"Ici, en Aveyron, on sent bien la fracture sociale" : qui est L'Insoumise Leïla Arfoutni, la Ruthénoise en lice pour les élections européennes ?

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  • Leïla Arfoutni, ici sur le marché de Rodez pour une opération de "tractages" avant les Européennes du 9 juin.
    Leïla Arfoutni, ici sur le marché de Rodez pour une opération de "tractages" avant les Européennes du 9 juin. Centre Presse - Mathieu Roualdès
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À 43 ans, en Aveyron, la professeure des écoles figure à la 67e place, sur 81, de la liste LFI portée par Manon Aubry.

Entre Leïla Arfoutni et la politique, l’histoire est plutôt récente. Du moins, son véritable engagement en adhérant à un parti, La France Insoumise, remonte à seulement cinq printemps. C’était en 2019 en pleine crise des "gilets jaunes", une colère dans laquelle la Ruthénoise dit "s’être retrouvée". Une rencontre sur le marché de Rodez plus tard avec des militants LFI finit de la convaincre de devenir une "citoyenne active". Et d’apporter sa pierre à l’édifice "contre la montée de l’extrême droite, aujourd’hui à nos portes. Je ne voulais pas rester sans rien faire et me dire, tant pis pour nos enfants s’ils ne connaissent pas notre liberté, notre démocratie…"

Cinq ans plus tard, le CV politique de la professeure des écoles, à Jean-Laroche sur la commune d’Onet-le-Château, est déjà particulièrement garni : une première expérience locale sur la liste "Rodez Citoyen", un poste de suppléante lors des élections départementales, une tête de liste départementale lors des élections régionales de 2021…. Et la voici désormais sur la liste européenne de son parti, portée par Manon Aubry. Un scrutin durant lequel elle sera la seule représentante du département.

"Je ne vais pas déménager à Strasbourg", sourit-elle

Même si à la 67e place sur les 81 sièges que la France possède au Parlement européen, Leïla Arfoutni ne se berce pas d’illusions. "Je ne vais pas changer de vie, ni déménager à Strasbourg", sourit-elle. Toujours est-il que cette femme, au caractère entier, s’engage pleinement. L’aventure est "énergivore" ne cache-t-elle pas, mais elle n’en demeure pas moins "passionnante". Car l’Insoumise tente de porter de nombreux combats, souvent loin des polémiques entourant son parti et revenant comme un boomerang à chaque sortie mal maîtrisée de l’un ou l’une de ses camarades…

Comme récemment sur le conflit Israélo-Palestinien. "Moi, ce que j’aime dans LFI, c’est sa clarté. On peut aimer ou ne pas aimer et j’aime en discuter, mais au moins ce parti offre des perspectives claires, sans ambiguïté. Alors certes, on nous attaque sur cette guerre, mais depuis le départ, notre groupe se base sur le droit international, les alertes répétées de l’ONU. Comment aujourd’hui, quand on voit le nombre de morts à Gaza, les enfants, les femmes, peut-on encore afficher un soutien inconditionnel à Benyamin Netanyahou et se regarder dans une glace ? Ce ne sont pas les paroles de LFI qui sont dramatiques, c’est la guerre qui frappe là-bas et la politique de punition collective menée par le gouvernement d’extrême droite d’Israël", répond-elle.

"Je me sens bien en faisant du porte à porte, en parlant sur les marchés"

Mais plus que les sujets d’actualité brûlants, un programme à détailler, il faut d’abord convaincre les gens de se déplacer, comme dit le jargon politique. En 2019, un plus moins d’un électeur sur deux s’était rendu aux urnes pour les européennes dans le département (57,53 % de participation). "Je sens bien en faisant du porte à porte, en parlant sur les marchés, que les gens n’y sont pas encore. Je leur apprends souvent la date des élections (9 juin). Puis, il y a un nombre incroyable, notamment sur Rodez, de personnes mal inscrites, ou non inscrites, sur les listes électorales", confie-t-elle. Et si les sondages ne sont à ce jour pas au beau fixe pour LFI, entre 7 et 8 % d’intentions de vote, Leïla Arfoutni n’en fait pas vraiment cas : "Ça remonte et vous savez, qui deux mois avant la présidentielle, prédisait un Jean-Luc Mélenchon à 22 % ?"

"Ici, en Aveyron, on sent bien la fracture sociale"

Originaire de Montreuil et arrivée dans le département après une longue parenthèse professionnelle en Italie, la quadragénaire a surtout le message de la ruralité à faire passer. "LFI a voulu des relais dans chaque territoire. C’est grâce à cela que je me retrouve sur la liste, le parti a notamment apprécié mon combat contre l’artificialisation des sols ici et la disparition des terres agricoles. Car lorsque je me suis installée en Aveyron, je pensais vivre dans un département vert, fait de petites villes, loin des contraintes des grandes… Mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas idyllique. En Aveyron, on sent bien la fracture sociale. Les services publics disparaissent les uns après les autres, on se retrouve rapidement isolé si nous ne possédons pas de véhicules car les transports ne sont pas développés, on a du ressentiment face à cet État absent. Au fil de mes rencontres, j’ai vu cette réalité où souvent les Aveyronnais ont l’impression d’être des citoyens de seconde zone", dénonce-t-elle, sans oublier de rappeler la récente crise agricole, ayant remis au centre des discussions le rôle de l’Europe sur une terre d’élevage.

"Avec LFI, là aussi nous sommes très clairs : nous ne votons aucun accord de libre-échange ! Il n’y a aucune ambiguïté, comme parfois chez les Écologistes et encore plus chez le RN donné grand vainqueur : Jordan Bardella, lorsqu’il trouve le chemin du Parlement européen, vote avec les Macronistes pour la PAC et contre les prix planchers". De l’international au local, d’élections en élections, Leïla Arfoutni affirme son discours. Jusqu’à la retrouver bientôt sur de nouvelles échéances ? "Je ne calcule vraiment rien !", assure-t-elle.

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Les commentaires (2)
Bosocom Il y a 16 jours Le 13/04/2024 à 21:30

Ils vont bien la sentir la fracture aux européennes les insoumis

Boatswain Il y a 14 jours Le 15/04/2024 à 07:18

Haha, c'est clair :))))