Toujours appréciées, les relations entre générations s'amenuisent

  • La majorité des relations entre générations sont familiales et 97% des 60 ans et plus ont des contacts avec leurs petits-enfants.
    La majorité des relations entre générations sont familiales et 97% des 60 ans et plus ont des contacts avec leurs petits-enfants. FG Trade / Getty Images
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ETX Daily Up

(AFP) - Les liens entre générations s'amenuisent, mais la moitié des jeunes comme des seniors aimeraient avoir plus de relations avec d'autres générations, indique l'association Les Petits Frères des Pauvres dans son 8e baromètre annuel publié jeudi.

Covid, poids des retraites, dérèglement climatique: alors que les crises semblent pouvoir générer un conflit entre générations, l'association, qui lutte contre l'isolement des personnes âgées, s'est penchée sur les liens entre générations.

L'enquête montre "clairement une réelle envie chez les jeunes comme chez les personnes âgées de créer et maintenir les liens entre les générations. Non, jeunes et vieux ne sont pas indifférents aux liens qui les unissent", commente l'association.

La majorité des relations entre générations sont familiales et 97% des 60 ans et plus ont des contacts avec leurs petits-enfants, constate l'enquête réalisée par l'institut CSA auprès de 1.500 personnes de 60 ans et 1.000 jeunes de 18 à 30 ans.

Mais un quart des personnes âgées voit "moins ses enfants et ses petits-enfants qu’auparavant". Plus d’un jeune sur deux voit "moins ses grands-parents qu’auparavant", indique l'enquête "Isolement des personnes âgées et liens entre générations".

Évènements familiaux, vacances, garde d’enfants sont les trois grandes occasions d’activités communes entre générations. C'est entre 60 et 69 ans que les liens sont les plus forts: les seniors plus disponibles gardent davantage les petits-enfants.

Après 80 ans, ces relations familiales s’amenuisent. "Les seniors sont moins mobiles, ne conduisent plus, les transports en commun ne sont pas adaptés, ou bien ils entrent en Ehpad", explique Isabelle Sénécal, responsable de plaidoyer de l'association.

C'est aussi le moment où les petits-enfants, entre 18 et 30 ans, s’éloignent pour leurs études ou leur travail dans d’autres régions ou à l’étranger, construisent leur vie et se concentrent sur leurs propres enfants.

Quelque 2,5 millions de personnes âgées n’ont pas d’enfant ou bien pas de contacts avec eux.

L’éloignement géographique et les freins à la mobilité sont les obstacles principaux aux contacts, relève l'association qui recommande de faciliter la mobilité des seniors.

Pour favoriser les liens, les Petits Frères des Pauvres préconisent une tarification pour les familles élargies, incluant les grands-parents, pour les transports, billets SNCF, résidences de vacances, tarifs de musées...

Car le désir de fréquenter plus jeune ou plus vieux que soi reste fort: 52% des jeunes sont demandeurs de plus de liens avec les personnes âgées, 44% des 60 ans et plus le sont envers les jeunes. "Mais chacun a le sentiment de ne pas intéresser l'autre", relève Mme Sénécal.

- Argument commercial -

Si la famille reste un pilier, hors famille c'est le travail qui est le premier lieu de contacts entre générations.

Parmi les préconisations, les Petits Frères des Pauvres défendent donc le maintien des seniors dans l’emploi et le développement d'actions de tutorat/mentorat.

Loin derrière la famille et le travail, les points de rencontre sont les associations et le voisinage.

L'association préconise de maintenir les commerces de proximité, lieux où les générations se rencontrent. Et des cafés près des Ehpad, des lieux de restauration collective ouverts aux personnes âgées, des "conseils des jeunes et des seniors" dans les communes, comme autant d'occasions de se croiser.

La précarité - des jeunes comme des seniors - est facteur d’isolement: ceux qui ont un petit revenu vont moins vers les autres, peuvent moins se déplacer, aller au restaurant.

L’association recommande de sensibiliser la jeunesse à l’intérêt des liens entre générations. Elle lance en octobre un programme de sensibilisation en milieu scolaire sur le vieillissement et la lutte contre l’âgisme.

Elle préconise de favoriser la culture de bénévolat chez les jeunes, et notamment le Service Civique Solidarité Senior (SC2S), créé en 2021: 4.500 jeunes se sont engagés dans des missions auprès de 70.000 personnes âgées entre août 2022 et juillet 2023.

Mais elle met en garde contre l’intergénérationnel "utilisé comme argument commercial pour des prestations payantes": visites de courtoisie à domicile, micro-crèche dans les Ehpad ou cohabitation intergénérationnelle solidaire.

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