La musique, grande architecte de nos souvenirs

  • Les fluctuations émotionnelles induites par la musique donnent un caractère mémorable à des expériences assez banales, selon une étude.
    Les fluctuations émotionnelles induites par la musique donnent un caractère mémorable à des expériences assez banales, selon une étude. Jason Doiy / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Chaque jour, la mémoire encode et stocke des informations qui participent à la construction de notre identité. Les émotions jouent un rôle clé dans le processus de mémorisation même si les scientifiques cherchent encore à déterminer jusqu’à quel point. Une nouvelle étude lève quelque peu le voile sur ce mystère par le biais de la musique.


Cette recherche, publiée dans la revue Nature Communications, a été menée par trois chercheurs des universités américaines de Californie (UCLA) et Columbia. Elle montre comment les émotions induites par le quatrième art contribuent à la création de souvenirs distincts et durables.

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont demandé à des auteurs-compositeurs de créer des mélodies destinées à susciter des sentiments joyeux, anxieux, tristes ou calmes, à différentes intensités. Ils les ont ensuite fait écouter à 96 volontaires, tous adultes. Ces derniers devaient, en même temps, imaginer des histoires à partir de plusieurs images "neutres" (c’est-à-dire qui n’étaient pas associées à des émotions positives ou négatives) qu’ils voyaient sur un ordinateur.

Les universitaires ont ensuite distrait les participants de l’étude avant de leur demander de retrouver l’ordre dans lequel ils avaient vu les différentes images. Ils les ont également sondés sur leur perception du temps tout au long de l’expérience, afin de voir si elle changeait en fonction de la musique qu’ils écoutaient.

Ce protocole expérimental a permis de mettre en lumière le fait que les fluctuations émotionnelles induites par la musique donnent un caractère mémorable à des expériences assez banales, ce qui facilite leur mémorisation par le cerveau. "Les changements d'émotions provoqués par la musique ont créé des frontières entre les épisodes qui ont permis aux volontaires de se souvenir plus facilement de ce qu'ils avaient vu et du moment où ils l'avaient vu", a expliqué Mason McClay, un étudiant en doctorat de psychologie à UCLA et auteur principal de l’étude, dans un communiqué.

De plus, Mason McClay et ses confrères ont constaté que la musique a une incidence sur notre notion du temps. En effet, les volontaires avaient des difficultés à se souvenir de l’ordre exact de diffusion des images quand ils écoutaient des mélodies radicalement différentes les unes des autres. Ils avaient, au contraire, une perception du temps plus juste quand la musique ne jouait pas autant sur leurs émotions. Ainsi, ils se remémoraient plus facilement l’ordre de diffusion des visuels quand ils passaient d’un état neutre à joyeux que lorsque les extraits musicaux les rendaient plus tristes.

Si cette étude comporte certaines limites, elle ouvre des perspectives intéressantes sur la façon dont la musique pourrait être utilisée à des fins thérapeutiques, notamment chez les personnes souffrant de dépression ou du syndrome du stress post-traumatique. Pour cause, en situation de stress, le corps sécrète des hormones qui peuvent affecter la communication entre les cellules cérébrales et affecter le processus de mémorisation. Le quatrième art pourrait remédier à cela et, donc, aider les personnes sujettes à l’anxiété à nourrir et préserver leur mémoire.

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