"On ne pouvait ni se chauffer ni se faire à manger" : en Aveyron, ils se souviennent des crues de décembre 2003

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    Les crues avaient occasionné de lourds dommages, sans faire de victime. Archives JAT et Centre Presse Aveyron
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    Le Lot avait tout emporté, 20 ans en arrière. Archives JAT et Centre Presse Aveyron
  • Les flots étaient inarrêtables.
    Les flots étaient inarrêtables. Archives JAT et Centre Presse Aveyron
  • Un champ de ruine lorsque l'eau est retourné dans son lit.
    Un champ de ruine lorsque l'eau est retourné dans son lit. Archives JAT et Centre Presse Aveyron
Publié le
Olivier Courtil

Cela fera 20 ans cette nuit que le Lot sortait de son lit pour causer, ce qui reste, à ce jour, le dernier accident climatique à grande échelle du département.

"J’étais dans mon labo de canards avec mes salariés quand cela est arrivé. Nous sommes allés donner un coup de main pour nettoyer, racler la boue, dans le quartier des Moulins", se souvient aujourd’hui Éric Picard, maire d’Espalion. Ce dernier n’était pas aux affaires, mais chaque habitant, qu’il soit du Lot en amont, à Saint-Geniez-d’Olt, comme en aval, à Laroque-Bouillac, a gardé les stigmates à l’esprit de cette folle nuit du 3 au 4 décembre 2003.

Routes coupées

Retour en arrière : la cellule de crise est activée le 2 décembre, pompiers et gendarmes sont sur le pont pour fermer les axes routiers afin de prévenir de la crue, les voitures sont déplacées et des personnes sont évacuées. Cela a permis d’éviter qu’il y ait des victimes mais cela n’a rien pu faire face à la force de l’eau. Avec 50 cm de plus que la précédente crue en 1994, celle de 2003 fut à marquer d’une pierre blanche. Les routes d’Estaing et de Saint-Côme-d’Olt se sont retrouvées coupées, on n’ose imaginer le pire aujourd’hui avec les habitations qui ont poussé depuis comme des champignons.

Heureusement aussi pour le collège public qui avait les pieds dans l’eau. Le 3 décembre étant un mercredi, les élèves n’étaient pas en classe. L’établissement fut fermé une semaine. L’école Jean-Monnet et la bibliothèque d’Espalion se sont retrouvées sous les eaux. Ainsi le racontait Jean Moisset, à la tête du club de quilles qui était alors professeur de technologie au collège, : "Un pompier m’a prévenu et j’ai tout juste eu le temps de sortir les boules". Quant au bras dessoudé de la statue du joueur de quilles, il fut retrouvé deux jours plus tard.

Canicule salutaire

Dans cette tragédie climatique, le pire a été évité. Christian Bernad qui fut président de l’association pour l’aménagement de la vallée du Lot et président du comité technique de l’Entente interdépartementale du bassin du Lot (lire ci-dessous), rappelait la chance "que la pluie soit tombée rapidement mais s’est arrêtée aussi rapidement."

Et comme quoi il y a toujours du bon dans du mauvais, la canicule de l’été 2003 fut salutaire sur ce plan-là. De quoi rappeler l’importance de la nuance. Ainsi, les trente-sept mètres de profondeur du barrage de Sarrans avaient pu absorber une bonne partie de la Truyère, évitant de noyer Entraygues. La rivière a répandu son fiel y compris dans le Dourdou ou encore dans le Créou qui a inondé le centre-ville de Marcillac.

Élan de solidarité

Ce drame fut aussi l’occasion d’un élan de solidarité partout à l’occasion d’un grand nettoyage. Jean Moisset, qui a filmé la montée des eaux : "On s’est retrouvé dans le hall de la mairie pour manger, c’était le seul endroit pour se réunir. » Autre anecdote fraternelle : "On allait manger chez des voisins car sans électricité, on ne pouvait ni se chauffer ni se faire à manger. C’était extraordinaire".

Jean-Claude Luche, alors maire de Saint-Geniez-d’Olt, se souvient "arpenter les rues, parapluie en main, chaussé de bottes en caoutchouc, diriger aux côtés du commandant des pompiers de Saint-Geniez-d’Olt les opérations de secours. Nous avions tous à cœur d’effacer les traces de ce désastre pour la commune. Nous avons pu compter sur une solidarité exemplaire de chacun pour se relever de cette catastrophe"

Se relever sans oublier. Nombreux ont dû déménager. Et dès qu’il pleut, le cœur se serre.

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