"Dangereux", "épouvantable" : un coronavirus 100% mortel ? Désormais il existe, des chercheurs chinois l'ont inventé

  • Un virus mutant 100% mortel sur des souris "humanisées".
    Un virus mutant 100% mortel sur des souris "humanisées". Pexels - Chokniti Khongchum
Publié le , mis à jour

Ce coronavirus découvert chez le pangolin a été modifié par des chercheurs chinois et testé sur des "souris transgéniques ACE2 humaines", avec un taux de mortalité de 100 %. Des travaux qui inquiètent la communauté scientifique

Il ne faudra pas que celui-ci "s'échappe". "Le coronavirus pangolin GX_P2V (...) lié au SRAS-CoV-2 peut provoquer une mortalité de 100 % chez les souris transgéniques ACE2 humaines, potentiellement attribuable à une infection cérébrale à un stade avancé" : c'est ainsi qu'est présentée la prépublication datée de début janvier sur les travaux menés par des chercheurs chinois sur un coronavirus cousin de celui provoquant la Covid-19, baptisé GX_P2V et découvert en 2017 chez le pangolin.

Une mort "rapide"

Ces chercheurs ont modifié ce coronavirus jusqu'à le rendre 100% mortel sur des souris porteuses de protéines humaines, révèle cette étude en attente de validation et publiée sur le site BioRxiv. Concrètement, après avoir infecté le système respiratoire, ce virus mutant atteint le système nerveux et entraîne une mort que les chercheurs ont jugée "rapide", avec pour symptome une fatigue générale, une perte de poids et des yeux qui deviennent blancs, détaille La Dépêche du Midi reprenant Le Figaro.

"Un réel potentiel pandémique"

Ces travaux ne manquent pas d'agiter et d'inquiéter la communauté scientifique, d'après les commentaires de certains de ses membres recueillis par Le Figaro. "Je serais très inquiet de la trajectoire d’un tel virus s’il se retrouvait dans la nature", a déclaré le directeur de recherche au CNRS et virologue au laboratoire AFMB de Marseille Étienne Decroly. Son confrère Bruno Canard, lui directeur de recherche au CNRS et chef d'équipe réplication virale au même laboratoire, s'inquiète du "potentiel extrêmement dangereux de ces manipulations". Pour le professeur François Balloux, expert en maladies infectieuses basé à l'University College London, "c’est une étude épouvantable, elle est scientifiquement totalement inutile (...) Par contre, je peux voir comment de telles pratiques pourraient mal tourner...", a-t-il commenté sur X.

Quelle utilité ?

Ce type de recherches est interdit en France, selon Le Figaro, mais les pratiques varient suivant les pays. Si les chercheurs chinois de cette étude avancent "un modèle alternatif distinct pour comprendre les mécanismes pathogéniques des coronavirus liés au SRAS-CoV-2", en vue d'aboutir pourquoi pas à la fabrication d'un vaccin ou d'un kit de dépistage, ce sont les mêmes motivations qui ont animé ceux de l'institut Pasteur lorsqu'ils ont effectué leurs recherches sur le SARS-Cov-1, le coronavirus responsable de l'épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) qui a sévi en Asie entre 2002 et 2004. Leurs travaux n'ont servi à pas grand-chose lorsqu'en décembre 2019 apparut l'épidémie de Covid-19...

Pour Étienne Decroly, "il faut réglementer rapidement les manipulations sur les virus comme ceux-là qui ont un réel potentiel pandémique." Concernant le coronavirus GX_P2V du pangolin, il est déjà (presque) trop tard.

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