Espalion : la vie de château des bénévoles de Rempart

Dans une belle mobilisation cosmopolite, Français, Chinois, Marocains, Coréens, Israéliens, Belges, Anglais et Russes vont manier cet été, le burin, la pioche ou la spatule. Bénévoles et impliqués, ces missionnaires d’un genre particulier auront pour points communs la passion du patrimoine et leur adhésion au réseau Rempart, mouvement associatif de sauvegarde du patrimoine et d’éducation populaire.  

De la sueur et de l'argent

Phare de sauvegarde patrimoniale, le château de Calmont est l’un des sept sites Rempart du département. Sur le chantier, c’est toujours le boss. Les bénévoles et les animateurs l’apostrophent et lui donnent affectueusement et volontiers du "Chef !". En 1986, passionné de vieilles pierres, Thierry Plume achète le château de Calmont-d’Olt, "un tas de cailloux recouvert de végétation". Il y a une quinzaine d’années, le châtelain cède son bien et signe un bail emphytéotique (d’une durée de 99 ans) avec l’Association pour la sauvegarde du château de Calmont-d’Olt. "Ces chantiers sont une des plus belles expériences du château. Ces personnes donnent de leur passion, de leur sueur, de leur temps, c’est exemplaire! Il arrive même que certains reviennent beaucoup plus tard, en famille !".

Des lendemains difficiles

Mais la passion, la sueur et le temps, généreusement fournis, ne sont pas les seuls nerfs de la guerre. Celui qui concourt avec un enthousiasme encore intact à "tirer à hue et à dia ce château pour le sauver", celui qui n’a pas hésité à investir ses propres deniers pour renflouer le navire, avoue des lendemains de Saint-Jean un peu amers. Ce sont les stigmates de la solitude du coureur de fond. Autour du feu, la soirée médiévale de la Saint-Jean n’a attiré "que" 80 personnes. Ce demi-fiasco n’est pas isolé et rappelle d’autres échecs cuisants, significatifs de la difficulté à mobiliser population et décideurs. La manne des accueils pédagogiques et des visites estivales ne suffit bien sûr pas à financer la totalité de l’entreprise, portée par les enveloppes allouées par la Drac puis relayées par les collectivités territoriales. Qu’un maillon de cette chaîne soit défaillant et c’est tout l’édifice qui menace de s’effondrer.

Prévenir plutôt que guérir 

Hors les quilles et l’accordéon, point de salut culturel sur le piton d’Olt ? "L’Aveyron dispose d’une richesse patrimoniale extraordinaire. Si on ne l’entretient pas maintenant, il faudra la réparer plus tard et cela se soldera par des budgets autrement plus importants" prévient Thierry Plume, qui rappelle le poids des chantiers Rempart sur l’économie locale, avec, à Calmont, 7000 repas préparés localement et servis.