RECIT. 900 tonnes de batteries détruites à Viviez : "Du jamais vu !", retour sur l'un des plus gros incendies industriels en Aveyron

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Les images qui n'ont cessé de tourner en boucle tout le week-end dernier sont saisissantes. Celles d'un gigantesque incendie qui a ravagé un entrepôt de la Société nouvelle d'affinage des métaux (Snam) et 900 tonnes de batteries au lithium. Près d'une semaine après le sinistre, le feu est maîtrisé mais pas éteint. Alors que la préfecture écarte tout risque, la colère et l'inquiétude monte chez les habitants.  

"C'est l'un des plus gros feux d'un site industriel en Aveyron", lance le colonel Mickaël Lecoq, le patron des sapeurs-pompiers de l'Aveyron. "Du jamais vu !", lâchent, attristés, des habitants. À Viviez, au cœur d'un bassin decazevillois, déjà sinistré par la fermeture de la SAM en 2022, l'incendie d'un entrepôt de la Snam, le 17 février 2024, est un nouveau coup dur. 

Retour sur une semaine éprouvante à la fois pour les soldats du feu mais aussi pour les habitants.

17 février : 3 000 m2 et 900 tonnes de batteries détruites 

Depuis samedi 17 février 2024, les soldats du feu sont engagés à Viviez, dans le bassin industriel de Decazeville, pour un gigantesque feu qui s'est déclaré dans un entrepôt de 3 000 m2 de la Société nouvelle d’affinage des métaux (Snam).

Près d'une semaine après, si le feu est maîtrisé, il n'est toujours pas éteint. 

"Un feu de masse" : 70 pompiers à la lutte

Au plus fort du sinistre, les sapeurs-pompiers de l’Aveyron, 70 au total de tout le département, ont passé une première longue nuit sur le site de la Snam. Le feu s’est déclaré, quelques heures auparavant, peu après 14 heures, dans une annexe du site industriel, au lieu-dit Le Crouzet.

L’entreprise, spécialisée dans le recyclage de batteries, a succédé à l’usine Sopave. Cette dernière, fermée depuis 2018, fabriquait, elle, autrefois, des sacs plastiques pour les collectivités territoriales et s’occupait du retraitement des bâches plastiques agricoles.

Un bâtiment de 3 000 m2 a été détruit.
Un bâtiment de 3 000 m2 a été détruit. La Dépêche du Midi - Didier Latapie

Jean-Louis Denoit, maire de Viviez : "C’est très choquant et très peinant"

Si, très vite, les inquiétudes ont porté sur la partie Seveso bas seuil du site, la préfecture de l’Aveyron s’est empressée de démentir l’information. Le feu dont on ignore toujours pour l’heure l’origine, une enquête est en cours pour le déterminer a rapidement et totalement embrasé l'entrepôt, qui a été ravagé par les flammes. "C’est très choquant et très peinant de voir ça", commente, sur place le maire de Viviez, Jean-Louis Denoit.

Le risque de propagation aux batteries nickel-cadmium évité

D’emblée, de très gros moyens terrestres ont été engagés, un risque de propagation menaçant un deuxième bâtiment de 4 000 m2. Un risque finalement écarté très rapidement. Fort heureusement, car dans cette partie se trouvaient les batteries nickel-cadmium qui ont pu être sorties par du personnel dépêché sur les lieux.

Des analyses régulières réalisées ne montrent pas d'impact sur l'environnement. Néanmoins, il est demandé aux riverains de garder les portes et les fenêtres fermées.
Des analyses régulières réalisées ne montrent pas d'impact sur l'environnement. Néanmoins, il est demandé aux riverains de garder les portes et les fenêtres fermées. La Dépêche du Midi - Robert Lourenço

"Le bâtiment est mort", raconte le premier magistrat, qui n’a pu que constater l’ampleur des dégâts. "C’est un ancien lieu de stockage, avec une charpente en bois. Les murs de pierre ne sont pas tombés, mais tout a brûlé", ajoute-t-il, rassuré toutefois qu’il n’y a eu ni victime, ni blessé. 

Périmètre de sécurité, habitants confinés

Par mesure de sécurité, un périmètre de 500 m a été établi et l’accès au site limité aux seuls secours, forces de l’ordre et personnels de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

Principe de précaution oblige, les habitants ont été confinés plusieurs heures (le confinement levé à 23 h), invités à ne pas sortir de chez eux et à ne pas ouvrir les fenêtres afin d’éviter d’inhaler des fumées. Toutefois, aucune évacuation n’a été ordonnée.

De même, pour éviter la circulation des badauds, la RD 5 a été fermée. 

Fort heureusement, les pompiers ont réussi à maîtriser le sinistre dès le dimanche.
Fort heureusement, les pompiers ont réussi à maîtriser le sinistre dès le dimanche. La Dépêche du Midi - Daniel Latapie

18 février : pas de risque de pollution liée aux fumées assure le préfet

Néanmoins, dans le ciel, l’épais panache de fumée noire était visible, selon les témoignages de plusieurs personnes, depuis Decazeville. "La fumée s’en va de l’autre côté des habitations, vers la vallée de l’Enne", précisait encore Jean-Louis Denoit.

Des équipes de sapeurs-pompiers spécialisées dans le risque chimique et biologique ont été envoyées de Haute-Garonne et de Marseille dans les Bouches-du-Rhône. 

Par ailleurs, L’incendie n’était pas encore fixé, que déjà les premières polémiques naissaient sur les réseaux sociaux. Certains ne manquant pas de faire remarquer que le feu a pris dans une zone où le controversé projet de la future usine Kéréa, une unité de traitements des ordures ménagères, doit sortir de terre.

Pas de chômage technique à la Snam

Du côté de la direction de la Snam, on se veut rassurant alors que seules des batteries au lithium étaient entreposées dans le bâtiment détruit et dont la structure s’est effondrée. Une chance, sachant que l’entreprise traite aussi des batteries nickel cadmium. "Toutes les procédures ont été respectées et le système d’alarme a bien fonctionné. Mais le constat est très triste".

Dès le 18 février, l'entreprise a annoncé qu'elle ne devrait pas à avoir recours au chômage technique.

19 et 20 février : Toxicité des fumées, malgré les analyses, les habitants inquiets

Alors que le préfet, accompagné de plusieurs élus, prenait la mesure de l’incendie qui a ravagé un bâtiment de 3 000 m2 contenant 900 tonnes de batteries, plusieurs voix dissonantes se sont élevés pour dénoncer les "paroles rassurantes du préfet, au contraire nous sommes très inquiets", lance Jean-Louis Calmettes, militant écologiste de longue date.

"Nous sommes inquiets de voir toutes ces entreprises industrielles limitrophes d’habitations aussi nombreuses. Et on ne tient pas compte de l’avis des riverains, a-t-il poursuivi. Et puis, non loin de là, on envisage de construire l’usine de tri des déchets Solena. Cette activité reste liée à de nombreux risques."

21 février : nouvelle alerte aux fumées

Les habitants de Viviez reçoivent une nouvelle alerte envoyée sur l'application mobile "PanneauPocket" évoquant "des fumées incommodantes mais non toxiques provenant de l'incendie de la Snam qui se sont rabattues vers Viviez, Decazeville et la Vallée du Lot". Dans ce cadre, la préfecture et la municipalité invitent à maintenir les "fenêtres et portes" fermées.

Les riverains demeurent inquiets.
Les riverains demeurent inquiets. Centre Presse Aveyron - Philippe Henry

Un système d'alerte pointé du doigt par les riverains

Une diffusion d'information qui passe principalement par l’application mobile d'informations PanneauPocket, sur laquelle une première "alerte confinement" avait été publiée plus d’une heure et demie après le début de l’incendie le 17 février.

Les pompiers sont toujours sur place près d'une semaine après le sinistre.
Les pompiers sont toujours sur place près d'une semaine après le sinistre. Centre Presse Aveyron - Philippe Henry

Cette application, peu connue par les riverains, est pointée du doigt par les habitants. "Personne ne nous a parlé de cette application. Pour être informé, encore faut-il savoir où trouver les informations. Nous sommes dans une totale ignorance", témoigne une habitante du Crouzet, aux premières loges de l’incendie. "Il aurait fallu avoir un porte-voix sur une voiture pour demander aux personnes de rester chez eux ou créer si possible une alerte ciblée par SMS", constate l’ancien maire d'Aubin Michel Baert, toujours en poste au moment de l'incendie, qui insiste sur l’importance de la Snam pour l’économie du Bassin. 

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