La santé mentale, un sujet encore trop peu abordé en entreprise

  • Beaucoup de salariés hésitent à se confier au travail sur les difficultés psychologiques qu’ils traversent par peur des représailles.
    Beaucoup de salariés hésitent à se confier au travail sur les difficultés psychologiques qu’ils traversent par peur des représailles. skynesher / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Anxiété, troubles du sommeil, dépression… Les troubles psychiques sont en plein essor ces dernières années, levant le voile sur un sujet longtemps resté tabou. Mais cette thématique reste encore trop peu abordée en entreprise, comme le révèle une nouvelle enquête américaine.


Seuls 58% des employés interrogés dans le cadre de la dernière étude de la National Alliance on Mental Illness* disent qu’ils sont à l’aise à l’idée de parler de leur santé mentale au travail. Pourtant, ils sont près de trois quarts à penser qu’il s’agit d’un sujet de conversation approprié en entreprise.

Beaucoup hésitent à se confier sur les difficultés psychologiques qu’ils traversent par peur des représailles. Ils craignent de prendre un risque pour leur emploi ou leurs perspectives d’avenir s’ils jouent la carte de la transparence avec leurs collègues, et surtout leurs supérieurs hiérarchiques. Les managers s’estiment d’ailleurs peu préparés pour parler de ce sujet. Sept cadres supérieurs sur dix confient ne pas avoir reçu de formation spécifique pour apprendre comment parler de santé mentale avec leurs collaborateurs. Rien d’étonnant quand on sait que la culture managériale dissocie traditionnellement tout ce qui relève de la vie privée et de la vie professionnelle. Des troubles qui empiètent sur la performance

Mais les actifs souhaitent de plus en plus que leur employeur s’intéresse à leur situation personnelle, afin qu’ils puissent éventuellement leur proposer des aménagements. On tend ainsi vers un management davantage basé sur l’affect qu’auparavant, ce qui n’est pas toujours sans difficultés. Pour cause, parler de santé mentale au travail demande un certain tact. Il faut créer un terrain propice aux confidences et au dialogue, sans pour autant empiéter sur la sphère privée des employés. L’idée n’est pas que l’employeur résolve les problèmes psychologiques de ses salariés mais qu’il les prenne en considération.

Car la santé mentale a une incidence directe sur l’aptitude au travail et la performance. Un tiers des employés sondés par la National Alliance on Mental Illness disent que leur productivité est affectée par leurs problèmes psychologiques. À l’inverse, 36% des répondants disent que leur travail pèse sur leur bien-être psychique.

Il est donc primordial de parler plus librement de santé mentale au bureau. Les entreprises auraient tout intérêt à briser les tabous autour de ce sujet, que ce soit d’un point de vue RH mais aussi économique. En effet, l’Organisation mondiale de la santé a estimé dans une étude, parue en 2016 dans la revue The Lancet Psychology, que chaque dollar investi dans le traitement de la dépression et de l’anxiété en rapporte quatre, sous forme d'une amélioration de l’état de santé général et de la capacité de travail. Un retour sur investissement qui dépasse largement les coûts.

*L’étude de la National Alliance on Mental Illness a été menée entre les 4 et 9 janvier, par l’intermédiaire d’Ipsos, auprès de 2062 Américains âgés de 18 ans ou plus, travaillant à temps plein dans une entreprise employant au moins 100 personnes.

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