Santé : urgences, médecine rurale, mal-être des soignants... les chantiers du ministre Aurélien Rousseau

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  • Le ministre de la Santé fait le point sur les questions de santé.
    Le ministre de la Santé fait le point sur les questions de santé. Midi Libre - SYLVIE CAMBON
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Recueillis par Olivier Biscaye

Offre de soins, mal-être des soignants, prévention…, le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a fait le point à l’occasion de son déplacement dans le Gard, vendredi 25 août 2023.

La situation des urgences a été tendue cet été, certains services ont même fermé. Comment envisagez-vous la rentrée ?

Sur les 680 services d’urgence dans notre pays, cinq sont fermés, une quarantaine a connu des fermetures partielles et 13,5 % d’entre eux ont leur accès régulé par le 15.

Ce n'est pas une situation satisfaisante

Ce n’est évidemment pas une situation satisfaisante, mais on a réussi à construire un système avec des solutions intermédiaires et une responsabilité territoriale basée sur la coopération entre les structures et les professionnels des territoires.

Globalement, les élus ont apprécié la transparence des pouvoirs publics et ont été en permanence associés à l’ensemble des décisions pour permettre aux citoyens d’avoir accès aux soins. Je note par ailleurs que la coopération public - privé a été de bon niveau, ça doit devenir un réflexe.

La réalité n’est donc pas si catastrophique que certains soignants le disent ?

Quand vous êtes soignant et que vous ne pouvez pas assurer l’ouverture de votre service la nuit, c’est d'une violence extrêmement forte. Je ne vais pas relativiser ce qui est ressenti par des personnels, je ne suis absolument pas dans le déni.

Je ne vais pas relativiser ce qui est ressenti par des personnels, je ne suis absolument pas dans le déni

On sait que l’on a devant nous cinq à huit ans très difficiles en terme de démographie médicale avant que les mesures décidées dès 2018 par le président de la République ne produisent leurs effets. Mais on sait aussi que des dispositifs innovants et simples existent pour répondre à ces difficultés d’organisation, je l’ai constaté à l’occasion de tous mes déplacements.

Pour beaucoup de Français, ces dispositifs innovants s’apparentent surtout à du bricolage, vous ne faites que boucher des trous…

Les Français ont raison de considérer que ce n’est pas le même service public aujourd’hui que celui qui était rendu hier. Ils savent aussi que ce à quoi on fait face dans la santé est un phénomène répandu partout ailleurs, l’attractivité, la fidélisation, l’acceptation du travail de nuit, les réorientations professionnelles…

Attractivité, travail de nuit, réorientation professionnelle...

Des soins peuvent être pris en charge par différents professionnels de santé, par exemple la possibilité pour les pharmaciens de vacciner. Nous devons imaginer de nouvelles solutions concrètes et durables et sans cesse faire évoluer l’organisation de notre système de santé. Je pense aux coopérations interprofessionnelles, aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et à la prévention.

La prévention, ce n'est pas un supplément d'âme

La prévention par exemple, ce n’est pas un supplément d’âme. En insistant sur le réflexe du port du masque en cas de symptôme, on a une partie de la solution pour désengorger les urgences et les cabinets des médecins dans les cas de grippe, de gastro ou de bronchiolite.
Face à la désertification médicale, les élus plaident pour l’adaptation et les solutions locales.

Est-ce votre état d’esprit ?

Absolument ! Une fois que les acteurs locaux, et les soignants au premier chef, ont élaboré un mode d’organisation pertinent pour répondre aux besoins de leur territoire et surtout pour les usagers, à nous de trouver les outils pour les accompagner. Ce serait une erreur de faire tomber d’en haut un schéma tout prêt.

C’est un changement culturel dans le pilotage de l’administration du ministère de la Santé. Sur ce point, le Covid nous a beaucoup appris, on a adapté et inventé, on a pris des risques, on a eu des échecs mais aussi des succès. C’est cette dynamique que je souhaite amplifier.

Je plaide pour qu’au niveau de l’internat, les jeunes médecins en formation fassent plus de stages dans des hôpitaux généraux

Obliger les médecins à s’installer dans des zones en tension est-elle une piste ?

On n’a aucune certitude que les mesures coercitives conduiraient un médecin à s’installer en zone rurale ! En revanche, je plaide pour qu’au niveau de l’internat, les jeunes médecins en formation fassent plus de stages dans des hôpitaux généraux. Il faut par ailleurs privilégier la création de médecins enseignants territoriaux pour mieux répondre aux besoins de chaque territoire.

Les petites unités hospitalières ont-elles toujours vocation à fermer dans des territoires où les élus les estiment nécessaires ?

Je ne laisserai jamais fermer un service pour des questions budgétaires mais je ne laisserai pas maintenir un service dans lequel jamais ni vous ni moi ne mènerions nos enfants pour des soucis de santé. La question, c’est la qualité et la sécurité des soins. La ligne est très claire.

Les soignants ne cessent d’exprimer leur épuisement. Quelle réponse comptez-vous leur apporter ?

Je suis très attentif à l’expression des soignants. Je veux leur dire que nous ne sommes plus dans le temps des diagnostics, nous sommes dans le temps des preuves. Je constate qu’une partie des décisions prises il y a quelques années par mes prédécesseurs en matière de ressources humaines notamment produisent leurs premiers effets.

Les soignants reconnaissent qu’il y a eu des avancées, mais ça ne suffit pas, j’y travaille avec l’ensemble des professionnels, je ferai des annonces prochainement.

On évoque le doublement de la franchise lors d’achat de médicaments. Confirmez-vous ?

C’est en effet une des pistes à l’étude. Ma préoccupation principale est que les malades de longue durée ne soient pas pénalisés par cette mesure. Si on bouge sur le montant des franchises, je plaide pour que l’on ne bouge pas sur le plafond, qui est aujourd’hui de 50 € par an, et qu’il ne soit pas doublé.

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