de poulet, n'ont plus le droit d'utiliser les dénominations steak, saucisse ou lardon. Au pays d'Escoffier, quand on dit steak, c'est qu'il y a inévitablement de la protéine animale dedans...

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