L'eau du robinet impropre à la consommation en France : ce mail interne de l'ARS qui jette le trouble
Révélé par "Le Canard enchaîné", un mail confidentiel du directeur de l'ARS Occitanie adressé à ses cadres de l'agence dressait un constat alarmant sur la qualité de l'eau potable, annonçant qu'elle "ne doit plus être consommée" et conseillant de ne pas faire d'analyse jusqu'en 2026, date de la mise en place d'un contrôle renforcé de cette eau du robinet.
"Il y a des PFAS (...) et des métabolites partout. Et, plus on va en chercher, plus on va en trouver" : dans un mail confidentiel adressé à ses cadres, daté du 23 septembre et révélé ce mercredi 18 octobre par "Le Canard enchaîné", le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) Occitanie Didier Jaffre s'alarmait de la qualité de l'eau du robinet, non seulement pour la région dont il était responsable, mais pour la France entière.
Trop de cochonneries dans les robinets ? Un directeur d'ARS sonne l'alarme sur l'eau potable dans un message confidentiel que "Le Canard" a pu consulter. En cause : les polluants éternels (PFAS) et les résidus de pesticides qui envahissent les tuyaux…
— Le Canard enchaîné (@canardenchaine) October 18, 2023
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"Elle ne doit plus être consommée"
Dans ce mail, le directeur de l'ARS n'y allait pas par quatre chemins, conseillant que cette eau "ne doit plus être consommée, mais seulement utilisée pour tout le reste", et qu'il fallait penser à "changer d’approche et de discours" en conseillant par exemple aux Français à ne boire que "l'eau en bouteille".
Des contrôles qualité ? "Ne pas les faire" jusqu'en 2026
Mais l'approche et le discours sur la qualité de notre eau potable n'est pas près de changer tout de suite, suggère par ailleurs le mail du directeur de l'ARS Occitanie. Ce dernier conseille ainsi de ne pas faire les analyses et contrôle de l'eau du robinet jusqu'en 2026, date à laquelle ces contrôles seront renforcés. Est-ce à dire que le résultat de ces analyses dépasseraient la limite de qualité de l'eau potable ? Bien souvent oui, si l'on en croit le dernier rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publié en avril 2023.
Plus de la moitié des eaux potables contaminées
L'enquête de ce rapport avait recherché 157 pesticides et leurs métabolites, c'est-à-dire des composants issus de leur dégradation, dans des prélèvements d'eau issus de tout le territoire, outre mer compris. Il en résultait que l'un de ces métabolites, celui du chlorothalonil R471811, issu d'un fongicide interdit depuis 2020, se retrouvait dans plus d'un prélèvement d'eau sur deux, et qu'il dépassait la limite de qualité dans plus d'un cas sur trois. Or, comme les PFAS, ces métabolites sont très stables chimiquement, ce qui les rend résistants à la dégradation et persistants dans l’environnement, d'où leur surnom de "polluants éternels".
Des risques "avérés" sur la santé
Selon plusieurs études ainsi que l'Anses, rapporte Midi Libre, les PFAS présentent des risques sur la santé humaine "suspectés, voire avérés" : fertilité, diabète, obésité, cancers, perturbateurs endocriniens, avec des effets néfastes sur les systèmes cardiovasculaire, immunitaire ou hormonal après une exposition (ou une consommation) régulière…
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