"Un enjeu majeur pour l'agriculture, mais pas seulement" : comment l'Aveyron appréhende le défi de l'eau
La thématique de l'eau est un enjeu qui gagne en importance à mesure que les années défilent. En Aveyron, le territoire ne déroge pas à la règle. Comment appréhende-t-il le défi ?
C'est à l'occasion de la session du 27 novembre 2023 de la chambre d'agriculture de l'Aveyron que la thématique de l'eau a été passée en revue dans le département. Et a, de nouveau, été élevée au rang de défi majeur.
"Un enjeu à bien des égards"
Dominique Delagnes, directeur de général de la chambre d'agriculture de l'Aveyron, a insisté sur l'importance de cette ressource. Et au-delà même de l'agriculture. "C'est un enjeu à bien des égards : l'eau potable, avec un prélèvement de plus de 30 millions m3 par an. L'industrie en prélève un million par an. Ou encore L'hydroélectricité, avec ses 15 retenues et donc ses 576 millions de m3 stockés."
Il a également mentionné "le tourisme, un pan important de notre économie avec ses 11 millions de nuitées par an et avec les conséquences pour tout ce qui est des activités liées à l'eau. Sans oublier la sécurité incendie : en 2022, on a pu vérifier qu'il y avait également un besoin fort de cette ressource en eau. Tout comme elle est un enjeu majeur pour le milieu naturel et la biodiversité".
Quelques chiffres sur l'eau en Aveyron
Dominique Delagnes a dévoilé plusieurs chiffres sur l'eau dans le département. "L'eau en Aveyron, c'est 9 359 km de cours d'eau sur les trois bassins, Lot, Aveyron et Tarn. C'est également 2 600 plans d'eau, essentiellement positionnés sur l'ouest-Aveyron. C'est également 576 millions de mètres cube d'eau stockés dans les grands barrages d'EDF. Et enfin, l'Aveyron, c'est 7 200 ha (hectares) de zones humides, ce qui représente 2,2 % de la SAU (superficie agricole utilisée)", a-t-il d'abord dévoilé.
Toujours au rayon des chiffres, il a rappelé que "pour l'abreuvement des troupeaux, on mobilise chaque année 8 millions de mètres cubes d'eau. Pour la sécurité des cultures, on a environ 5 800 ha potentiellement irrigués. 672 exploitations sont concernées par l'irrigation, avec une grande variabilité des consommations selon les années".
Défi collectif
L'été 2022 a accéléré les aménagements en coulisses. "Le Département a initié une démarche partenariale et transversale pour réfléchir à la situation et aux réponses à y apporter, avec l'Etat, l'Agence de l'eau, EDF et la chambre d'agriculture". Les premières rencontres de l'eau ont eu lieu le 26 octobre 2022 et ont réuni 120 participants. Les secondes se sont tenues le 19 octobre 2023.
"On est complètement en adéquation avec le Département sur beaucoup de sujets, quasiment la totalité", a salué Jacques Molières, président de la chambre d'agriculture aveyronnaise. "Je souhaite depuis longtemps que l'on appréhende l'eau sur toutes ses formes. Je me félicite de l'adoption de faire le choix de positionner une nouvelle réserve assez importante en Aveyron sur le Céor. Reste à le réaliser..." "On a lancé les études, il va falloir du temps, on ne va pas l'inaugurer en 2026", a expliqué, par la suite, Arnaud Viala.
"Ce que l'on a voulu faire en initiant les rencontres sur l'eau en 2022, c'est rassembler tous les acteurs principaux et isoler les axes de travail énoncé par Dominique Delagnes pour pouvoir proposer des actions à court terme et d'autres à moyen long terme", a enchaîné le président du Département. Parmi ces axes, la question sur les évolutions à envisager concernant les ressources et réserves en eau, la modernisation des infrastructures de production d'eau potable, la gestion durable des eaux, la définition d'une gouvernance, la sensibilisation ou encore les enjeux économiques.
"On a plus de chance que d'autres, mais..."
"Il faut qu'on arrive à faire comprendre à nos décideurs nationaux que, dans des territoires comme les nôtres, gérer l'eau et améliorer la gestion de l'eau, ça consiste à confondre le petit cycle et le grand cycle", a poursuivi Arnaud Viala. "On a établi un contact avec le ministre Béchu et sa direction de l'eau. J'ai bon espoir que ça nous permette d'avancer."
Le président du Conseil départemental l'a affirmé : "On est un territoire qui a plutôt plus de chance que d'autres en ce qui concerne la ressource en eau".
Mais a nuancé : "Il faut que cette force ne devienne pas une trop forte contrainte en particulier sur l'agriculture. Il faut arriver à en faire un élément de réciprocité avec les territoires qui nous environnent, en faisant comprendre que quand nous, on lâche de l'eau qui est un bien commun et qui ne nous appartient pas et tout ce qu'on sait par ailleurs, il faut aussi qu'en réciprocité, d'autres choses reviennent vers nous". À bon entendeur...
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