"Grâce à cette discipline, je n’ai peur de rien" : la danse comme une seconde peau pour le Ruthénois Matahi Rous, un disciple de la différence

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  • Né à Rodez, en 2003, Matahi Rous a la danse chevillée au corps ! Né à Rodez, en 2003, Matahi Rous a la danse chevillée au corps !
    Né à Rodez, en 2003, Matahi Rous a la danse chevillée au corps ! Reproduction - L'Aveyronnais
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A Paris, Rui Dos Santos

Formé à Rodez, chez Edwina Costecalde, âgé de 20 ans, il prépare le tout nouveau spectacle du parc à thème Disneyland Paris, Alice au pays des merveilles. Tout en poursuivant l'apprentissage de la danse en talons, une discipline où il brille déjà et avec laquelle il s'est produit lors des Misérables, cet été, sur la place Foch, dans le chef-lieu aveyronnais. .

Il dit avoir "tout essayé". L’équitation, l’escalade, le chant, le théâtre, "et même le rugby". C’est d’ailleurs en caressant l’ovale qu’il s’est retrouvé à... pratiquer la danse ! Un beau contrepied,un sacré cadrage-débordement. S’il a découvert cette discipline, il le doit, en effet, à son entraîneur de rugby.

Matahi Rous a joué une scène inoubliable de danse en talons dans le spectacle Les Misérables, place Foch à Rodez l'été dernier et à La Baleine à Onet-le-Château cet hiver.
Matahi Rous a joué une scène inoubliable de danse en talons dans le spectacle Les Misérables, place Foch à Rodez l'été dernier et à La Baleine à Onet-le-Château cet hiver. Reproduction L'Aveyronnais - Aurélie Fontana

Il n’y avait pas de virus qui circulait dans la famille. Si ce n’est la passion de mon père pour les danses de salon

Crampons aux pieds, Matahi (prononcer Mataï) Rous n’était "jamais au cœur de la mêlée". Il préférait virevolter à l’autre bout du terrain. Du coup, son technicien a vite compris qu’il était "fait pour autre chose". Pourquoi la danse ? L’intéressé n’a pas de réponse : "Il n’y avait pas de virus qui circulait dans la famille. Si ce n’est la passion de mon père pour les danses de salon".

Né en 2003 à Rodez, d’un père aveyronnais et d’une mère originaire de Tahiti (elle a vu le jour à Papeete), adoptée bébé par Mimi et François Arnal - ses parents Fabrice et Marie tiennent les rênes du Resto-grill dans la zone artisanale de Bel-Air à Rodez - , a connu une scolarité qu’il qualifie lui-même de "très périlleuse", contraint, en effet, de redoubler dès le primaire à Sainte-Procule et il s’est alors "réfugié" dans une pratique artistique.

"J'avais enfin le sentiment de vivre !"

Il a ainsi débuté à l’âge de 7-8 ans chez Edwina Costecalde. Il n’a pas oublié : "J’ai commencé par le hip-hop, avec, durant deux ans, un cours par semaine". Il s’est pris au jeu, tant et si bien que, adolescent, il a ainsi intégré la formation pré-professionnelle proposée par la chorégraphe ruthénoise, avec des horaires aménagés au collège Saint-Joseph à Rodez, dirigé par Pierre-Marie Puech. Auquel il a d’ailleurs réservé un spectacle surprise pour son départ à la retraite. "J’avais, enfin, le sentiment de vivre, de m’exprimer, se souvient-il. ça m’a beaucoup aidé. Je dansais tous les jours, même le samedi, de 16 heures à 22 heures !".

Edwina Costecalde l’a rapidement inscrit aux concours proposés par la CND (confédération nationale de danse). "C’était intéressant, en particulier de se nourrir d’autres énergies", insiste Matahi Rous. Avec un premier prix à l’unanimité à la clé dès la première sortie.

"Danseur ? Un modede vie plus qu'un métier. C'est quand je danse que je me sens vivant !", assure le Ruthénois.
"Danseur ? Un modede vie plus qu'un métier. C'est quand je danse que je me sens vivant !", assure le Ruthénois. Reproduction - L'Aveyronnais

Il a ensuite goûté à la scène, avec le spectacle Résiste, à l’Amphithéâtre. "C’était mon Zénith à moi !", s’amuse-t-il. Il a récidivé avec le rôle du duc dans Moulin rouge. Avant une pause pendant l’épidémie de Covid-19. "Je n’ai pas dansé certes, mais j’ai donné naissance à mes propres créations. Elles sont là". Il montre sa tête...

"Un compte à régler avec Rodez !"

Petit (paradoxal pour un garçon de 193 centimètres !), il disait à ses parents qu’il vivrait à Paris. Il est donc monté à la capitale, sur un coup de tête, lors de l’été 2021. Le 17 juillet, il bouclait les cours avec Edwina Costecalde ; le 30, il était citoyen parisien. Il a ainsi rejoint les rangs de l’Académie internationale de danse avec, au passage, un 18 de moyenne à l’EAT (examen d’aptitude technique) jazz, puis le jeune ballet européen.

Il a également découvert la danse en talons... De douze centimètres ! "Grâce à cette discipline, je n’ai peur de rien, j’ai gagné en confiance". Alors qu’il honore actuellement un contrat de huit mois avec le parc à thème Disneyland Paris pour le nouveau spectacle Alice au pays des merveilles, il se voit bien un jour prochain chorégraphe et/ou professeur de danse. "J’aimerais que mon travail soit reconnu", lance-t-il, en croisant les doigts. "A l’instar d’un sportif de haut niveau, je sais que ma pratique a une durée de vie".

S’il apprécie sa vie parisienne, Matahi Rous n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron. "Il y a là ma famille, des amis, souligne-t-il. Et puis, j’y reviendrai aussi pour des projets artistiques. Le musée Soulages et la cathédrale sont des lieux très inspirants. Pourquoi ne pas imaginer des créations dans ces endroits ? Avec un esprit de revanche... J’ai un compte à régler avec Rodez !".

Il a déjà commencé avec une scène inoubliable en danse en talons, sur la table de l’auberge des Thénardier, dans le spectacle estival Les Misérables, proposé par Fabien Austruy, place Foch.

"Le talon, un boulevard à explorer pour lui !"

"Un très grand cœur dans un très grand corps !". Edwina Costecalde a le sens de la formule. Et surtout "beaucoup d’amiration et de respect" pour Matahi Rous. La danseuse et chorégraphe, à la tête de l’Espace création danse, 1 rue Saint-Martin- des- Prés, à Rodez, est dithyrambique au sujet du jeune Ruthénois : "Il m’inspire hypersensibilité, loyauté, gratitude infinie, et grande sincérité également". Et en ce qui concerne le danseur ? Edwina Costecalde multiplie, là aussi, les louanges : "C’est un très bon danseur jazz mais, je lui ai toujours dit que sa voie, c’est le talon. Il a un boulevard à explorer ! Il est excellent dans cette discipline". Mettant l’accent sur ses "nombreuses facettes", elle en dresse un très beau portrait : "C’est un personnage atypique dans la vie de tous les jours et cette différence, qui fait sa force, est accentuée sur scène. Et elle est pleinement assumée". La chorégraphe ruthénoise l’a invité pour un workshop dans sa salle, sur deux jours, fin janvier, "pour amener le heels (NDLR, le nom anglais de la danse en talons) en Aveyron". Elle conclut sur d’éventuelles nouvelles collaborations en Aveyron : "Nos chemins se recroiseront... Un jour. J’en suis sûre à 100 % !".

Fabien Austruy est tout aussi élogieux que sa collègue. Le metteur en scène de la pièce Les Misérables, l’été dernier sur la place Foch à Rodez (à guichets fermés) et deux représentations hivernales à La Baleine à Onet-le-Château), a ainsi fait appel à Matahi Rous pour une scène que les spectateurs ne sont pas prêts d’oublier. Quant à Victor Hugo, il fait des claquettes dans sa tombe ! "Quand j’ai vu ce gars faire du heels, je me suis dit que c’est ça qu’il me fallait pour l’auberge des Thénardier, reconnaît l’enseignant de théâtre. C’est anachronique. ça a fait tilt dans ma tête, j’ai été emballé". Sur la chanson Toxic de Britney Spears... Alors que les deux hommes se connaissent depuis longtemps, s’étant notamment croisés sur des défilés à des salons du mariage, Fabien Austruy n’exclut pas de retravailler avec le danseur : "J’en serais ravi. C’est un chouette garçon, avec de belles qualités humaines".

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