Aveyron : Mahfoud, jeune Algérien est menacé d'expulsion, sa famille d'accueil est dévastée

  • Nadir, le petit frère de Mahfoud, entouré de la famille Dubois.
    Nadir, le petit frère de Mahfoud, entouré de la famille Dubois. - CG
  • Une vingtaine de personne s'est rassemblée devant la gendarmerie de La Cavalerie, en soutien à Mahfoud.
    Une vingtaine de personne s'est rassemblée devant la gendarmerie de La Cavalerie, en soutien à Mahfoud. Clara Guichon - CG
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Midi Libre

Mahfoud, un Algérien ayant vécu à La Cavalerie, a appris qu’il allait être renvoyé. Sa famille d’accueil est dévastée.

Les larmes n’arrêtent pas de couler sur les joues de Corinne Dubois. Hier, dans la matinée, elle a appris l’impensable : Mahfoud, un jeune Algérien qu’elle a accueilli dans sa maison de La Cavalerie, est menacé d’expulsion.

"J’en ai fait un homme droit et on me le prend, crie-t-elle, à bout. On m’enlève mon fils !" Corinne n’est pas la mère biologique de Mahfoud. Elle les a pris en charge, lui et son petit frère Nadir, en novembre 2016. À l’époque, les deux garçons ont 15 et 11 ans. Elle, assistante familiale, accueille des enfants placés à l’Aide sociale à l’enfance. "Je reçois beaucoup d’enfants, mais ces deux-là seront dans ma vie pour toujours", sanglote-t-elle.

Corinne Dubois décline son parcours académique : ses années au lycée Jean-Vigo de Millau, celles au Centre de formation d’apprentis à Rodez. "Il a eu trois CAP", précise-t-elle, les yeux rougis. Un en bar-brasserie-café, un autre en service hôtellerie-restauration et un autre en vente."

Elle poursuit son CV : son apprentissage au relais de l’aire d’autoroute du Larzac, son passage au restaurant Léonie de Millau, puis, tout récemment, son contrat au restaurant La Cave des saveurs, à Roquefort-sur-Soulzon. Un parcours qui paraît exemplaire, interrompu par cette Obligation de quitter le territoire (OQTF), reçue en juillet.

"Le renouvellement de son titre de séjour tardait, raconte Corinne Dubois. Puis il a reçu cette OQTF. On a saisi le Tribunal administratif qui a demandé ce matin son départ." En quelques heures, la famille a contacté quelques proches à la hâte. Une vingtaine de personnes, dont des membres de la Ligue des droits de l’homme et du NPA, se sont ainsi retrouvées, ce mercredi après-midi, devant la gendarmerie de La Cavalerie, dans laquelle Mahfoud était auditionné. Sans surprise, c’est avec des yeux de maman qu’elle le décrit. "Il est aussi beau à l’extérieur qu’à l’intérieur, sourit-elle tristement. C’est un gentil garçon avec un grand cœur. Quand je me suis fracturé la cheville, lui et son frère sont les premiers à m’avoir appelée. Tous les deux vont aussi régulièrement rentrer le bois chez leurs grands-parents, pour que Papy ne se fasse pas mal au dos. Alors oui, il s’est battu, mais quel gamin ne s’est jamais battu ? Et puis, c’est un garçon travailleur et respectueux. Pendant le Covid, il a été veilleur dans un Ehpad catholique, lui qui est musulman. Ce serait un sale gosse, je n’irai pas mettre ma famille ou la population en danger. Mais là, ce n’est pas le cas !"

Un jeune homme aussi respectueux de son pays d’adoption. "On lui a expliqué comment ça fonctionnait en France, explique Michel, le mari de Corinne. C’est-à-dire que, en arrivant, les jeunes pensent que, en France, tout est payé. Nous, on explique que ce sont les citoyens qui payent pour eux." Derrière lui, Nadir, les bras croisés, est incapable de dire quoi que ce soit sur son frère. Lui est naturalisé. "Ils vont les séparer", regrette Corinne Dubois.

Mahfoud a été emmené au centre de rétention de Toulouse à 19 h. Au père de la famille, un gendarme glisse ne pas appliquer cette décision de gaieté de cœur.

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