Aveyron : l’hôpital Sainte-Marie inaugure un espace innovant de "crise et apaisement"

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  • Cet espace baptisé Epicea,  d’un coût de 2,8 M€, entrera  en fonction le 5 décembre.
    Cet espace baptisé Epicea, d’un coût de 2,8 M€, entrera en fonction le 5 décembre.
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Xavier Buisson

Le centre hospitalier, avec ce nouveau lieu innovant, renforce la qualité de prise en charge de ses patients… mais aussi son attractivité. De bon aloi dans un contexte national de pénurie de soignants et d’âpre concurrence entre secteurs public et privé, qui n’épargne pas l’Aveyron.

C’est un lieu dédié à la "désescalade" et qui permettra "d’éviter l’isolement et la contention", annonce la directrice de l’hôpital Sainte-Marie Magali Brougnounesque. Ce lundi, le centre hospitalier inaugure la fin des travaux de son Espace psychiatrique intersectoriel crise et apaisement (Epicea).

"Nous avons réhabilité un service ancien, pour améliorer la prise en charge de nos patients et répondre aux normes en termes de superficie", résume la directrice.

L’espace est une unité fermée de la filière courte durée et dispose de seize chambres classiques, mais aussi, afin de "protéger d’eux-mêmes" les patients en crise suicidaire, de trois chambres d’isolement et deux chambres de prévention.

Les barreaux ont disparu des fenêtres

Espace de déambulation, d’accueil des familles, salles de télévision, de jeux… Comme le soulignent les responsables du site, "on est bien loin de l’ambiance du film "Vol au-dessus d’un nid de coucou"".

Ce nouveau lieu est ouvert, lumineux, et les barreaux ont disparu des fenêtres (qui restent sécurisées) à la faveur de ces travaux.

Outre de nouveaux locaux moins rugueux que les anciens, les équipes soignantes disposent depuis peu d’un autre outil servant à la désescalade, une palette des émotions.

Le brevet a été déposé par l’hôpital Sainte-Marie pour protéger cette invention locale. À l’image de l’échelle de la douleur, elle permet à un patient de verbaliser sur son état dans les moments précédant, pendant et après une crise violente.

L’espace Epicea bénéficie d’une installation relativement inédite, dont le financement a été rendu possible par le Rotary club de Rodez. Il s’agit d’une sphère d’apaisement, une pièce d’une quinzaine de mètres carrés dans laquelle le patient se rend lui-même, accompagné d’un soignant.

Sphère d’apaisement et cube de défoulement

Plafond arrondi, musique relaxante et projections de vidéos, selon les goûts du patient et son état, favorisent un retour au calme et évitent qu’une crise ne s’aggrave.

"Je n’ai jamais vu ça ailleurs, et cette sphère favorise le retour à l’apaisement", se réjouit le Dr Rohmer, médecin chef de la filière courte durée.

Quelques mètres plus loin, une autre innovation : le cube de défoulement. Il s’agit d’une pièce dont le sol et les murs sont rembourrés et qui permet aux patients hospitalisés sous contrainte de passer leurs nerfs. Ils s’y rendent de leur propre chef ou y sont envoyés par les soignants qui repéreraient les signes avant-coureurs d’une crise, ce qui permet d’éviter que les malades ne se fassent du mal ou n’agressent les personnels ou d’autres patients.

Salle de balnéothérapie et jardin zen complètent l’offre de cet espace à l’architecture ouverte et aux couloirs bien plus larges que précédemment ; l’Epicea, qui aura coûté 2,8 M€, entrera en fonction le 5 décembre.

"Un problème énorme de salaire, alors les gens partent"

Un outil d’attractivité innovant pour le centre hospitalier, qui emploie actuellement 900 salariés et pâtit lui aussi de la sévère pénurie de soignants. À commencer par les infirmiers diplômés d’État (IDE), mais aussi les psychiatres. Si la crise des vocations peut expliquer cette situation, ce n’est pas le seul facteur.

Francis Cunnac, délégué CGT, s’il salue lui aussi cette réhabilitation, une "nette amélioration de l’outil existant", n’en oublie pas pour autant ses habituelles revendications : "Il faudrait aussi investir sur l’humain. Des négociations sont en cours, il pourrait y avoir un petit mieux pour les infirmiers et les cadres supérieurs, mais rien pour ceux au Smic qui ont eux aussi des diplômes, des responsabilités et des contraintes".

"Il y a actuellement plus de 40 postes vacants, surtout des infirmiers et les aides-soignants commencent à être touchés. C’est la crise, on le sait, mais chez nous il y a un problème énorme de salaires : jusqu’à 650 € de différence avec la fonction publique pour un infirmier, 400 € pour un aide-soignant. Donc les gens partent. On rénove petit à petit l’hôpital, mais il ne faut pas que le jour où il sera neuf, on n’ait plus de soignants pour le faire tourner", poursuit le syndicaliste.

"Oui nous avons eu des démissions, reconnaît la directrice Magali Brougnounesque. On essaye d’enrayer cela. Nous faisons du lobbying pour qu’il n’y ait plus cette dichotomie. Il n’est pas normal que l’on n’ait pas les mêmes salaires pour les mêmes fonctions. On essaie d’être attractif en proposant de la formation, de la mise à disposition de logements pour quelques mois pour médecins et infirmiers".

Mais aussi en proposant, comme avec son Epicea, une meilleure prise en charge des patients… Et de meilleures conditions de travail aux équipes, gage d’attractivité.

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