La Serbie a enterré la veuve de Tito

  • Jovanka Broz, la femme du maréchal Tito, lors d'un congrès du parti communiste à Zagreb en novembre 1952
    Jovanka Broz, la femme du maréchal Tito, lors d'un congrès du parti communiste à Zagreb en novembre 1952 AFP/Archives - -
  • Jovanka Broz le 20 septembre 1952
    Jovanka Broz le 20 septembre 1952 Intercontinentale/AFP/Archives - -
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AFP

Jovanka Broz, la veuve du défunt dirigeant yougoslave Josip Broz Tito, dernier symbole de la Yougoslavie communiste, a été enterrée samedi à Belgrade aux côtés de son époux avec les honneurs d’État, après avoir vécu dans un isolement total depuis 30 ans.

La dépouille de Jovanka Broz - qui est décédée dimanche dernier à l'âge de 88 ans des suites d'un arrêt cardiaque -, a été déposé dans la "Maison des Fleurs", le mausolée où Tito avait été inhumé en 1980.

Samedi, par une journée ensoleillée d'automne, l'enterrement s'est déroulé sans cérémonie religieuse, en présence de plus de 4.000 personnes, dans une atmosphère sobre, imprégnée de nostalgie pour la Yougoslavie, fédération communiste qui a éclaté dans les années 1990 dans une série de guerres sanglantes.

Une garde militaire a tiré une salve d'honneur.

Dans une brève oraison funèbre, le Premier ministre Ivica Dacic a dit "au revoir à Jovanka Broz, la première dame de la Yougoslavie (...) notre fierté (...) une femme à l'encontre de laquelle nous avons commis des péchés".

"Vive la Yougoslavie", ont crié certains dans la foule, où certains portaient des décorations de la Deuxième Guerre mondiale tandis que d'autres brandissaient des drapeaux yougoslaves. "J'ai voulu lui dire au revoir, comme je l'ai fait pour Tito. Pour moi, ils étaient comme ma famille", a dit Minka Jovanovic, 84 ans, qui avait rejoint les partisans de Tito dans sa jeunesse.

Reine de l'élégance, hôtesse des soirées du gotha des non-alignés, la gloire et le luxe dans lesquels Jovanka Broz vivait depuis son mariage avec Tito s'étaient évanouis lorsqu'elle fut accusée par les proches collaborateurs de fomenter un coup d’État contre son époux, qui avait à l'époque cessé de paraître en public en raison de sa maladie à la fin des années 1970.

De 31 ans la cadette de Tito, dont elle était la troisième épouse, Jovanka Broz avait été placée en résidence surveillée quelques années avant la mort du dirigeant et privée de ses droits et de ses papiers d'identité. Les autorités serbes lui avaient restitué en juin 2009 ses papiers d'identité et lui avaient accordé une retraite.

Son ultime apparition en public remonte à mai 1980 lorsqu'elle a assisté aux funérailles de Tito, qui avaient réuni plus de 200 leaders mondiaux, parmi lesquels Margaret Thatcher, Saddam Husein et Léonid Brejnev.

Traitée comme une criminelle

"Juste après la mort de Tito, ils m'ont chassée (de la résidence) en chemise de nuit, sans mes affaires, sans le droit de prendre même une photo de nous deux, une lettre, un livre (...) et on m'a placée, contre mon gré, dans cette maison où je vis toujours", avait déclaré Mme Broz au quotidien Politika en juillet 2009.

"A partir de ce moment-là, j'ai été traitée comme une criminelle. Je ne pouvais pas sortir de la maison sans être accompagnée par des gardiens armés", avait-elle raconté.

Issue d'une famille de paysans, Jovanka, née le 7 décembre 1924, rejoint à 17 ans les partisans de Tito, avec lesquels elle reste jusqu'à la fin de la guerre: elle aura alors le grade de capitaine.

En 1948, elle est recrutée comme secrétaire au cabinet de Tito.

La date de leur mariage reste imprécise, comme la plupart des autres détails de la vie privée de Tito. Il a eu lieu en 1952, d'après certains biographes. Le couple n'a jamais officiellement divorcé.

Cheveux noirs coiffés en chignon, Mme Broz était rapidement devenue un symbole de l'élégance dans un pays appauvri par la deuxième guerre mondiale.

Elle dînait avec Elizabeth Taylor et Richard Burton, ainsi qu'avec d'autres vedettes du cinéma international, qui jouaient dans des films tournés en Yougoslavie dans les années 1960.

Mais elle prenait rarement la parole en public, semblant satisfaite de son rôle de première dame silencieuse, inséparable de son époux, qu'elle n'aurait pas vu pendant les trois dernières années de sa vie.

Source : AFP

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