"On a dû refuser des familles, la mort dans l'âme" : Jamais sans Toit ressent déjà les effets de la loi immigration en Aveyron

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  • Pas de quoi se réjouir pour les responsables de l’association lors de l'assemblée générale à Sébazac.
    Pas de quoi se réjouir pour les responsables de l’association lors de l'assemblée générale à Sébazac. O. C. - Olivier Courtil
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Olivier Courtil

L’association a tenu, ce samedi 2 mars, son assemblée générale à Sébazac dans un contexte difficile suite à l'adoption de la loi immigration. 

Actualité oblige, l’association Jamais Sans Toit de l’Aveyron a débuté, samedi 2 mars 2024, son assemblée générale par un éclairage sur la nouvelle loi immigration (lire ci-dessous) avec la venue de Pierre Grenier, délégué national de la Cimade Sud-Ouest, fondée en 1939, et œuvrant en faveur des migrants, réfugiés, déplacés, demandeurs d’asile et étrangers en situation irrégulière. Avant même l’adoption en janvier de la loi immigration, le ciel s’est obscurci pour l’association Jamais sans Toit.

"Nous avons régularisé deux familles en 2023 pour quinze en 2022", résume en ce sens Édouard Guévart, secrétaire. Et d’ajouter : "On a même dû refuser deux familles, la mort dans l’âme, qui répondaient aux critères de priorité, faute de logements." Jamais sans Toit éprouve des difficultés à trouver des toits, et fait face à un autre problème, celui d’accompagner les familles exilées vers la reconnaissance de leurs droits humains. Elle met en avant la richesse de l’immigration tant sur le plan culturel, économique que social. "Les familles contribuent par le travail, à la vie associative locale ou encore à la démographie de nos villages et à la sauvegarde des écoles menacées de fermeture."

Pierre Grenier de la Cimade : « La loi franchit des caps »

Délégué national de la Cimade Sud-Ouest, Pierre Grenier était convié à l’assemblée générale pour éclairer sur les conséquences de la loi immigration adoptée le 26 janvier. "On en entend parler pour de mauvaises raisons car elle franchit des caps." Parmi ces paliers, la loi exige un niveau de langue française à obtenir par diplômes en fonction des titres de séjour au nombre de trois : carte de séjour temporaire (un an), pluriannuel et carte de résident qui demande un niveau B1 soit du lycée. L’intervenant ne pointe pas du doigt l’intégration par la langue mais l’accès à celle-ci par des cours de langues difficiles d’accès et coûteux. Autre point relevé : l’obtention d’un juge de détention au bout de quatre jours au lieu de deux auparavant, qui facilitera l’expulsion à partir du mois d’août. Face à la pénurie de main-d’œuvre, la liste des métiers en tension est "défaillante car des entreprises embauchent sans papier." Ce qui fait dire à Pierre Grenier que "ces dispositifs conduisent à une précarité des personnes avec un titre de séjour."

"Les mesures d'éloignement sont deux fois plus nombreuses en France"

Une réalité qui se heurte aux préjugés. " Les mesures d’éloignement sont deux fois plus nombreuses en France qu’en Allemagne et trois fois plus nombreuses qu’en Espagne ", rappelle l’association qui souhaite relancer les rencontres semestrielles avec le service des étrangers du Collectif migrants auprès de la préfecture. Une rencontre est d’ores et déjà prévue le 6 mars avec le diocèse en attendant celle espérée "à tout prix" avec le président du conseil départemental pour relancer les démarches en vue d’une convention sur la prise en charge des familles avec enfants.

Enfin, un site internet est en cours et un nouvel appel aux dons et aux bénévoles a été lancé.

En chiffres

2 familles régularisées en 2023 (15 en 2022).
6 nouvelles familles accueillies et 15 toujours accompagnées.
16 familles dont 5 de Géorgie, 5 d’Albanie, 3 d’Arménie, 3 d’Algérie, 2 du Kosovo, 1 d’Azerbaïdjan, 1 du Togo, 1 des Comores.
12 nouveaux bénévoles.
8 groupes d’accueil sur le département.
75 %  de réduction d’impôts après un don.
 

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