Pénurie de médicaments en France : le directeur général de l’Assurance maladie s’explique

  • On a manqué cruellement d’amoxicilline cet hiver.
    On a manqué cruellement d’amoxicilline cet hiver. ML - SYLVIE CAMBON
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le directeur général de l'Assurance maladie, Thomas Fantome, a répondu mardi 14 mars 2023, à la mission flash du Sénat.

Le feuilleton qui a rythmé l’hiver : le 18 décembre, l’Agence nationale de sécurité du médicament lançait l’alerte sur la pénurie d’amoxicilline. Pourquoi a-t-on manqué de l’antibiotique le plus vendu en France ? Et de paracétamol ?

Ce mardi 14 mars, Thomas Fantome, directeur général de l’Assurance maladie, répondait à la commission d’enquête du Sénat présidée par Sonia de La Provôté, sénatrice du Calvados. "Dites-nous ce qui se passe en France aujourd’hui pour être le dernier pays d’Europe, ou l’avant-dernier", à avoir accès aux médicaments sous tension, ont demandé les sénateurs.

Une pénurie qui dure

"Le Sénat a lancé une mission flash à l’été 2018, 700 médicaments étaient en pénurie. C’est 3 000 actuellement. Dans quelle mesure la Caisse nationale d’assurance maladie anticipe-t-elle ces pénuries ?", interrogent les sénateurs.

Thomas Fantome, admet : "Le phénomène n’est pas récent, il s’aggrave. Il est multifactoriel, ce qui complique la recherche de solutions."

Trop de prescriptions

"On prescrit et on consomme plus d’antibiotiques que nos voisins européens." C’est une des premières explications de Thomas Fantome, qui rappelle que l’Assurance maladie rembourse 90 % des dépenses de médicaments.

"Pour les angines, on prescrit deux fois plus d’antibiotiques que nos voisins", déplore aussi Thomas Fantome, qui regrette le recours limité aux Trod, ces tests permettant de distinguer une infection virale d’une infection bactérienne : "On a eu 9 millions d’angines en 2022, seulement un million de Trod utilisés."

Thomas Fantome fait état d’actions engagées pour inverser la tendance : en 2022, les délégués de l’Assurance maladie ont rendu 7 000 visites aux généralistes sur le bon usage de paracétamol. Toujours en 2022, 15 000 visites ont sensibilisé à la prescription de metformine, le traitement de référence du diabète de type 2, d’autres ont concerné la prescription d’IPP, des médicaments contre la sécrétion d’acide gastrique.

"S’il y avait moins de prescriptions inappropriées, on serait moins exposé aux risques de pénuries", insiste Thomas Fantome. Il indique que le volume des dépenses de médicaments prescrits en médecine de ville a augmenté de 8,5 % en 2022.

Médicaments moins chers ?

La pénurie, "ce n’est pas une question de prix", avance Thomas Fantome, qui va à l’encontre des analyses sur le sujet : la France serait en difficulté parce qu’elle rémunérerait moins ses fournisseurs. Pour lui, "on reste un marché attractif".

"Les États-Unis ne sont pas à l’abri des pénuries malgré des prix très élevés", argumente le directeur, qui rappelle les prix de l’amoxicilline : 0,17 € le prix de l’UCD (Unité commune de dispensation) en France, contre 0,08 € en Espagne et 1,10 € au Royaume-Uni.

Face à l’industrie : « Plus de garanties »

La France « pèse 32 milliards de produits de santé, avec un tel niveau de dépenses, on devrait avoir des garanties supplémentaires, comme les grands industriels ont des garanties de leurs fournisseurs, sous peine de pénalités », estime Thomas Fantome. « L’Agence nationale de sécurité du médicament nous dit qu’elles sont très rares », confirment les sénateurs.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?