Nathalie Bru, traductrice littéraire aveyronnaise : "Je me sens vraiment dans mon univers"

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  • Après une quelques années dans le journalisme, Nathalie Bru a choisi de devenir traductrice littéraire. Après une quelques années dans le journalisme, Nathalie Bru a choisi de devenir traductrice littéraire.
    Après une quelques années dans le journalisme, Nathalie Bru a choisi de devenir traductrice littéraire. Reproduction L'Aveyronnais
Publié le
Emmanuel Pons

Installée à Capbreton, Nathalie Bru, après quelques années de journalisme, traduit aujourd’hui des livres de l’anglais au français pour de grandes maisons d’édition. Un métier qu’elle a découvert sur le tard et dans lequel elle s’épanouit.

Déjà, enfant, Nathalie Bru écrivait. Une passion qui ne l’a jamais quittée. Née à Toulouse en 1971, elle débarque tout bébé, avec ses parents aveyronnais, à Rodez, avant que la famille s’installe à Sainte-Radegonde.

Nathalie Bru est aujourd'hui installée à Capbreton, dans les Landes.
Nathalie Bru est aujourd'hui installée à Capbreton, dans les Landes. Reproduction L’Aveyronnais

Et quand il a fallu choisir de poursuivre ses études, après le bac littéraire décroché à 17 ans au lycée Foch – elle a sauté une classe – elle suit le conseil de son père. "Si tu veux vivre de ta plume, commence par le journalisme", lui dit ce dernier. Elle file alors à Toulouse pour s’inscrire à l’Institut d’études politiques. "J’avais envie de voir autre chose, je voulais grandir", dit l’Aveyronnaise qui, au terme de ses trois années de Sciences Po, présente un mémoire sur le rock alternatif. "Une bonne excuse pour sortir", sourit-elle.

Aussitôt diplômée, elle s’envole pour la capitale où elle intègre la fac de Paris X, en licence d’information et communication. "Je n’ai jamais osé passer les concours des écoles de journalisme", avoue-t-elle.

Sept années très riches à New York

Mais, maîtrise en poche, elle poursuit par un DEA aux États-Unis dans le cadre d’un échange universitaire.

Un départ assez soudain.

"Avec ma camarade Camille [la nièce du journaliste et écrivain Philippe Labro], on est allées au bureau des relations internationales de la fac. On voulait être correspondantes permanentes des journaux français qui n’en avaient pas. On souhaitait s’installer à San Francisco, explique-t-elle. Mais il fallait se décider très vite avant la clôture des dossiers." La fac de Nanterre trouve alors deux places aux étudiantes : une à New York et l’autre à Austin, au Texas. Et Nathalie et Camille intégreront finalement toutes deux la New York University et intégreront l’agence de presse Columbus News créée par Laurent Mauriac et François Cusset. "Ça n’a pas vraiment marché", dit la Ruthénoise qui, tout en préparant son Master’s degree de journalisme, profite de la vie culturelle new-yorkaise. Et rencontre un musicien américain.

Quand je lui ai dit que je venais de l’Aveyron, elle m’a regardée comme si j’étais la petite marchande d’allumettes.
A propos d’une Française croisée à New York
 

"J’ai croisé Iggy Pop, à l’anniversaire de Debbie Harry, raconte-t-elle. Et on s’est mariés à Palm Beach, en Floride." Si le mariage ne dure que deux ans, l’Aveyronnaise, une fois diplômée, décide de rester et trouve un poste de prof à l’alliance française. "Je n’avais jamais rêvé des States, note-t-elle. Mais voir la France de l’extérieur et s’imprégner d’une autre culture, c’est super enrichissant !"

Journaliste à Paris

Mais cette riche expérience touche à sa fin, en 2000, après sept années passées aux États-Unis. "Durant l’été 1999, j’ai fait une crise de nostalgie, avoue Nathalie Bru. Et j’ai décidé de rentrer pour retrouver Étienne, un copain que j’avais rencontré à Toulouse." Un copain qui devient son petit ami, qui est toujours son compagnon et avec lequel elle aura deux enfants, Ninon et Félix, nés respectivement en 2002 et 2005.

De retour à Paris, elle entame une carrière de journaliste spécialisée. "J’ai répondu à une annonce et j’ai été embauchée chez Avocats News, un média créé par des Anglais. C’était l’actu des cabinets d’avocats, plus people que vraiment du droit." Elle est ensuite rédactrice en chef puis directrice éditoriale de la Lettre des juristes d’affaires (LJA) hebdo et magazine. "C’était compliqué. J’étais toute seule, rédactrice en chef de moi-même, plaisante-t-elle, avec ma fille qui était bébé… Et quand j’ai eu mon fils, en 2005, j’ai eu envie d’arrêter. Et puis j’avais fait un peu le tour du sujet."

Et c’est tardivement que Nathalie Bru découvre le métier de traductrice. "J’ai décidé de passer le concours d’entrée au master, à Paris VII. Et quand j’ai su que j’étais prise, ça a été une des plus grandes joies de ma vie ! Et je suis donc retournée à la fac, à 38 ans…" Avec une super motivation puisqu’elle décroche, en 2008, son master 2 de traduction littéraire, études anglophones, avec la mention très bien.

Traductrice du prince Harry

D’abord à mi-temps dans la presse pendant son master, elle démissionne finalement pour un stage de six mois chez Flammarion, tout en continuant à faire quelques piges. Mais les premières traductions arrivent très vite. "Je pense que mon expérience dans la presse et mes années aux États-Unis ont rassuré les éditeurs", dit-elle.

L’Aveyronnaise Nathalie Bru compte déjà une soixantaine de traduction à son actif.
L’Aveyronnaise Nathalie Bru compte déjà une soixantaine de traduction à son actif.

Des éditeurs prestigieux et des auteurs de renom marquent sa carrière, ainsi que quelques célébrités, dont Tony Blair, ex-Premier ministre britannique pour ses mémoires (Albin Michel) et le prince Harry, l’année dernière, pour Le suppléant (Fayard), deux livres pour lesquels elle a collaboré à la traduction.

Nathalie Bru a finalement retrouvé sa passion de jeunesse. "Moi qui écrivais depuis toujours, je me suis rendu compte que la traduction littéraire était aussi de l’écriture. Il faut donner l’impression que le texte a été écrit en français, faire oublier l’acte de traduction. C’est un métier assez discret, un peu ingrat parce qu’invisible. Mais je me sens vraiment dans mon univers !", dit l’Aveyronnaise qui est aujourd’hui installée, en famille, à Capbreton dans les Landes. "C’est calme et super agréable. Mais j’ai besoin de revenir à Paris de temps en temps." Et en Aveyron ? "C’est un département magnifique !, s’exclame-t-elle. J’adore me promener sur le causse, derrière Sainte-Radegonde".

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Les commentaires (1)
bobby_et_jackie Il y a 3 mois Le 24/01/2024 à 16:11

Je suis Nathalie Bru et je tenais à préciser que ce n'est pas Iggy Pop, malheureusement, que j'ai épousé à Palm Beach, comme la phrase telle que retranscrite pourrait le laisser sous-entendre, mais le musicien (moins connu) mentionné au paragraphe précédent. Pendant l'entretien avec le journaliste, je n'ai pas enchaîné ces deux phrases telles qu'elles sont présentées là. J'ai évoqué ces deux stars dans un contexte plus large destiné à décrire l'ambiance du quartier de l'East Village à l'époque et d'un bar en particulier, où se croisaient les anonymes comme moi et des stars du rock comme Debbie Harry ou Iggy Pop.