Quésaco: le "néo-luddisme" ou le rejet de la technologie moderne

  • Les jeunes aussi adhèrent au néo-luddisme.
    Les jeunes aussi adhèrent au néo-luddisme. Ben Blennerhassett / Unsplash
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Abandon des smartphones, boycott des réseaux sociaux, méfiance vis-à-vis des entreprises technologiques... A l'opposé de nos vies ultra connectées, certaines personnes décident de tourner le dos à cette société. On les appelle les néo-luddiques. Ce mouvement gagne du terrain tout particulièrement chez la jeune génération.

Nous vivons aujourd'hui dans une société ultra connectée. De plus en plus de nouvelles technologies apparaissent et l'usage des réseaux sociaux se démocratise chez des personnes de plus en plus jeunes. Selon une étude française de l'agence Heaven, 89% des enfants de 12 ans possèdent leur propre smartphone et 87% des 11-12 ans utilisent régulièrement au moins une application sociale. Selon une étude de l'INSEE, en France, l'équipement mobile est désormais devenu indispensable : 95% de la population possèdent un téléphone mobile et 77% détiennent plus particulièrement un smartphone.

Mais ce mode de vie ultra connecté n'est pas du goût de tous. Certains souhaitent s'affranchir des réseaux sociaux, voire même rejettent la technologie. Un mouvement appelé le néo-luddisme, ou ludisme moderne. L'historien François Jarrige définit ce mouvement à l'Obs comme "une nébuleuse de personnes qui pensent que la technologie est une aliénation plus qu'un moyen d'émancipation".

Le néo-luddisme, c'est quoi ?

Le terme tire son nom du mouvement luddiste, appelé ainsi grâce à Ned Ludd, un ouvrier anglais qui a protesté contre l’usage des machines à tisser à la fin du XVIIIème siècle. Il a aussitôt initié un mouvement clandestin, appelé "Les Luddites", surnommés "les briseurs de machines". Depuis, la lutte contre la mécanisation du travail a évolué en une opposition à la progression des nouvelles technologies. En 1990, la militante américaine Chellis Glendinnings remet le terme "luddite" au goût du jour dans son ouvrage "Notes toward a Neo-Luddite Manifesto", qui donne naissance au néo-luddisme, un mouvement activiste d’orientation technophobe.

D’après le média l’Observateur, le néo-luddisme a plusieurs combats : combats écologistes contre les OGM et le nucléaire, dénonciation des nanotechnologies, refus du fichage dans la vie quotidienne, résistance contre les impératifs sécuritaires (bracelets pour les nouveaux-nés, caméras dans les rues). De nos jours, le luddisme, ou néo-luddisme, est plus un moyen de résister à la surveillance gouvernementale et à une forme de capitalisme.

Rébellion et libération de soi

Récemment le journal du New York Times a pu suivre le quotidien du "Luddite Club", un groupe de lycéens de Brooklyn aux Etats Unis, qui promeut un style de vie d'auto-libération des médias sociaux et de la technologie. Ses 25 membres ont décidé d’abandonner leurs smartphones, mais aussi les réseaux sociaux. Ils proposent également à d’autres étudiants des cures digitales d’une heure. Les lycéens mettent en avant les bénéfices de ce mode de vie : meilleure appréciation de soi, baisse de l’anxiété liée aux réseaux sociaux, intérêt grandissant pour la lecture et à la nature. Pour se joindre : des rendez-vous physiques et des téléphones à clapet. Leur source d'inspiration ? Un livre de 1996, "Into The Wild" de Jon Krakauer, l'histoire vraie de Chris McCandless, un jeune homme décédé en essayant de vivre dans la nature sauvage de l'Alaska.

Selon une étude de la société de marketing américaine Hill Holliday sur la génération Z - des personnes nées après 1995 - la moitié des personnes interrogées ont déclaré avoir arrêté ou envisage d'arrêter au moins une plateforme de médias sociaux. En 2020, aux Etats-Unis, un mouvement appelé "Log Off", qui se définit comme un mouvement de jeunesse par des adolescents pour des adolescents, a décidé de fournir un espace de conversation sur les méfaits des réseaux sociaux et comment les utiliser plus sainement. Le mouvement s'est engagé auprès de milliers d'adolescents dans plus d'une douzaine de pays, documentant les histoires d'une génération de plus en plus inquiète de laisser sa santé mentale entre les mains d'entreprises technologiques à but lucratif.

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