L'Aveyron du Villefranchois Clément Hernandez, marqué par la créativité de son grand-père René Mendes

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  • Clément Hernandez, au bureau, le jour et sur les planches, le soir.
    Clément Hernandez, au bureau, le jour et sur les planches, le soir. Reproduction L’Aveyronnais
Publié le , mis à jour
Recueilli par Emmanuel Pons

Le Villefranchois, qui travaille dans la finance à Paris, poursuit également une carrière prometteuse de comédien et d’auteur. Sa prochaine pièce – "A nos actes manqués" – sera montée à la rentrée à La Divine Comédie.

Un homme qui vous a marqué

M. René Mendes, mon grand-père. Un créateur. À 21 ans, il achète pour quelques sous une bâtisse en ruine et la transformera en maison familiale (aidé par la suite par ma grand-mère). Pendant la construction, il s’aperçoit qu’il ne peut pas déplacer les pierres les plus lourdes. Il va alors fabriquer un tracteur avec un moteur de 2CV, car passionné de 2CV. Il préside ensuite une des plus grandes associations de 2CV de l’Aveyron, "Les Petites Reines" et je découvre son talent d’orateur lorsque j’assiste à certains rassemblements. Aujourd’hui, je sais que sa façon de s’exprimer et sa créativité sont les plus beaux dons qu’il ait pu me faire.

Une femme qui vous a marqué

Monique. Elle s’occupait de nous faire la cuisine à l’école primaire. C’est sa gentillesse qui m’a marqué. Cette bienveillance qu’elle donnait durant les premières années de la vie d’un enfant ne laisse pas indifférent. Nous devions essuyer la vaisselle une fois par semaine à tour de rôle. Elle m’a donné le goût du travail et surtout du travail bien fait. On oublie vite ces petites choses qui sont pourtant à l’origine de beaucoup d’autres, par la suite.

Un souvenir fort

La première fois que je suis monté sur une scène. Le souvenir est lointain mais il est marqué. J’avais sept ans et je jouais un tout petit rôle à l’occasion d’un spectacle de théâtre de l’école primaire. Nous jouions sur l’estrade de la salle des fêtes, devant les parents d’élèves. Je devais déclencher une sonnerie, décrocher et jouer l’étonné d’avoir quelqu’un au bout du fil. Le téléphone était blanc cassé, la table en bois était vieille et la salle écoutait. J’étais content.

Une habitude ou un rituel

Un nouveau rituel depuis que je suis à Paris : observer le ciel étoilé. Vous me direz, on peut voir le ciel de partout, c’est vrai. Mais, être à la campagne qu’on connaît, là où on est né et voir ce ciel aussi dégagé (les jours de chance météorologique) dans ce calme qui est propre à mes coins de campagne, c’est beau !

Un lieu, en Aveyron

Le saut de la Mounine [près de Cajarc]. Je n’ai lu la légende qu’il y a peu de temps, mais c’est un lieu sentimental que je connais depuis tout petit. Mon grand-père m’y emmenait souvent en méhari. Le lieu reste peu connu et son charme tient à son authenticité. On y accède par des petites routes sans marquage au sol. On peut rester des heures à observer la vue qui surplombe les villages où on peut y voir les voitures, les points d’eau… On peut longer la bordure et s’enfoncer dans la forêt isolée. Pas très loin, on trouve la croix des Belges et son histoire tout aussi riche.

Une bonne table

Chez Carles à Monteils. Hors du temps, on ne fait pas que manger. On discute, on visite, on a l’eau à la bouche et on déguste. La table est épaisse, avec un bois qui a connu l’amitié des repas. Le canard – c’est la spécialité de Carles – est cuit dans des chaudrons, au feu de bois. Bref, il y a le plaisir du goût et les rencontres. Tous les ingrédients pour un bon repas.

Un plat

Les carcasses de canard grillées. Je sais que ce n’est pas forcément un plat typique de l’Aveyron. Néanmoins, ça me fait penser à l’Aveyron, par les soirées passées au bord du feu en famille où chacun prend une carcasse de canard et avec son couteau pointu détache les derniers morceaux de canards réchauffés par le feu de campagne qui chauffe la maison. Les derniers morceaux sont tendres et comme les derniers cadeaux du canard. Chacun prend du plaisir autour de ce plat convivial et on en garde des beaux souvenirs.

Une boisson

L’eau-de-vie de prune de nos caves aveyronnaises. Cette eau-de-vie qu’il y a dans presque toutes les anciennes maisons. Elles n’ont pas toutes le même goût et chacune a une histoire différente mais elles ont un point commun : elles sont faites avec des prunes de l’Aveyron.

Une qualité

La nature. Pas besoin d’en dire plus. Il faut simplement visiter chaque recoin de l’Aveyron et regarder les paysages des villages, des vallées, les animaux, les forêts, les points d’eau où l’on peut pêcher se baigner en pleine nature l’été…

Un défaut

Trop loin de Paris. Mais j’ai encore espoir qu’un des deux veuille bien se rapprocher (je pense que Paris va craquer en premier).

Une devise

Vaut mieux tard que jamais.

Un rêve

Connaître l’Aveyron aux autres époques. Je connais l’Aveyron d’aujourd’hui et respirer le charme de l’Aveyron des années 70, du temps des rois. Redécouvrir les paysages que je connais avec le château de Najac animé par la vie. Voir de mes yeux la construction du seul théâtre de l’Aveyron, à Villefranche-de-Rouergue, et même y jouer la première pièce à son inauguration, en 1898. Voir la foule de cette époque. Discuter avec des passants dans les rues remplies de Villefranche, en 1900. Écouter le bruit des sabots des chevaux en 1600 dans la ville médiévale de Villeneuve.
recueilli par emmanuel pons

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