Les commotions cérébrales, un danger que les instances du rugby cherchent à enrayer

  • De plus en plus de joueurs de rugby prennent la parole pour évoquer leur problème de troubles neurologiques.
    De plus en plus de joueurs de rugby prennent la parole pour évoquer leur problème de troubles neurologiques. Chino Rocha / Unsplash
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Mêlées, rucks, plaquages... Tout au long de leur carrière, les joueurs et les joueuses de rugby mettent à l’épreuve leurs forces, leur résistance, parfois au détriment de leur santé. Et particulièrement de leur tête. Pour éviter les risques liés aux chocs à répétition, les instances de rugby tentent de réagir. Le mondial de rugby à XV féminin, qui a lieu en Nouvelle-Zélande jusqu'au 12 novembre, est d'ailleurs placé sous le signe de la santé des participantes.

"La pratique du rugby évolue, car elle représente un certain nombre de dangers", admet Roger Salamon, Président du Comité médical de la Fédération Française de Rugby. Selon une récente étude écossaise, les rugbymen internationaux ont deux fois plus de risque de développer une maladie neurodégénérative par rapport au reste de la population.

Face à ces risques, les prises de paroles et de témoignages d’anciens rugbymen se multiplient. L’ancien talonneur anglais Steve Thompson, âgé de 44 ans, a avoué souffrir de démence précoce. Champion du monde de rugby avec le XV de la Rose de 2003, il n’a plus de souvenirs de la compétition. Il fait partie d’un groupe d’anciens joueurs ayant porté plainte en juillet 2022 contre la World Rugby, la fédération internationale, et les fédérations anglaise et galloise.

Un mondial sous le signe de la santé

"La Coupe du Monde de Rugby 2021 mettra la barre encore plus haut en ce qui concerne les normes de santé des joueuses lors d'une Coupe du Monde de Rugby et c'est exactement ce qui doit être fait", affirme le directeur général de World Rugby, Alan Gilpin, sur le site de la fédération internationale.

La question de la pratique du rugby chez les femmes soulève, là aussi, des questions de santé. "Les considérations relatives à la santé des femmes sont souvent très différentes de celles des hommes et nous ne pouvons donc pas les aborder de la même manière", explique, sur le site de la World Rugby, le Dr Chintoh à la tête de l'initiative de la Fédération visant à mettre l'accent sur la santé des femmes.

Tout au long du tournoi, de nouvelles mesures sont expérimentées. Parmi ces mesures phare, la mise à disposition pour toutes les équipes de protège-dents connectés. Ces derniers permettent de mesurer tous les impacts sur la tête subie par une joueuse lors d’un match ou d’un entraînement. Pour l'instant, cette initiative fait partie d'une étude d'une ampleur inédite réalisée en partenariat avec l'université néo-zélandaise d'Otago. En fonction des résultats de cette étude, World Rugby pourrait être amené à modifier ou adapter les règles du sport.

Le spectre de la commotion

Il existe des disparités entre la prise en charge des possibles commotions entre le niveau professionnel et international par rapport au niveau amateur lors d’une rencontre. Chez les professionnels, en cas de risque de commotion, un médecin de match peut prendre la décision de faire sortir le joueur, le temps de tests immédiats, appelé HIA 1. En fonction du résultat, d’autres tests peuvent être effectués dans les heures qui suivent, pouvant aller jusqu’à interdire la pratique du rugby au joueur pendant une dizaine de jours.

"Pour les amateurs, il est difficile de dépêcher sur chaque match un médecin", explique Roger Salamon. En cas de commotion, la Fédération Française de Rugby a créé un troisième carton, le carton bleu. S’il est sorti, "le joueur doit aller reposer et ne plus jouer", précise le professeur Roger Salamon.

Faire vivre le ballon

"La plupart des blessures viennent du plaquage, soit reçu, soit donné", explique le spécialiste. Pour rendre la pratique toujours plus sécurisante, les règles évoluent. Les plaquages "cravates", au niveau des épaules, sont interdits. L'impact doit se faire plus bas. De plus, dès qu’un joueur touche la tête d’un adversaire, il y a carton rouge, synonyme d’expulsion du joueur.

Limiter les impacts passe aussi par la formation et la sensibilisation des jeunes joueurs, dès les écoles et centres de formation. "Il y a des efforts continuellement qui sont faits pour diminuer les risques de blessures", continue le professeur Roger Salamon. Selon lui, "les meilleurs progrès viendront de la pédagogie".

Résultat de ces mesures, le jeu tend à se rapprocher du sport d’évitement, l’une des origines du rugby, même si ce n’est pas la motivation première. "On travaille pour éviter que les joueurs ne rentrent bille en tête quand ils ont le ballon. Cela permet de faire jouer les lignes arrière pour que ce ne soit pas le pack qui avance", explique le spécialiste.

Cette évolution, favorable au jeu, permet de garder un rugby attractif pour les spectateurs. "Le public a besoin de voir des matchs comme le XV de France, Toulouse ou Mont-de-Marsan. Ces équipes font jouer le ballon. S'ils avaient continué à jouer comme avant, le public aurait dégarni le stade", conclut le spécialiste.

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