La poupée Barbie, un symbole d'émancipation ambivalent

  • Les multiples facettes de la poupée Barbie, créée en 1959, refont surface avec la sortie en salles mercredi du film éponyme de Greta Gerwig.
    Les multiples facettes de la poupée Barbie, créée en 1959, refont surface avec la sortie en salles mercredi du film éponyme de Greta Gerwig. PEDRO PARDO / AFP
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ETX Daily Up

(AFP) - Symbole d'émancipation ou diktat de beauté pour les femmes ? Les multiples facettes de la poupée Barbie, créée en 1959, refont surface avec la sortie en salles mercredi du film éponyme de Greta Gerwig.

Sociologue au CNRS et à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, Christine Castelain Meunier estime auprès de l'AFP que l'émancipation affichée de Barbie a ses limites et qu'elle donne une image très normée des femmes, même si ce nouveau long-métrage peut aider à moderniser son image.

La poupée Barbie est-elle un symbole féministe ?

"C'est ambivalent. Elle symbolise à la fois la beauté de la femme, son indépendance et son aliénation par le physique. Par rapport à la Barbie du début, ça a évolué vers une représentation plurielle, en termes de physique, de statut social, de couleur de peau. Mais avec cette empreinte du départ: c'est un objet. Il y a une référence aux normes esthétiques qui sont aliénantes, très normées, dans le sens très mannequin, très mince, blonde, jolie."

Les différents modèles de Barbie (pilote, scientifique, coiffeuse, photographe...) ne sont-ils pas une illustration d'une forme d'émancipation des femmes par le travail ?

"C'est une femme indépendante, qui travaille, mais dans un contexte de société non égalitaire, encore très patriarcale. Dans une société de consommation, c'était un peu nécessaire que la femme ait un salaire au sein d'une famille, pour que la société de consommation vive. C'est donc un contexte de société très particulier, (avec) des symboles de consommation qui accompagnent certes son émancipation mais, en même temps, qui la transforment en salariée, qui est toujours inférieure dans l'univers professionnel aux hommes, qui travaillent, construisent une carrière et ont un salaire supérieur.

(Le film peut) montrer qu'elle a évolué, qu'elle a pris cette dimension plurielle, d'un point de vue physique, etc. C'était nécessaire de la faire évoluer, sinon elle paraîtrait trop ringarde, trop décalée."

Le personnage de Ken est-il aussi une figure très normée et aliénante pour les petits garçons ?

"Oui, c'est un peu un personnage physiquement parfait, qui peut donner des complexes par ses critères, ses normes esthétiques de virilité. (...) Mais les normes esthétiques sont un peu moins prégnantes pour les garçons, encore aujourd'hui, que pour les filles. Parce que le garçon se définit autrement que par les normes esthétiques, là où concernant la fille, on lui renvoie tout le temps: +Ah, t'es belle+, +Ah, t'as une belle robe+, +Ah, t'es souriante+.

C'est très intéressant de mettre en scène d'autres profils masculins, qui sont sensibles, capables d'émotion, de compréhension, d'empathie... Mais il faut peut-être combiner le mieux possible virilité et sensibilité, pour ne pas paraître comme un personnage qui est décrié par les garçons, alors qu'ils sont eux-mêmes partisans d'émancipation, d'égalité, etc."

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