L'Aveyronnais Jean-Marc Bouldoires, pompier de Paris : "j’ai toujours su que je voulais faire ça"

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  • Sous-chef de centre  du centre de secours de Vincennes,  Jean-Marc Bouldoires  a sous ses ordres  55 sapeurs pompiers.
    Sous-chef de centre du centre de secours de Vincennes, Jean-Marc Bouldoires a sous ses ordres 55 sapeurs pompiers. Reproduction L'Aveyronnais
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Emmanuel Pons

Pour Jean-Marc Bouldoires comme pour beaucoup d’enfants, devenir sapeur pompier était un rêve. Un rêve qui se concrétise au quotidien pour le jeune adjudant aujourd’hui basé à Vincennes.

Très tôt, Jean-Marc Bouldoires a su qu’il voulait intégrer les pompiers de Paris. Pourtant, avec sa formation au lycée forestier de Meymac, en Corrèze, on aurait plutôt vu l’Aveyronnais lutter contre les feux de forêts dans le Sud qu’intervenir sur les incendies dans les immeubles parisiens ou sur les accidents de la route sur le périf. "Si je ne peux pas intégrer les sapeurs pompiers, je travaillerai pour l’ONF", s’était dit le jeune homme, né en 1987, originaire de Ceignac. Et c’est donc en Corrèze qu’il prépare un BEP travaux forestiers. "Mais pour entrer chez les pompiers, il fallait le bac", explique-t-il.

Une sélection rigoureuse

Diplôme décroché en 2006, année qui marque le début de son parcours d’incorporation qui passe par le centre régional de Bordeaux où il est soumis à des tests physiques, psychologiques et médicaux. "À l’époque, seulement un candidat sur dix intégrait les pompiers de Paris."

Et voilà le jeune Jean-Marc, après avoir été sélectionné, qui prend le train pour la capitale, depuis son Aveyron natal. "Je m’étais levé à six heures du matin. Arrivé à la gare à Paris, j’ai pris le RER pour me rendre à Villeneuve-Saint-Georges mais je me suis trompé de sens. Quand je suis arrivé au fort, vers minuit, tout le monde était déjà couché." Suivent deux mois pour apprendre les bases – notamment le secours aux victimes – dans ce centre de formation des militaires de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, installé dans le Val-de-Marne. Puis quatre mois d’intégration à Massena, dans le XIIIe arrondissement de la capitale, "la plus grosse caserne d’Europe avec ses 13 000 départs par an alors que tout l’Aveyron réuni faisait 9 000 départs", souligne le professionnel. "C’est ça que j’étais venu chercher à Paris", se réjouit alors le jeune Aveyronnais qui retourne à Villeneuve-Saint-Georges, le temps de se former aux interventions contre les incendies avant de réintégrer sa caserne parisienne où il restera quatre années.

Une progression continue

Toujours avide d’apprendre et de progresser, le jeune pompier est promu caporal au bout de deux ans puis caporal-chef. Il est alors muté à la caserne Sévigné, dans le quartier du Marais, pour suivre la formation de sous-officier et bientôt accéder au grade de sergent, un an plus tard, puis rejoint la caserne de Poissy où il devient chef de garde, après un concours obtenu en 2013. "À 26 ans, je dirigeais seize pompiers."

Il exerce ses nouvelles fonctions au sein de la Caserne de Rungis où il passe trois années. Mais souhaite devenir formateur chef de section, poste pour lequel il retrouve le fort de Villeneuve. "J’ai formé 484 gars en trois ans, précise le sous-officier. Ça m’a vraiment plu." Il intègre ensuite Vitry-sur-Seine, au poste de sergent-chef où il est numéro trois.

Actuellement adjudant et sous-chef de centre, basé au centre de secours de Vincennes, dans le Val-de-Marne, avec 55 militaires sous ses ordres, Jean-Marc Bouldoires espère être promu chef de centre en 2025 et poursuivre sa progression vers les grades d’adjudant-chef puis de major.

"Aujourd’hui, dit-il, 85 % de notre activité se concentre sur le secours à la victime. Les interventions sur les incendies ne représentent que 3 à 4 %." Une activité qui n’est cependant pas sans danger. "Le premier risque, ce sont les déplacements pour aller sur site", explique le pompier professionnel qui se souvient aussi du "véhicule criblé de balles" lors de la fusillade du Bataclan ou encore du "camarade poignardé alors qu’il portait secours à une personne souffrant de troubles psychiatriques".

En manque d’Aveyron

Quand il fait le bilan de sa carrière, lui qui n’a pas encore 40 ans, l’Aveyronnais se dit chanceux. "Mes parents m’ont laissé partir vers Paris à dix-huit ans, rappelle-t-il. Et j’ai été bien accueilli par les pompiers de Paris qui aident les jeunes à s’installer. Il y a beaucoup de solidarité. C’est une institution qui accompagne beaucoup. Aujourd’hui, avec seulement le bac, j’ai un niveau de vie et de confort que je n’aurais pas pu avoir ailleurs."

Et s’il réussit sa vie professionnelle grâce à une forte motivation et à une implication de tous les jours, il s’épanouit aussi dans sa vie personnelle.

Marié avec Céline et heureux père de Jade (2019) et de Mia (2021), il ne lui manque plus qu’un peu plus d’Aveyron pour être pleinement heureux. "Ça n’est pas simple de vivre en Île de France, avoue-t-il. Et il faut six heures pour rentrer voir la famille", sa sœur à Sainte-Radegonde, sa mère à Cransac et sa grand-mère à Curières.

Une journée bien rythmée

"La journée à la caserne est rythmée par les interventions, en moyenne dix-sept par jour", explique Jean-Marc Bouldoires. Cependant, quand ils ne sont pas sur le terrain, les sapeurs pompiers suivent un entraînement au quotidien, avec prise de fonction dès 7 heures avant un rassemblement à 7 h 45 pour une demi-heure de vérification du matériel. Puis une heure de course à pied avant "la planche", un exercice qui consiste à gravir une planche de bois de 2,60 m de haut. Les militaires poursuivent avec près de deux heures de manœuvres et de simulations. Après la pause repas, une demi-heure est consacrée à étudier et à répéter les différents plans d’interventions avant des tâches plus administratives ou de vérification du matériel… Dix-sept heures marque la reprise de l’entraînement physique avant de terminer la journée pour ceux qui ne sont pas de garde.

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