Salles-la-Source : un troisième projet photovoltaïque en dix ans, jugé trop démesuré, inquiète élus et habitants

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  • Jean-Louis Alibert, maire de Salles-la-Source, pointe du doigt le projet qui fait débat.
    Jean-Louis Alibert, maire de Salles-la-Source, pointe du doigt le projet qui fait débat. Centre Presse Aveyron - O. C.
Publié le , mis à jour

La commune vient de délibérer contre un troisième projet photovoltaïque estimé, à nouveau, trop démesuré.

En pointant du doigt la carte communale au-dessus de son bureau, Jean-Louis Alibert, maire de Salles-la-Source, s’en mordrait justement presque les doigts. "J’ai reçu les instigateurs du premier projet en 2014 par curiosité. Ce projet était déjà trop grand avec des conséquences environnementales désastreuses sur le causse. Depuis, ils ne cessent de revenir à la charge".

Troisième projet en dix ans

De guerre lasse, pas tout à fait. À Salles-la-Source, comme pour l’affaire dite de la cascade, on est tenace. Le projet Voltalia de 73 hectares de panneaux photovoltaïques sur le causse, entre Cadayrac et Mondalazac, au pied du château de Colombier dont le propriétaire fait partie des porteurs de projet, est le troisième à émerger en près d’une décennie sur la commune.

Actuellement en phase d’instruction, les élus, de la majorité comme de l’opposition, de la municipalité comme de l’intercommunalité, associations et collectifs à l’appui, affichent leur opposition.

55 stades Paul-Lignon

Le permis de construire a été déposé l’an dernier et la loi d’accélération sur les énergies renouvelables inquiètent édiles et habitants. "Nous ne sommes pas contre les énergies renouvelables, que ce soit éolien, photovoltaïque, méthanisation, bois énergie, ou encore, économies d’énergie. Nous avons d’ailleurs validé des projets photovoltaïques mais à taille humaine et dans des lieux qui s’y prêtent. On n’est pas contre sur le fond mais pas n’importe comment, ni n’importe où. Ce projet est l’équivalent au sol de cinquante-cinq stades Paul-Lignon !", fait remarquer Jean-Louis Alibert.

Risques pour la biodiversité

Récemment, Jacques Molières, président de la Chambre d’agriculture, s’est aussi prononcé contre ces gigantesques projets photovoltaïques au sol, tout comme la commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers.

La Direction départementale des territoires a également donné un avis négatif sur le projet. "Le projet aura un impact direct sur le paysage dont il remet en cause son identité et sa qualité". Et selon la Mission régionale d’autorité environnementale de l’Occitanie, il y a "292 espèces de flore, ce qui constitue une diversité élevée, avec trois espèces rares et protégées : le séneçon de Rodez, la sabline des chaumes et la véronique en épi. Cinquante espèces protégées ont été observées (et) le projet conduira à la perte d’habitats pour des espèces d’oiseaux protégées telles que l’œdicnème criard, la pie-grièche écorcheur, l’engoulevent d’Europe ou encore l’alouette lulu".

Gare au miroir aux alouettes, les opposants, dont le maire en première ligne, demeurent prudents et nuancés. "En dénommant le projet d’agrivoltaïque, on joue avec les mots et on trompe les gens. Ce projet n’a rien d’agricole, au contraire". Le diable se niche dans les détails et le maire établit un parallèle avec les gros projets de méthanisation "qui aliment les méthaniseurs et non les animaux".

Dans l’attente de l’enquête publique, Jean-Louis Alibert espère "rester maître de l’aménagement du territoire pour le valoriser par le tourisme". Et de rappeler les 350 sites archéologiques de sa commune dont cinquante-six dolmens.

En chiffres

12, le nombre de centrales au sol photovoltaïques autorisées (données au 31 décembre 2022 en Aveyron).
6,76 MW, la plus importante centrale à l’heure actuelle, qui se trouve à Decazeville-Aubin sur l’ancienne friche industrielle de La Découverte.
8, le nombre de centrales au sol photovoltaïques qui sont en attente ou en travaux.
4 projets sont en instruction dont celui de Voltalia à Salles-la-Source qui serait, avec 48,8 MW la plus importante centrale de l’Aveyron, si celle-ci voit le jour.

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