Séisme au Maroc : "C'est inenvisageable que l'on n'arrive pas", immersion au coeur du convoi humanitaire de l'Aveyron et de la Lozère

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  • "Au nom de tout le peuple marocain et d'Argana, je tiens à vous dire à quel point vous nous avez touchés par la grande peine que vous avez prise pour venir jusqu'à nous. Vous êtes ici chez vous."
    "Au nom de tout le peuple marocain et d'Argana, je tiens à vous dire à quel point vous nous avez touchés par la grande peine que vous avez prise pour venir jusqu'à nous. Vous êtes ici chez vous." Midi Libre - Célian Guignard
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Célian Guignard

Après un voyage monstre de quatre-vingt-une heures, commencé le mardi 19 septembre 2023, les huit chauffeurs ont atteint le Haut-Atlas, le vendredi 22 suivant, dans la soirée. Les 80 m3 de dons ont été confiés à l'association Maison du Miel Argana et au dispensaire de la ville. 
 

Les traits étaient tirés, mais la joie d'être arrivés à destination l'a emporté sur la fatigue. Ce vendredi 22 septembre, à 22 h, le convoi humanitaire Emmaüs, chargé de dons en provenance de Mende, Marvejols, Rodez et Millau, est entré dans la cour de la Maison du miel à Argana, dans le Haut-Atlas.

Que son voyage fut long : quatre-vingt-une heures, en comptant les vingt-six passées au port de Tanger Med. "Avec Emmaüs, c'est toujours à l'arrache mais on y arrive à chaque fois. L'esprit de l'abbé Pierre veille sur nous", prophétisait plus tôt sur le trajet Véronique Magnaux, la responsable de la communauté Emmaüs de Rodez. 

Déchargement le soir même

"C’est inenvisageable que l’on n’arrive pas au Maroc, clamait quant à lui Mostafa Zinini, salarié d’Emmaüs Rodez, quand les premières difficultés ont été rencontrées sur le port espagnol d'Algésiras. Il faut voir tout le travail que les compagnons ont accompli. On doit aller au bout."

Pour accueillir la petite délégation française, étaient présents des habitants ainsi que le président de la commune (l'équivalent du maire en France, NDLR) et ancien député du royaume entre 2011 et 2016, Lahcen Amrouch (parti de l'Istiqlal). Après avoir bu le traditionnel thé à la menthe, il était déjà temps de décharger toute la marchandise. 

Aucun mort à Argana

Pendant que les camions étaient vidés, les discussions tournaient évidemment autour du séisme, qui a touché la région dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre. "Ici, à Argana, les gens ont ressenti le séisme à 6,8, affirme Lahcen Amrouch. Moi, j'étais à Agadir. Dans la rue, on voyait les immeubles qui bougeaient, les fils électriques qui faisaient des étincelles en se touchant. Mais là-bas, il n'y a pas eu de gros dégâts. Depuis le tremblement de terre de 1960 (qui a rasé la ville et tué 12 000 personnes, NDLR), les règles pour construire sont très strictes."

Si la province de Taroudant déplore près de 500 décès, aucun habitant d'Argana n'a trouvé la mort lors de cette catastrophe naturelle. "Toutes les maisons assez récentes ont résisté, justifie l'homme politique. Ce sont surtout les habitations traditionnelles qui se sont effondrées." Le lendemain, Lahcen Amrouch a participé à une commission sécurité dans sa commune, lors de laquelle il a néanmoins constaté un grand nombre de logements inhabitables en raison des fissures qui s'y sont formées.

Le dispensaire livré en matériel médical

La majorité des dons seront acheminés, plus tard, dans les villages les plus touchés par le séisme. Le matériel médical, en revanche, a été livré au dispensaire du village, le samedi, et non pas à Marrakech comme prévu initialement. Le retard de deux jours du convoi n'a en effet pas permis aux bénévoles de se rendre dans la Ville rouge. 

Avant leur départ, le lendemain à 17 h 30, le président de la commune a tenu à remercier les huit chauffeurs : "Au nom de tout le peuple marocain et d'Argana, je tiens à vous dire à quel point vous nous avez touchés par la grande peine que vous avez prise pour venir jusqu'à nous. Vous êtes ici chez vous et nous espérons vite vous revoir dans de meilleures circonstances." 

Il faudra dans tous les cas penser à un nouveau voyage, quelle qu'en soit la forme, alors que de nombreux dons sont restés en Aveyron, faute de place dans les camions.

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