Assises de l'Aveyron : meurtre de Villefranche-de-Rouergue sur fond d'argent et de sexe, encore bien des questions

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  • Me Mathieu Montfort et Me Elsa Cazor représentent la famille de la victime, nombreuse sur les bancs de la partie civile. Me Mathieu Montfort et Me Elsa Cazor représentent la famille de la victime, nombreuse sur les bancs de la partie civile.
    Me Mathieu Montfort et Me Elsa Cazor représentent la famille de la victime, nombreuse sur les bancs de la partie civile. Centre Presse Aveyron -
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Le plus jeune des accusés du meurtre de Bernard Foursac a contesté avoir donné des coups, vendredi 17 février. Plusieurs experts ont mis à mal sa version. Suite du procès et verdict lundi 20 février.

On pouvait s’y attendre. Vendredi 17 février 2023, au lendemain des aveux de son beau-père, reconnaissant enfin devant la cour d’assises de l’Aveyron sa responsabilité dans le meurtre de Bernard Foursac, à Villefranche-de-Rouergue, dans la nuit du 21 au 22 juillet 2019, Emil Darius Dancso l’a répété à l’envi, tantôt en français, tantôt aidé de l’interprète roumaine à ses côtés : "Je n’ai rien fait."

Versions multiples

Voilà plus de trois ans que les deux hommes se renvoient la balle. Et multiplient les versions. Cette fois, celle du plus jeune des accusés s’imposait presque. Un peu trop peut-être, car il livre bien des détails sur cette soirée sanglante qu’il dit avoir passé dans le canapé de la victime à regarder la télévision… "Cela ne vous dérange pas de regarder la TV alors que quelqu’un se fait massacrer dans la chambre d’à côté ?", s’interroge le président, Philippe Piquet. "J’ai eu peur", répond l’accusé. L’interrogatoire se poursuit : "Et du canapé, vous voyez tout ce qu’il se passe dans la chambre. Qu’avez-vous vu ?

- Oui, j’ai tout vu. Rostas (nom du coaccusé, NDLR) a frappé, frappé. Il a étranglé M. Foursac aussi […] Il lui a sauté dessus à pieds joints […] Il lui a mis des coups de couteau.

- Pourquoi il le frappe comme cela ?

- Il était énervé parce que M. Foursac lui a fait une fellation et il n’a pas eu d’argent, ni de cigarettes en retour. C’est la vérité, c’est moi qu’il faut écouter maintenant.

- Vous n’avez donc jamais frappé ?

- Non, jamais. J’ai nettoyé la scène après, car Rostas m’avait menacé de me tuer.

- Pourquoi ne pas avoir crié à l’aide ?

- Si je crie en roumain, personne ne comprend et on pense qu’il y a un voleur !

- Vous regardez pourtant la télévision en français…

- C’est obligé de parler français pour comprendre ? C’est bizarre vos questions".

À chaque interrogation des parties, la réponse fuse. Emil Dancso ne tient pas en place, n’hésite pas à reprendre les avocats. Il sourit, s’agite aussi lorsque des témoignages viennent s’opposer à ses dires. Ce fut parfois le cas lors de cette deuxième journée de débats consacrée aux experts.

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"Ils étaient tous les deux dans la zone de violence"

Médecins légistes, biologistes spécialistes de l’ADN, techniciens en identification criminelle, anatomopathologiste, morphoanalyste… Tour à tour, la cour les a interrogés sur la version du plus jeune des accusés. Sur les traces de piqûres, au couteau, retrouvés sur les pieds de la victime. Peut-on le faire seul, tout en maîtrisant un homme ? "Cela paraît plus logique d’être deux…"

Sur les traces de sang retrouvées sur les vêtements ? "Selon nos constatations, ils étaient tous les deux dans la zone de violence. Pas dans une autre pièce. Quand M. Dancso dit qu’il est resté sur le canapé, cela n’est pas compatible."

En fin de journée, la parole fut redonnée à Constantin Rostas. "On était tous les deux. Les premiers coups, c’est lui qui les donne", a-t-il de nouveau assuré. Dans le box, Emil Dancso rigole. Et à Me Mathieu Montfort, avocat de la partie civile qui s’énerve face à ce comportement, il répond : "Je rigole de Rostas, c’est invraisemblable ce qu’il dit. Je ne rigole pas du meurtre, la vie de M. Foursac ne me regarde pas."

Les deux hommes retrouveront le box lundi 20 février 2023 pour la dernière journée du procès. Réquisitions et plaidoiries sont au programme. Le verdict, lui, devrait tomber dans la soirée.

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