Bolsonaro ou Lula ? La présidentielle au Brésil sous très haute tension

  • Jair Bolsonaro pourrait être renversé par Lula. Jair Bolsonaro pourrait être renversé par Lula.
    Jair Bolsonaro pourrait être renversé par Lula. MAXPPP
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    Bolsonaro ou Lula ? La présidentielle sous très haute tension
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Correspondance du Brésil, Babet Stern

Grand favori, Lula appelle au vote utile pour passer dès le premier tour. Le vote a commencé ce dimanche à  13 heuresheure française.

Dans un climat de violence et de polarisation inédites, les Brésiliens votent ce dimanche 2 octobre pour élire leur président. En lice pour le poste, le chef de l’État sortant d’extrême droite, Jair Bolsonaro (dont le slogan est le même que l’italienne Georgia Meloni "Deus, Familia, Patria"), et l’icône de la gauche brésilienne et internationale, Luiz Inácio Lula da Silva. L’ancien ouvrier métallurgiste de 76 ans, leader du Parti des Travailleurs, deux fois président de la République fait un come-back tonitruant sur la scène politique.

Mis en alerte par les allusions permanentes distillées par Bolsonaro sur la sincérité du scrutin – "Vous voulez une élection limpide ou vous voulez que le "voleur" gagne ?" –, le tribunal supérieur électoral a dressé un véritable cordon sanitaire juridique pour défendre l’acte fondateur de la démocratie.

Son président, Alexandre de Moraes, s’est posé en rempart contre les innombrables irrégularités et "fake news" bolsonaristes : événements officiels transformés en propagande électorale, montages grossiers dénigrant son adversaire, incitation à la haine – "Il faut extirper Lula de la vie politique" – et exhortation à la violence – "Vous avez une arme et vous faites partie d’un club de tir ? Rejoignez les volontaires de Bolsonaro" . Il a exigé systématiquement le retrait de ces messages des réseaux sociaux, devenant la cible de déclarations récurrentes l’accusant d’être partial, favorable à Lula, défenseur des "rouges" et d’outrepasser ses droits.

Renforts militaires et policiers

Face à cette machine à désinformer et par crainte d’un scénario "à la Trump" ou pire, pendant et après le vote, M. de Moraes a tenté de limiter les risques au maximum : multiples contacts avec les militaires, rencontres avec les syndicats pour organiser la sécurité, invitation des partis à visiter la salle où sont centralisés les résultats, interdiction de porter une arme dans les bureaux de vote…

Des renforts militaires et policiers ont été envoyés, à leur demande, dans de nombreux États. Comme la loi l’exige, la Lei Seca (loi sèche) qui interdit la vente et consommation de boissons alcoolisées est entrée en vigueur depuis samedi soir 23 heures et durera jusqu’à ce dimanche 19 heures.

Pour de nombreux Brésiliens, cette élection va au-delà du choix d’un homme. Politicien avisé et pragmatique, Lula l’a bien compris. Ceux qui voteront pour lui veulent l’apaisement et la stabilité dans le pays et il est sans doute le seul à les garantir. Sa candidature s’appuie sur une large coalition progressiste qui réunit des partis de gauche, des écologistes et des figures de la droite séduits par son slogan "Reconstruire le Brésil". C’est le cas de son vice-président, Geraldo Alckmin, adversaire historique, ancien gouverneur de l’État de São Paulo, ou de Henrique Meirelles, banquier de renommée internationale et ancien président de la Banque centrale. Sa réconciliation avec son ancienne ministre de l’Environnement, Marina Silva, figure internationale de la défense de la planète, augure d’une politique transversale de l’environnement. Au nom de la défense de la démocratie, il a convaincu une dizaine d’ex-présidentiables de tous bords de lui apporter leur soutien. De nombreux artistes brésiliens ou des piliers de la culture brésilienne comme Caetano Veloso, Gilberto Gil ou Chico Buarque vont voter pour Lula.

Le suspense est d’autant plus grand que le dernier sondage le donne à 50 % contre 36 % pour Bolsonaro, laissant une large place à l’incertitude liée aux reports de voix et à l’abstention (bien que le vote soit obligatoire).

Si Lula est élu au premier tour, le climat des jours suivants peut devenir électrique. La communauté internationale surveille de près l’évolution de la situation. Plus d’une centaine d’observateurs étrangers sont arrivés sur place.

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