Les mille et une vies du Ruthénois Philippe "Lucky" Lemaire

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  • "Lucky" et son épouse Élodie sont installés au Québec.
    "Lucky" et son épouse Élodie sont installés au Québec. Reproduction L’Aveyronnais
Publié le
Emmanuel Pons

Tour à tour animateur radio, DJ en discothèque, patron de bars… Le Ruthénois Philippe Lemaire a pas mal bourlingué depuis l’Aveyron jusqu’au Canada, en passant par Paris et les Antilles.

De l’Aveyron, le Ruthénois Philippe Lemaire, installé aujourd’hui au Québec, ne garde que des bons souvenirs. Lui, le petit banlieusard parisien, né à Villepinte et arrivé en Rouergue à 7 ans. La famille élit alors domicile dans le hameau de Stors, près du Théron, "où on a été très bien accueillis, nos voisins étaient merveilleux", sur la commune de La Salvetat-Peyralès. "On était dans une classe unique d’une douzaine d’élèves et je me souviens d’avoir eu des soucis en orthographe à cause de l’accent du sud", rigole-t-il.

Paris-Rodez à six dans la 4L

Une arrivée en Aveyron pas du tout prévue. "Ma mère était allergique à la pollution, en région parisienne. On est venus pour le mariage d’une nièce. Et mes parents ont décidé de s’installer ici. Ils ont mis tout le monde dans la 4L familiale, les quatre enfants derrière avec le chien et on est partis pour une douzaine d’heures de route. Mon père a trouvé un boulot de chef d’exploitation chez Oppenheimer, rue de la Penderie, à Rodez, et ma mère s’est occupée de nous."

"Pour moi qui venais de Paris où mes parents étaient gardiens d’immeuble, c’était vraiment la liberté à La Salvetat. On a fait les quatre cents coups. Ensuite, on s’est installés au Garric de Rignac, route de Goutrens. J’ai été à l’école et au collège à Rignac. On allait dans les bois avec les copains et le chien, on faisait du vélo. J’ai même pris ma première licence de foot au club de Rignac."

La radio, une révélation

Le jeune garçon poursuit ses études – "Ça ne faisait pas partie de mes priorités", sourit-il – au lycée professionnel de Monteil puis est apprenti chez un réparateur de radiateurs auto, avenue de Bordeaux à Rodez. Une expérience qui ne le séduit pas. "Puis j’ai découvert la radio et l’univers des discothèques. Ça a été ma vie !" Philippe Lemaire devient alors animateur à Radio FM Tonic dont les studios étaient installés dans une cave, place de la Cité à Rodez, avant de déménager au Monastère et enfin de se poser derrière le Broussy. C’est à cette époque qu’il prend le surnom de Lucky. "Je travaillais en même temps dans les discothèques, au Valadier puis à l’Energy’s club, l’ancien Pacha, puis au Plangeirou." Une activité interrompue par le service militaire, à Metz, avant un retour à la radio, à NRJ Rodez, alors basée rue Sainte-Catherine. "Je travaillais avec Pascal Sarrazy, ancien DJ de Fontanges, qui m’a beaucoup appris." Trois belles années pour le jeune Aveyronnais qui enchaîne avec des animations dans les discothèques, dans le sud de la France, en Corse et même à Genève… Avant de revenir en Aveyron où, après quelque temps au camping de Saint-Salvadou, près de Villefranche-de-Rouergue, il retrouve Rodez, où il va travailler dans les bars de la ville.

Le Divan puis La Chuppa à Rodez

"J’ai été serveur au Divan, puis responsable et enfin gérant aux côtés d’Alain Regourd. Plus qu’un patron, c’est un véritable ami, insiste Philippe Lemaire. Il m’a tout appris. C’est quelqu’un que je bénis." Après sept années au bas de la rue Béteille, il s’installe à La Chuppa, non loin de là, rue Saint-Cyrice. "Là-bas, j’ai eu des ennuis avec tout le monde, la police, la mairie, les voisins… On a fermé au bout de dix ans. Ensuite, avec ma femme [Élodie Bouloc, originaire de Pont-de-Salars, épousée en 2005, lire par ailleurs], on est partis à Paris, en 2013, toujours dans les cafés. J’ai bossé au Vieux Châtelet, en bord de Seine dans le Ier, un très bel établissement."

Mariés à Las vegas

"J’ai demandé Élodie en mariage au bar Le Syphon, à Rodez, après quelques verres, rigole Philippe Lemaire. Et puis on est partis se marier à Las Vegas, en 2005. Un voyage de quatre jours, trajet compris. On avait dit à nos amis qu’on allait passer le week-end en Angleterre. Et, au retour, j’ai annoncé la nouvelle à mon père."

 

Mais, en 2016, le couple a besoin d’air et décide de tenter l’aventure sur l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin, aux Antilles. "On était installés au bord de la mer, c’était cool. Pas de stress."

Au revoir les Antilles, bonjour le Québec

Jusqu’à ce que l’ouragan Irma ravage l’île, début septembre 2017, avec ses vents à près de 300 km/h. "On s’est barricadés dans la salle de bains avec les murs qui bougeaient. On a tout perdu. Il ne nous restait que ce que l’on avait sur le dos", se souvient l’Aveyronnais, stoppé net dans ses projets mais qui choisit cependant de rester pour aider les habitants, sur place. "J’ai finalement repris un commerce que j’ai transformé en pizzeria. Ça s’appelait "Le 12"."

Après près de sept années sous le soleil des Antilles, le couple et leur fils Wyatt, né à Rodez en 2009, s’envolent pour le Québec "pour retrouver un peu de calme. On avait fait notre temps à Saint-Martin". Le grand écart en termes de température. "On a connu notre premier hiver à – 27 °C. On a dû acheter des parkas et des chaussures et se réhabituer à remettre des chaussettes", se souvient-il. "On est installés depuis juillet 2022, à une quinzaine de minutes de Montréal. On repart à zéro, le temps de prendre nos marques. Mais ici, on peut se monter très vite", avance Philippe Lemaire qui a vécu plusieurs vies et a toujours su rebondir. Même s’il avoue avoir parfois quelques regrets mais "on l’a choisi. On ne va pas lâcher !" "Ce qui me manque le plus, ce sont les amis en Aveyron, les paysages et la nourriture. Même si les Québécois disent "chocolatine"", sourit-il.

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