Comment une botaniste britannique a aidé à développer l'industrie japonaise de l'algue nori

  • Kathleen Drew-Baker a fait des découvertes révolutionnaires sur la reproduction du "nori", cette algue séchée et croustillante notamment utilisée dans les makis.
    Kathleen Drew-Baker a fait des découvertes révolutionnaires sur la reproduction du "nori", cette algue séchée et croustillante notamment utilisée dans les makis. miniseries / Getty Images
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ETX Daily Up

(AFP) - Chaque année, des dizaines de personnes se rassemblent dans un sanctuaire dans le sud du Japon pour rendre hommage à une botaniste britannique n'ayant jamais visité le pays, mais à qui est attribuée la revitalisation de son industrie des algues.

Kathleen Drew-Baker a fait des découvertes révolutionnaires sur la reproduction du "nori", cette algue séchée et croustillante notamment utilisée dans les makis, et a aidé à lancer sa culture à grande échelle.

Ses recherches à l'université de Manchester ont permis au Japon d'accroître sa production pendant la difficile période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, lorsque les petits producteurs peinaient à répondre à la demande.

Bien que la botaniste soit morte en 1957, son souvenir est toujours présent à Uto dans le département de Kumamoto, l'un des plus gros producteurs de nori au Japon.

Employés de l'industrie locale de la pêche, scientifiques et passionnés d'histoire se réunissent ainsi par dizaines chaque mois d'avril dans le parc verdoyant d'un sanctuaire au bord de l'océan, où une stèle de pierre arbore le visage de Kathleen Drew-Baker.

De grands drapeaux japonais et britannique sont hissés lors de l'événement, où un prêtre shinto "remercie" la scientifique, explique à l'AFP l'organisateur, Fumiichi Yamamoto, âgé de 86 ans.

"Les producteurs d'algues étaient heureux et reconnaissants de pouvoir cultiver plus de nori après la guerre, alors que les gens pâtissaient des pénuries alimentaires", ajoute-t-il.

- "Un aliment essentiel" au Japon -

Le nori est récolté sur le littoral japonais depuis des siècles et cultivé depuis 500 ans.

Outre son utilisation dans les makis et sushis, il est également un ingrédient essentiel des boulettes de riz "onigiri", un en-cas omniprésent au Japon, et sert à garnir les bols de nouilles ramen et d'autres plats classiques.

Mais cette algue est notoirement fragile et vulnérable aux typhons et à la pollution.

En 1949, Mme Drew-Baker a publié dans la revue scientifique Nature une étude qui a fait date sur le laver, autre nom du nori. Cette plante pousse au large des côtes du Pays de Galles où elle sert à la préparation d'un plat traditionnel appelé laverbread.

"Jusqu'à ce moment, le cycle de vie du nori n'était pas bien connu", dit M. Yamamoto.

La Britannique, dont les recherches ont permis de mieux comprendre comment l'algue perce les coquillages où elle produit de nouvelles spores, a pris contact avec un professeur de l'université de Kyushu (sud du Japon) en lui demandant: "les algues japonaises ne sont-elles pas aussi comme cela?", raconte l'organisateur.

Scientifiques japonais et cultivateurs de nori ont alors commencé à expérimenter l'utilisation de coquilles d'huîtres pour aider la plante marine à se développer.

"Ce fut un succès", dit M. Yamamoto, lui-même fils d'un grossiste en algues, qui organise l'événement commémoratif depuis 50 ans. Aujourd'hui, "le nori est l'un des aliments essentiels du Japon".

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