Covid-19 : y a-t-il un risque de rebond de l’épidémie ?

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    Un port du masque aléatoire, des rues bondées, quel impact ? Jean-Michel Mart
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Sophie Guiraud

La question ressurgit après chaque période de vacances : l’hypothèse d’une flambée épidémique à l’issue des congés alors que le virus du Covid-19 n’a pas disparu. Des inconnues demeurent.

Circulation du virus, rappels de vaccination, gestes barrière… et brassage des populations font partie de l’équation.

Incidence, positivité, hospitalisations... vigilance

"Le taux d’incidence s’est stabilisé à un niveau élevé. Les taux d’incidence et de positivité sont toujours en hausse chez les 70 ans et plus. Les indicateurs hospitaliers restent élevés et les nombres de nouvelles admissions en soins critiques et de décès continuent d’augmenter", résume le dernier point de Santé publique France, ce vendredi 21 octobre.
En France, le taux d’incidence est de 577 cas/100 000 habitants (790 chez les plus de 80 ans), le taux de positivité, de 27,3 %, et les hospitalisations (+ 8 %) se stabilisent après des semaines de hausses plus importantes.

En Occitanie, selon Covid Tracker, l’incidence est de 574/100 000 : 329/100 000 dans l’Hérault, 415 dans le Gard, 376 dans l’Aude, 384 dans les Pyrénées-Orientales. L’Aveyron (577), l’Ariège (579) et la Lozère (644) sont au-dessus. Les autres indicateurs (hospitalisation, occupation des lits…) sont plutôt dans le vert.

Mercredi dernier, interrogé lors de la conférence de presse sur la grippe, Albert Sotto, patron de l’infectiologie au CHU de Nîmes, était rassurant : "Les chiffres ne sont pas affolants, on a 94 hospitalisations", indiquait le médecin, qui fait état d’un R, le taux de reproduction du virus, de 1,2 dans le Gard (celui du virus de la rougeole est à 18).

Ce vendredi, Jacques Reynes, patron de l’infectiologie au CHU de Montpellier, faisait état d’une situation calme sur le front du Covid-19 dans un contexte général "de tension hospitalière".

Des vacances à risques ?

"On n’est pas dans les configurations précédentes", souligne Jacques Reynes. L’an dernier, les gestes barrière n’étaient pas oubliés, et le pass sanitaire en vigueur dans les restaurants, trains, bus…, tout relâchement, et les vacances y sont propices, avait un impact. "Pas cette année", estime l’infectiologue.

"Contrairement à Noël, les vacances de Toussaint sont plutôt associées à une diminution des transmissions, on ne s’attend pas à ce qu’elles favorisent la progression de l’épidémie", ajoute Mircea Sofonéa, épidémiologiste et maître de conférences en maladies infectieuses à l’Université de Montpellier.

Les inconnues de l’après

L’automne et l’hiver ne seront pas pour autant sereins. "L’épidémie n’est pas maîtrisée", avertit Jacques Reynes. Et son évolution tient à de multiples paramètres. La vaccination tout d’abord : selon Santé publique France, 37 % des 60-79 ans ont fait leur rappel, 55,1 % des résidents d’Ehpad. "Je suis étonné qu’il n’y ait pas plus de pression à la vaccination", réagit Jacques Reynes, qui appelle les publics cibles (plus de 60 ans, personnes fragiles) à "se faire vacciner rapidement" , "avec les nouveaux vaccins bivalents", la meilleure protection contre le sous-lignage BA.5 d’Omicron, majoritaire dans les infections. Non vacciné, on devient une proie plus facile pour le virus : " Pour la majorité des gens, la dernière injection date de plus d’un an, ils ne sont plus protégés", rappelle le médecin. Par ailleurs, "avoir eu le Covid ne protège pas contre le BA.5". Et "on a encore du mal à évaluer son impact sur les formes graves".

Pour Jacques Reynes, "mettre un masque devrait être un acte de civisme". Mircea Sofonéa est sur la même ligne : "Il n’y a rien de plus efficace." L’épidémiologiste ne fait pas de projections. Pour lui, si la circulation du virus devait s’accélérer, la situation ne serait pas liée aux vacances, mais aux effets du BQ.1.1, le variant du virus.

Côté prise en charge, il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles : "On peut optimiser la prise en charge, je ne comprends pas qu’on n’utilise pas plus le Paxlovid en cas de risque de formes graves", insiste Jacques Reynes. Il annonce la "réhabilitation" prochaine du Remdesivir, antiviral prometteur mais controversé, dans une étude à paraître dans The Lancet. Et "d’autres molécules arrivent". En revanche, les personnes immunodéprimées sont exposées : "Les anticorps monoclonaux ne marchent pas face au BA.5."

Le médecin reste optimiste : "On ne revivra pas les situations passées, sauf variant très agressif."

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