Le streaming a-t-il changé notre relation à la musique ?

  • L’acte de collectionner de la musique est plus agréable que contraignant à l’ère du streaming, selon une étude israélienne.
    L’acte de collectionner de la musique est plus agréable que contraignant à l’ère du streaming, selon une étude israélienne. RealPeopleGroup / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Autrefois, pour écouter de la musique, il fallait se procurer des vinyles, des cassettes ou des CD. Mais c’est sans compter l’avènement du streaming, qui a profondément bouleversé notre rapport à la musique. De la rareté à l’accès illimité, les plateformes comme Spotify et Apple Music nous permettent désormais de "collectionner" autant de morceaux que l’on veut en quelques clics. Une révolution des usages loin d’être anodine.


C’est du moins ce qu’affirme une série d’études menées par des chercheurs de l’université israélienne Bar-Ilan, et récemment publiées dans la revue Personal and Ubiquitous Computing. Elles avancent l’idée selon laquelle, à l’ère du streaming, il existe un lien entre le fait d’amasser des morceaux dans des discothèques virtuelles et le plaisir ressenti à l’écoute de la musique.

Le streaming nous permet d’avoir accès en permanence à des dizaines de millions de titres, que ce soit chez soi ou en mobilité. Résultat, on passe plus de temps que jamais à écouter de la musique. La Fédération internationale de l’industrie phonographique estime que l’on consacre, en moyenne, 20,1 heures par semaine à cette activité, selon la dernière édition en date de son rapport annuel "Engaging with Music".

Si les plateformes de streaming sont des jukeboxes géants, elles redéfinissent la notion de propriété. Les chansons qu’on enregistre dans des playlists ne nous appartiennent pas réellement : elles sont mises à notre disposition à n’importe quel moment, à condition que l’on possède un abonnement— gratuit ou, idéalement, payant.

"Raviver la passion pour la musique"

Une subtilité qui a toute son importance. L’équipe de recherche de l’université Bar-Ilan, dirigée par le professeur Ofer Bergman, a constaté que la musique suscite moins d’enthousiasme qu’auparavant chez les mélomanes. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont demandé à 40 volontaires de répondre à deux questionnaires et de participer à une expérience, destinée à évaluer leur plaisir d'écoute en temps réel, avant et après avoir "collectionné" de la musique. Cette méthodologie a permis de mettre en lumière le fait que l’abondance de chansons disponibles gratuitement ou à moindre frais sur les plateformes de streaming a contribué à "déprécier" leur évaluation subjective de la musique. En d’autres termes, le quatrième art a quelque peu perdu de son intérêt puisqu’il est, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, accessible au plus grand nombre. De plus, les chercheurs ont remarqué que les participants de l’étude estiment que l’acte de collectionner de la musique est plus agréable que contraignant à l’ère du streaming. En effet, il suffit de "liker" les morceaux ayant attiré notre attention pour qu’ils soient automatiquement sauvegardés dans notre discothèque virtuelle, ou d’écouter des playlists spécialement conçues en fonction de nos goûts musicaux— ou plutôt de ce que l’on a précédemment écouté— par des algorithmes surpuissants. Mais le professeur Ofer Bergman et ses confrères encouragent les utilisateurs des plateformes de streaming à garder le contrôle de leur expérience musicale en "collectionnant" eux-mêmes des chansons. "En s'engageant activement dans l'acte de collecte sur les plateformes de streaming, les utilisateurs peuvent augmenter leur degré de satisfaction et éventuellement raviver leur passion pour la musique", a déclaré le spécialiste dans un communiqué. "En reconnaissant l'importance de la collection musicale à l'ère du streaming, il est possible de parvenir à un équilibre harmonieux entre les recommandations algorithmiques et la curation personnelle, ce qui permettra de revigorer et d'enrichir le voyage musical de chacun".

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