Village Madeleine à Paris : plateau et flambeau se passent de mère en fille

Il faut le savoir. Car, ni la carte, ni l’enseigne, ni la façade, ni son accent, ne laissent transpirer le moindre témoignage de ses origines. Si Sandrine Noyer a vu le jour à Paris, en 1972, ses racines ont puisé leurs forces à Bozouls. Noyer est d’ailleurs un nom qui parle, qui fait écho dans le Gourg d’enfer ! Ses parents sont montés à la capitale et ont créé Le Village à Neuilly.

Si elle a passé les étés chez sa grand-mère au pays, le dimanche, elle aidait volontiers dans l’affaire familiale. Du coup, alors qu’elle avait imaginé, "du bout des lèvres", des études de bijouterie-joaillerie, elle a fini par attraper le virus. Piquée par la restauration, elle n’a jamais trouvé l’antidote. Elle aurait pu se glisser en cuisine, elle a opté pour la salle et le contact avec la clientèle.

"Dans son jus"

Le recrutement (7e) en gérance libre à l’âge de 24 ans, puis Le Village Café (17e) en 2006 durant sept ans avant de le mettre en gérance, elle a alors tenté l’aventure de l’hôtellerie, avec son compagnon au Concortel (8e). "J’ai vite compris que ce n’était pas fait pour moi, ce n’était pas mon univers", reconnaît-elle. Elle a alors jeté son dévolu sur une nouvelle affaire, à deux rues de là. Situé au 14 rue Tronchet, "dans son jus", le Relais Tronchet est devenu Village Madeleine, en novembre 2018.

Le trait d'union depuis plusieurs décennies

Le mot "Village" est "le trait d’union" depuis plusieurs décennies. "Ce nom nous a porté chance jusqu’à présent. Du coup, on le garde", se réjouit Sandrine Noyer, visiblement superstitieuse. Idéalement placée entre l’église de la Madeleine et les Grands magasins, cette brasserie, qui emploie une dizaine de salariés, sert "une cuisine traditionnelle mais en quête d’innovation, dans un cadre végétalisé et toujours des sourires à l’entrée". Quant à la clientèle, elle vient certes des bureaux voisins mais elle est aussi composée des touristes qui sillonnent ce quartier très prisé : la Concorde, les Champs-élysées, le Louvre, les Tuileries... ne sont pas loin.

Tradition familiale

Sandrine Noyer perpétue donc une tradition familiale, initiée par ses parents. Celle-ci a inspiré Jean-Jacques, son frère jumeau, qui tient, avec son épouse Véronique, Le Colibri, au 8 place de la Madeleine (8e). Mais aussi son autre frère, Thierry, qui est à la tête, avec sa femme Christine, du Café de la Place à Vincennes. Sans oublier ses neveux Baptiste et Antoine à La Louvière à Saint-Maur-des-Fossés... Cette liste compte désormais une ligne supplémentaire puisque Julie Garrigou, la fille de Sandrine Noyer, vient de rejoindre sa mère au Village Madeleine. Née à Paris, en février 2000, elle a décroché un bac C. Promise à une école de commerce par son entourage familial, elle lorgnait "en douce" vers la Vatel business school.

La jeune femme réveille quelques souvenirs qui la font encore sourire : "J’ai vu le jour dans un café et je m’amusais d’ailleurs à préparer les cocktails pour les enfants". Plus tard, elle a fait quelques extras l’année de son bac et les compliments n’ont pas manqué : "Les gens me disaient que j’étais douée. Je sentais bien que j’avais la passion. Du coup, j’ai continué". Après trois années chez Vatel, après différentes expériences, dans d’autres établissements, en France mais aussi à l’étranger, Julie Garrigou interprète désormais une partition à quatre mains avec sa mère : "J’ai la chance d’avoir cette affaire où j’aime le contact avec le client. Grâce à cette adrénaline, aucune journée ne se ressemble. Mais, j’ai envie de tracer mon propre chemin. Tout en m’inspirant de mes grands-parents. Je suis admirative. Ils sont un exemple ! J’aimerais réussir comme eux".