Football : "Il faut faire confiance", éclaire l'ancien joueur Laurent Poujol avant que Rodez ne prenne à nouveau l'avion ce samedi

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  • L’arrivée à l’aéroport de Rodez, le 7 novembre 2004, a donné lieu à un grand soulagement pour Laurent Poujol  et ses partenaires, après leur frayeur dans les airs.
    L’arrivée à l’aéroport de Rodez, le 7 novembre 2004, a donné lieu à un grand soulagement pour Laurent Poujol et ses partenaires, après leur frayeur dans les airs. Archives ML - Y.E.
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Guillaume Verdu

En se rendant au Paris FC, samedi 17 septembre pour le compte de la 9e journée de Ligue 2, le Raf va vivre son premier vol depuis les péripéties du déplacement en avion Rodez - Guingamp, il y a deux semaines. L’ancien défenseur ruthénois Laurent Poujol, présent dans le vol Rodez-Bastia en 2004 déjà marqué par une grosse frayeur, raconte les traces que ce genre d’incident peut laisser et la façon d’aller de l’avant. Entretien.

Est-ce que la mésaventure rencontrée par le Raf il y a deux semaines, avec le demi-tour effectué en raison de fumée envahissant l’appareil, vous a rappelé des mauvais souvenirs ?

Oui ç’a soulevé des souvenirs. Même si ce qui s’est passé n’est pas pareil. Ils ont vu de la fumée et ils ont fait demi-tour. Nous, on a vu un équipier passer par la porte. J’ai encore l’image de Patrick Videira qui se lève pour aller demander au pilote combien de temps il restait avant d’arriver, car il avait envie d’uriner. Puis il s’est rassi, il s’est attaché et quelques instants plus tard, la porte de l’avion, devant laquelle son siège se trouvait, s’est ouverte. Avec la dépressurisation, son siège a été aspiré et il s’est retrouvé les jambes dans le vide. Cela a duré quelques secondes puis il est revenu dans l’avion. Ensuite, on s’est recroquevillé à l’avant jusqu’à la fin du vol. On ne l’a su qu’après, mais le risque était que la porte se détache totalement. Elle ne tenait plus que par un joint et risquait de percuter une hélice et de rendre l’avion incontrôlable.

Quel traumatisme cet incident a-t-il laissé ?

Le président Jean-Louis Gayrard nous attendait à l’aéroport, sans savoir ce qui nous était arrivé. Quand il nous a vus, il a vite compris… Une cellule psychologique avait été mise en place à l’hôtel. Certains souffraient de sifflements dans les oreilles. Mais le plus traumatisé était Patrick, évidemment. Le soir on avait pu manger tous ensemble (1). On était aussi allé voir le match de Ligue 1 Bastia-Rennes, pour se changer les idées. Et on s’est dit qu’il fallait vraiment qu’on joue notre match, le lendemain. Cela nous avait ressoudé.

Contrairement à ce qui est arrivé au Raf il y a deux semaines, vous aviez atterri à Bastia. Comment s’est passé le trajet retour ?

On avait fait le choix de rentrer en avion. Il y avait la possibilité de rentrer en bateau, mais c’était compliqué au niveau logistique. On est reparti avec deux petits avions et nous avions décidé de faire les mêmes groupes et de prendre les mêmes places qu’à l’aller. Il n’y a pas eu un bruit dans l’appareil. Dès qu’il y avait un bip, les pilotes se retournaient pour nous dire que c’était normal. Et l’arrivée a été un soulagement. On avait le sentiment que tout se terminait bien, la satisfaction de n’avoir perdu personne. Et on retrouvait à l’aéroport nos familles et beaucoup de monde qui nous accueillait comme si on avait gagné quelque chose d’important.

A-t-il été facile de convaincre tout le monde de reprendre l’avion ?

Certains ont hésité, notamment Patrick. Je ne me souviens plus qui, mais quelqu’un avait dit qu’il fallait conjurer le mauvais sort et remonter immédiatement.

Le club avait-il organisé un suivi par la suite pour vous entourer ?

Le suivi était surtout pour Patrick, car c’est lui qui a été aspiré. D’autres avaient besoin d’être suivis pour des troubles auditifs.

Avec ce que vous avez vécu, auriez-vous des conseils à donner aux joueurs actuels ?

Même si ce que nous avons vécu n’est pas pareil, cela aurait aussi pu être dramatique. Je leur dirais qu’il ne faut pas avoir peur, qu’il faut faire confiance aux pilotes, aux personnes qui s’occupent de la maintenance des avions. Le risque zéro n’existe pas mais les crashs sont très rares.

Est-ce que ce genre de mésaventure peut aider à renforcer un groupe ?

C’est sûr. Ce qui s’est passé a ressoudé des liens très importants entre nous. Chaque fois qu’on peut se revoir, on refait quelque chose ensemble. L’an dernier, on a fait un repas au moment de la venue de Bastia à Rodez en Ligue 2. Certains ont fait leur vie ailleurs, on est lié à jamais, même avec ceux qui étaient dans l’autre avion. On sait qu’on revient de loin.

(1) : Le Raf se rendait en Corse pour affronter la réserve de Bastia. Pour le déplacement, effectué la veille de la rencontre, un petit avion devait transporter les joueurs et l’entraîneur en deux voyages. C’est lors de la première rotation que l’incident est survenu.
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