Le Ruthénois Arnault Ménatory assure la sécurité du plus vaste "grand magasin" d’Europe

Il aurait pu hériter du rôle principal ou inspirer la série réalisée (et interprétée) par Mathieu Kassovitz, "Le bureau des légendes". à la différence qu’il n’a jamais caché son identité, opérant ainsi à visage découvert. Arnault Ménatory est responsable sûreté aux Galeries Lafayette Haussmann (dans le 9e arrondissement), près de l’Opéra Garnier à Paris.

Les chiffres de ce magnifique paquebot, (largement) centenaire, donnent le vertige : plus vaste "grand magasin" d’Europe et deuxième au niveau mondial, après Macy’s Herald Square à New York, plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 37 millions de visiteurs par an, 12 000 salariés...

L’Aveyronnais, ajoint au directeur, ne manque pas de casquettes : responsable de la gestion de crise, de la lutte contre la démarque inconnue, des procédures sûreté, de la lutte contre les fraudes, mais aussi de la gestion de projets sûreté (formation, conformité RGPD...) et en charge des relations avec les services extérieurs (publics et privés).

Il rêvait d'une tenue d'officier

Né à Rodez, en 1993, dans une famille aveyronnaise d’adoption (un père qui a vu le jour à Alès et qui a des racines en Lozère, une mère qui a passé jeunesse et adolescence à Montpellier), Arnault Ménatory a grandi dans le chef-lieu de l’Aveyron, décrochant un bac série S au lycée Foch.

Il a alors rejoint Toulouse pour un master 1 en droit public, avant de rallier Toulon, en 2016, pour un master 2 en droit sécurité défense avec, pour objectif principal, de "revêtir la tenue d’officier sous contrat dans l’armée de terre".

"Dans le privé après l’infanterie"

Il a intégré le 4e bataillon de l’école spéciale militaire Saint-Cyr, puis le 1er régiment des tirailleurs à Epinal. Sans pouvoir toutefois aller au terme de cette formation. Il n’a pas oublié : "J’ai préféré démissionner à cause de sérieux problèmes de dos. Il n’était pas question de me retrouver dans un bureau. Je voulais commander, sur le terrain".

Il s’est donc "tourné vers le privé", avec un master 2 "risques, sûreté internationale, cybersécurité", à l’école de guerre économique à Paris. Il a effectué son alternance aux Galeries Lafayettes Haussmann, où, à l’issue, il lui a été proposé un CDI. "C’est un métier passionnant, assure l’intéressé, avec un grand sourire. Je n’ai pas le moindre regret par rapport à ma première vie car j’envisageais sept à douze ans dans l’infanterie, avant de passer à autre chose. J’ai juste sauté une étape !".

Et plus tard alors ? "Chaque chose en son temps, glisse-t-il. Pour l’instant, je suis très bien à mon poste actuel". Malgré un emploi du temps "très chargé", Arnault Ménatory n’a pas coupé le cordon. "Je prends des nouvelles le plus souvent possible et je rentre assez régulièrement, confirme-t-il. Il y a toujours, à Rodez, mes parents, Christine et Hugues, mon frère Thibault et mon neveu. J’ai gardé un lien très fort. Et, si j’ai perdu l’accent, je conserve, en revanche, le chauvinisme qui caractérise les Aveyronnais".

Jeune président d'une association

Cet ancien locataire, pendant trois ans, de L’Oustal à Bercy, poursuit volontiers : "Et si je n’ai pas le loisir de descendre, je garde le contact en retrouvant les potes parisiens dans les brasseries aveyronnaises pour un bon aligot et pour parler du pays".

Comme il lui restait un peu de place sur son agenda, le trentenaire ruthénois a été élu, la semaine dernière, président de Générations sécurité, succédant à Laure Dorey. "Association au rayonnement national, elle réunit des cadres de la sécurité globale, de tous âges et horizons, auxquels elle offre un lieu d’échanges et de réflexion", détaille-t-il.