Arabie saoudite: John Kerry en visite pour vaincre la méfiance

  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry en visite au Caire, le 3 novembre 2013
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry en visite au Caire, le 3 novembre 2013 AFP - Gianluigi Guercia
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AFP

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry était attendu dimanche à Ryad pour tenter d'apaiser la méfiance de l'Arabie saoudite, un allié stratégique en colère contre Washington en raison de son non-interventionnisme en Syrie et son ouverture sur l'Iran, un rival régional.

L'Arabie a annoncé le 18 octobre son refus de siéger au Conseil de sécurité de l'ONU, un acte sans précédent visant à protester contre l'inaction du Conseil, mais aussi des Etats-Unis, en particulier face au drame syrien.

"Nous ne sommes pas en bons termes avec les Etats-Unis", écrivait dimanche l'éditorialiste du quotidien Al-Riyadh, en soulignant que la crise syrienne était "un point de rencontre ou de distanciation" dans les rapports entre Ryad et Washington.

L'Arabie saoudite soutient l'aile militaire de la Coalition de l'opposition syrienne, qui est fortement divisée sur une participation à la conférence de paix sur la Syrie, dite Genève-2, initiée par les Etats-Unis et la Russie. Les Américains, eux, ont renoncé à des frappes contre le régime syrien, un temps envisagées en représailles à une attaque chimique en août près de Damas.

"Il y a un mécontentement en raison de l'attitude américaine, et le message a été bien reçu" à Washington, estime l'analyste saoudien Abdel Aziz al-Sagr.

John Kerry, en tournée dans la région, restera jusqu'à lundi à Ryad: il "va réaffirmer la nature stratégique des relations entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite", qui ont perduré en dépit des turbulences depuis leur établissement dans les années 1930, a indiqué sa porte-parole Jennifer Psaki.

Au Caire dimanche, avant son départ pour Ryad, M. Kerry a ainsi tenu à assurer que les Etats-Unis avaient adopté des "tactiques" différentes de leurs alliés sur la Syrie mais que leur politique avait le même objectif, un pouvoir de transition sans Bachar al-Assad.

"Ces différences de tactiques individuelles dans une politique n'impliquent pas qu'il y ait une différence dans l'objectif fondamental de la politique" menée, a-t-il affirmé devant la presse.

"Nous partageons tous le même objectif(...), à savoir sauver l'Etat syrien et la mise en place d'un gouvernement de transition (...) qui puisse donner la chance au peuple de Syrie de choisir son avenir", a-t-il ajouté. "Nous pensons aussi qu'Assad, parce qu'il a perdu toute autorité morale, ne peut pas en faire partie".

Ces déclarations ont suscité la colère du régime de Damas qui a affirmé qu'elles "menacent de faire échouer la conférence de Genève" et "représentent une ingérence flagrante dans les affaires syriennes et une agression contre le droit du peuple syrien à définir son avenir".

Ryad a refusé d'accueillir l'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui vient d'achever une tournée au Moyen-Orient, a indiqué à l'AFP une source proche des milieux politiques saoudiens.

M. Brahimi tente d'organiser d'ici fin novembre à Genève une conférence de paix internationale censée réunir opposition et pouvoir syriens pour chercher une issue politique à 31 mois d'un conflit qui a fait plus de 120.000 morts, selon un ONG.

Ryad est réservé sur une participation à Genève-2 de l'Iran, allié de Damas qui reprend l'initiative depuis l'amorce d'un dégel avec Washington. Pour les Saoudiens, un compromis serait "une participation à Genève de l'Organisation de la coopération islamique (OCI)", dont l'Iran est membre, selon M. Ben Sagr, président du Gulf Research Centre.

John Kerry va parler à Ryad de la manière de "mettre fin à la guerre en Syrie, (d')avancer en Egypte" ainsi que des "négociations entre le groupe 5+1 (des grandes puissances) et l'Iran" sur le nucléaire, a souligné sa porte-parole.

S'agissant de la Syrie, les entretiens doivent porter sur "la meilleure façon d'aider la Coalition de l'opposition et son aile militaire afin qu'elle prenne elle-même l'assurance d'aller à Genève (...) négocier avec le régime", selon un haut responsable du département d'Etat.

"Ryad (...) œuvre, avec l'aide de la France, pour armer l'opposition islamiste non radicale et renforcer sa position avant Genève-2", a indiqué à l'AFP un diplomate européen.

Il a néanmoins estimé que la tension actuelle "n'aura pas beaucoup d'impact sur les relations stratégiques entre les deux pays", soulignant qu'"aucun pays ne pourra se substituer aux Etats-Unis pour (assurer) la sécurité du royaume".

Source : AFP

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