Un seul cas de rage contractée en France depuis 99 ans : pourquoi une femme est morte de cette maladie ce 9 octobre à Reims ?

  • Reims : une femme meurt de la rage.
    Reims : une femme meurt de la rage. Illustration - Destination Santé - DR
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Laurent Roustan, avec Destination Santé

La patiente avait été admise au CHU de Reims le 7 octobre, elle est décédée de la rage deux jours plus tard. Si une seule personne est décédée après avoir contracté la rage en France depuis 1924, des Français peuvent mourir de cette maladie. Voici comment.

Elle est décédée malgré une prise en charge rapide. Jeudi 12 octobre, le CHU de Reims (Marne), a annoncé la mort d’une patiente atteinte de la rage, admise le 7 octobre et décédée 2 jours plus tard.

Accompagnée d’un homme, cette femme s’était présentée à l’hôpital le samedi précédent. Tous les deux avaient été blessés par un chat sauvage quelques semaines auparavant dans un pays du Maghreb. Immédiatement, le personnel soignant a identifié les symptômes de la rage et l’a traité de manière adaptée. Hospitalisée en réanimation, la femme a malheureusement succombé à la maladie deux jours après. L’homme, asymptomatique, s’est vu administrer une vaccination prophylactique post-exposition et placé sous surveillance.

Le Centre national de référence de la rage (CNRR), sous contrôle de l’Institut Pasteur et seul organisme habilité à poser le diagnostic de la rage, a confirmé le mercredi 11 octobre le décès de cette femme par contamination du virus rabique.

Très rare cas de rage en France

Avant cela, aucun cas n’avait été observé en France métropolitaine depuis 1924... exception faite d'un homme, en août 2019 en Nouvelle Aquitaine, décédé de la rage vraisemblablement à la suite d'une morsure de chauve-souris. 

Chez les animaux, "la France est indemne de rage des mammifères terrestres non volants depuis 2001", le dernier cas de rage sur animal ayant été enregistré en 1998 souligne l’Institut Pasteur. Mais chez les mammifères volants, les chauves-souris, le virus circule encore.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) n'a recensé que 23 décès humains en France depuis 1970, et la quasi-totalité de ces décès faisait suite à une contamination par morsure hors du territoire français.

En France, trois situations sont considérées à risque :

  • Les morsures, griffures et autres contacts de salive sur plaie ou muqueuse dans un pays où la rage circule chez les chiens ou la faune sauvage (Guyane incluse) ;
  • les contacts avec des chauves-souris, partout dans le monde notamment en France métropolitaine ;
  • les morsures, griffures et contacts sur plaie ou muqueuse avec un animal ayant voyagé illégalement hors de l’Union européenne dans vaccination antirabique.

Près de 2 400 Français traités contre la rage en 2022

En cas de contact avec un animal suspect, le traitement consiste en un nettoyage immédiat des plaies à l’eau et au savon durant 15 minutes et l’application d’un antiseptique. La prophylaxie comprend un vaccin et une immunoglobine antirabique, des anticorps, pour les expositions les plus sévères.

"En 2022 en France, 2 391 personnes ont reçu une prophylaxie post-exposition dans un centre antirabique français parmi lesquelles 62,2 % de personnes exposées à l’étranger", détaille l’Institut Pasteur. Réalisée à temps, la prévention est efficace à 100 %. "Le traitement doit être effectué rapidement après l’exposition, avant l’apparition des premiers symptômes qui signe une évolution inexorablement fatale", ajoute l’Institut Pasteur.

Après une incubation qui peut durer 2 à 3 mois, les premiers symptômes sont une fièvre accompagnée de douleurs et des fourmillements ou brûlures au niveau de la blessure.

59 000 décès par an dans le monde

Il existe deux formes de rage, que détaille l’OMS :

  • "La forme ‘furieuse’, avec une hyperactivité du malade, une excitabilité, des hallucinations, un manque de coordination, une hydrophobie (peur de l’eau) et une aérophobie (peur des courants d’air ou de l’air frais). Le décès survient en quelques jours par arrêt cardiorespiratoire.
  • La forme paralytique concerne environ 20 % des cas humains. L’évolution est alors moins spectaculaire et en général plus longue que pour la rage furieuse. Les muscles se paralysent progressivement, à partir de l’endroit de la blessure. Le coma s’installe lentement et le patient finit par mourir. Les cas de rage paralytique sont souvent mal diagnostiqués, ce qui contribue à la sous-notification de la maladie."

Le virus atteint le système nerveux central et "entraîne une inflammation progressive et mortelle de l’encéphale et de la moelle épinière".

Dans le monde, la rage est responsable chaque année de 59 000 décès, principalement en Asie et en Afrique et le plus souvent après la morsure d’un chien enragé.

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