Aux assises de l’Aveyron, un père face aux accusations de sa fille dans une affaire d'inceste

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  • Me Hubert Aoust et Me Stéphanie Boutaric, avocats de la défense.
    Me Hubert Aoust et Me Stéphanie Boutaric, avocats de la défense. Centre Presse Aveyron - Mathieu Roualdès
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Mathieu Roualdès

Une deuxième affaire d’inceste est jugée cette semaine devant la cour d’assises de l'Aveyron. Libre, un père nie avoir violé sa fille. Il encourt 20 ans de réclusion. Le verdict est attendu lundi 18 septembre 2023.

C’est un procès de plus. Encore un. En Aveyron, cette terre où jadis il se disait qu’on y égorgeait les hommes comme les cochons, les crimes de sang ont presque disparu de la cour d’assises. En parallèle, les affaires d’inceste, elles, se multiplient depuis plusieurs années. "Il n’y a plus que cela désormais !", entend-on régulièrement dans les couloirs du palais de justice. Le constat n’est pas exagéré. Il se justifie d’autant plus depuis la libération de la parole et une société qui, enfin, ne détourne plus le regard. En France, toutes les trois minutes, un enfant est victime d’une agression sexuelle ou d’un viol…

Dans les tribunaux, ces affaires sont la plupart du temps jugées à huis clos, les victimes étant mineures. C’était partiellement le cas pour le premier dossier de cette nouvelle session d’assises à Rodez, jugé de lundi à mercredi. Un père de famille, installé à Sonnac dans l’Ouest-Aveyron, a écopé de 15 ans de réclusion pour les viols de sa fille, entre ses 10 et 13 ans, puis de sa belle-fille, âgée seulement de 7 ans… Les jurés n’ont pas eu de mal à se décider, l’accusé a reconnu tous les faits.

"Je suis non coupable"

Ce ne sera pas si aisé pour le deuxième procès de cette session. Il s’est ouvert jeudi 14 septembre matin. Le verdict est attendu lundi 18 septembre. Ici, c’est parole contre parole. Celle d’une jeune fille, déficiente mentale et scolarisée depuis son plus jeune âge en Institut médicoéducatif (IME), accompagnée de sa mère. À l’été 2018, alors qu’elle vient tout juste de fêter ses 18 ans, elle demande à renouer le lien avec son père, perdu depuis plus de dix ans…

Elle renoue avec son père

Sa mère, installée dans le Béarn, accepte. Elle reprend alors contact avec son ex-compagnon. Lui a fait toute sa vie en Aveyron. Maçon de profession, il vit en concubinage à Onet-le-Château avec la mère de son deuxième fils. Il accepte ce retour dans sa vie. Père et fille passent un premier week-end ensemble. C’est le Tour de France à Rodez et tout se passe bien. Puis, ils se retrouvent de nouveau en août. Cette fois, les vacances ne sont pas si joyeuses. Le père et sa nouvelle compagne se séparent.

Le foyer éclate et père et fille se retrouvent seuls dans une maison familiale. On est le 15 août. Quelques jours plus tard, elle s’ouvrira à sa famille sur cette journée. Ou plutôt soirée, où elle dit avoir été réveillée par son père. Selon ses dires, il l’aurait alors violentée puis violée. À deux reprises. Elle n’avait jamais eu de relations sexuelles jusqu’alors. Une plainte est déposée.

Le mauvais portrait de l’ex

Entendu près d’un an plus tard (!) par les policiers ruthénois, l’accusé, né en 1975 dans le Nord du Portugal, nie tout en bloc. Au tribunal, il s’est avancé libre. Chemise blanche, physique athlétique, il s’est montré peu disert sur sa vie malgré la présence de sa famille, en soutien. "J’ai une bonne éducation, mes parents sont venus du Portugal, on a toujours travaillé", explique-t-il.

Les nombreuses questions de la présidente sur ses passions pour l’automobile, les sorties où il lui arrivait de faire DJ dans des boîtes du coin ou encore son rapport à l’alcool n’ont pas apporté grand-chose. L’homme est méfiant et il veut surtout crier son innocence. "Je suis non coupable. Jamais, je n’ai touché une femme, ni un enfant ! Jamais, je n’ai fait de mal", finira-t-il par dire. Pour lui, "cette histoire, c’est un complot" de la part des mères de ses deux enfants et notamment la dernière. "Elle ne veut pas que je voie mon petit", assure-t-il. Entendue comme témoin, elle répondra "qu’elle lui a toujours laissé voir son fils jusqu’à la révélation des faits" et dressera un piètre portrait de son ex : violent verbalement, absent de l’éducation des enfants… "Il travaillait, rentrer à la maison, manger, regarder Plus belle la vie et au lit ! Sexuellement ? C’est un homme infidèle."

"Le doute" de l’enquêteur

La défense, elle, s’est davantage attardée sur un autre témoignage. Celui de l’officier de police judiciaire, en charge de l’enquête à l’époque des faits. Après avoir retracé les deux versions qui s’opposent, l’animosité entre l’accusé et ses anciennes compagnes, il a conclu en avouant que "le doute existe dans ce dossier".

Un doute qui, comme l’a rappelé la présidente Véronique Maugendre lors de la prestation de serment aux jurés, "doit profiter à l’accusé présumé innocent". Laissant ainsi la porte ouverte aux conseils de la défense, Me Hubert Aoust et Me Stéphanie Boutaric, de plaider l’acquittement de leur client. En attendant, il doit être entendu aujourd’hui sur cette soirée du 15 août. Tout comme sa fille, très souvent submergée par l’émotion sur les bancs de la partie civile, aux côtés de sa mère.

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