Immigration : titre de séjour "métier en tension", personnes recherchées, expulsions, la nouvelle stratégie fait des remous

  • Gérald Darmanin : "Etre méchants avec les méchants et gentils avec les gentils".
    Gérald Darmanin : "Etre méchants avec les méchants et gentils avec les gentils". MAXPPP - Olivier Corsan
Publié le
Centre Presse Aveyron

L’idée d’instaurer un titre de séjour sur les métiers en tension ne passe pas dans l’opposition. De LR à LFI, en passant par le RN, l’opposition est vent debout.

C’est une nouvelle illustration du fameux “en même temps” cher au chef de l’État. Les ministres de l’Intérieur et du Travail, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, ont exposé mercredi 2 novembre, les grandes lignes d’une réforme de l’immigration alliant tout à la fois mesures renforcées de reconduite aux frontières et régularisations.

"Etre implaccables"

"Si je devais résumer, je dirais qu’on doit désormais être méchants avec les méchants et gentils avec les gentils", explique Gérald Darmanin dans une interview au Monde. Sur Twitter, le ministre de l’Intérieur assure que la réforme, qu’il entend défendre bientôt devant le Parlement, "permettra d’être implacables dans la lutte contre l’immigration irrégulière et d’améliorer notre capacité à expulser les étrangers irréguliers. Par exemple, nous simplifierons le contentieux en passant le nombre de procédures de 12 à 4 catégories de recours possibles".

La maîtrise du français

La maîtrise du français sera désormais un critère pour obtenir un titre de séjour. "Nous proposons aussi de lever les réserves d’ordre public qui nous empêchent d’éloigner certains étrangers délinquants. Nous rendrons la vie impossible aux étrangers irréguliers sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français, NDLR), par exemple en s’assurant qu’ils ne bénéficient plus de prestations ou de logements sociaux", poursuit-il.

Fichier des personnes recherchées

Gérald Darmanin souhaite également inscrire les immigrés menacés d’expulsion "au fichier des personnes recherchées". Une façon de répondre aux accusations de laxisme lancées notamment par l’extrême droite, après le meurtre de la petite Lola, 12 ans, le 14 octobre, à Paris, alors que la principale suspecte se trouvait donc illégalement sur le territoire.  

Créer un titre de séjour "métier en tension"

Cette fermeté accrue pourrait théoriquement permettre à Emmanuel Macron de rallier des suffrages à droite pour faire passer son projet de loi. Mais la philosophie de ce nouveau texte sur l’immigration ne se limite pas à cette détermination affichée sur le front des expulsions.

Le coup de sang de l'opposition

L’exécutif propose de créer un titre de séjour "métier en tension", qui permettrait au travailleur concerné de bénéficier d’une protection sociale adéquate. Ce dispositif « sera là pour régulariser une situation parce qu’on démontre qu’on travaille dans un métier en tension. […] L’objectif, c’est bien que l’immigration économique reste une façon subsidiaire de répondre aux besoins », explique le ministre du Travail, Olivier Dussopt, cité par Le Monde.

Une mesure qui passe beaucoup moins bien à droite. Aurélien Pradié, secrétaire général du parti Les Républicains, a immédiatement fustigé mercredi cette proposition sur BFMTV. "Il s’agit d’une régularisation massive, j’y suis tout à fait défavorable. C’est une folie", estime-t-il, alors que Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, dénonce une "ouverture des vannes". Marine Le Pen (RN) y voit "une régularisation de clandestins", alors que le député David Guiraud (LFI) pointe un coup "totalement politicard", affirmant que ce dispositif "existe déjà".

La mesure sera-t-elle maintenue, ou sacrifiée par le gouvernement sur l’autel d’une alliance de circonstance avec la droite sur ce texte ? Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a pris soin, en tout cas, de livrer rapidement cette précision, lors du compte rendu du Conseil des ministres. « Ce n’est pas la présentation d’un projet de loi, mais de grandes lignes de réflexion. » Un débat sera organisé en décembre au Parlement sur la question de l’immigration. Le texte de loi doit ensuite être présenté début 2023.