Journalistes tués au Mali: début d'une réunion de crise à l'Elysée

  • Photo fournie par RFI montrant Ghislaine Dupont (d) et Claude Verlon (g) à Bamako, en juillet 2013
    Photo fournie par RFI montrant Ghislaine Dupont (d) et Claude Verlon (g) à Bamako, en juillet 2013 RFI/AFP/Archives - -
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AFP

Les ministres des Affaires étrangères et de la Justice, Laurent Fabius et Christiane Taubira, sont arrivés dimanche peu avant 09h30 à L'Elysée pour une réunion de crise avec François Hollande après la mort de deux journalistes enlevés et tués au Mali, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les deux envoyés spéciaux de Radio France Internationale, Claude Verlon et Ghislaine Dupont, ont été enlevés samedi à Kidal dans le nord du Mali par des hommes armés et retrouvés morts par l'armée française à une douzaine de kilomètres de Kidal.

L'annonce de leur mort a plongé la rédaction de Radio France internationale dans la tristesse. M. Hollande a exprimé son "indignation à l'égard de cet acte odieux" et réaffirmé sa "détermination" à lutter contre le terrorisme.

Le président français et son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta ont affirmé leur détermination "à poursuivre et à remporter" le "combat commun contre le terrorisme", selon un communiqué de la présidence française.

Les circonstances précises de leur mort restaient inconnues dimanche matin.

Peu avant l'annonce de leur décès par Paris, des sources militaires et sécuritaires au Mali avaient annoncé leur enlèvement à Kidal, rapidement confirmé pmar RFI.

Selon RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés par des hommes armés à 13H00 (heure locale et GMT) devant le domicile d'Ambéry Ag Rhissa, un représentant du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) qu'ils venaient interviewer.

Selon son témoignage cité par RFI, M. Ag Rhissa a vu les ravisseurs, qui étaient "enturbannés et parlaient tamachek", la langue des Touareg.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de l'état-major de l'armée française, le colonel Gilles Jaron, a déclaré que la force Serval, alertée sur l'enlèvement des deux journalistes, avait immédiatement envoyé une patrouille et deux hélicoptères pour tenter de repérer leur véhicule.

"Les corps sans vie des deux journalistes ont été retrouvés par la patrouille au sol vers 14h55 locales (...) à une douzaine de kilomètres à l'est de Kidal à proximité d'un véhicule à l'arrêt", a-t-il dit.

Les deux journalistes se trouvaient en reportage à Kidal pour une opération spéciale de RFI au Mali prévue jeudi prochain. C'était leur deuxième mission dans cette ville, fief touareg en partie contrôlé par les rebelles. Ils s'étaient déjà rendus à Kidal en juillet pour couvrir le premier tour de l'élection présidentielle.

La PDG de France Média Monde, groupe auquel appartient RFI, Marie-Christine Saragosse, a déclaré à l'AFP: "On a eu Ghislaine ce matin, cela se passait bien."

"On savait qu'elle rencontrait un leader du MNLA, Ambéry Ag Rissa. En sortant, il a entendu des coups de crosse portés sur le véhicule de nos reporters. Il a vu les ravisseurs emporter nos journalistes dans un 4X4 beige. Ils ont forcé le chauffeur (de la voiture RFI) à se mettre à terre. Il a entendu les deux journalistes résister et protester. C'est la dernière personne qui témoigne les avoir vu vivants", a-t-elle raconté.

Emissions spéciales Mali annulées

Ghislaine Dupont était une journaliste expérimentée spécialiste de l'Afrique à RFI depuis des années. Claude Verlon, technicien, connaissait également bien ce continent. Ils étaient déjà allés faire des reportages à Kidal à l'occasion du premier tour de la présidentielle du 28 juillet au Mali.

"Ghislaine Dupont, 57 ans, était une journaliste passionnée par son métier et par le continent africain qu’elle couvrait depuis son entrée à RFI en 1986", indique un communiqué de la radio qui se dit "sous le choc". "Claude Verlon, 55 ans, technicien de reportage à RFI depuis 1982, était un homme de terrain chevronné, habitué des terrains difficiles dans le monde entier", ajoute le texte.

Tous deux avaient quitté Bamako pour Kidal mardi, en vue d'émissions spéciales sur le Mali devant être diffusées le 7 novembre, mais qui ont été annulées après la mort des journalistes, selon RFI.

Selon une source gouvernementale française, "il y a quelques jours, les deux journalistes avaient demandé à être transportés à Kidal par la force Serval, ce qu'elle avait refusé, comme elle le fait depuis un an, en raison de l'insécurité dans cette zone". Mais, selon cette source, "ils ont profité d'un transport de la Minusma (la Mission de l'ONU au Mali), qui continue à accepter des journalistes".

Kidal, situé à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako, est le berceau de la communauté touareg et de sa rébellion du MNLA. Des accrochages s'y étaient produits entre rebelles et soldats maliens fin septembre.

Le nord du Mali, occupé en 2012 par des islamistes armés liés à Al-Qaïda après une nouvelle rébellion lancée par le MNLA et un coup d'Etat à Bamako, reste très instable en dépit d'une intervention internationale armée lancée par la France en janvier et toujours en cours pour traquer les jihadistes de la région. Les attentats et attaques islamistes s'y sont multipliés depuis un mois à l'approche d'élections législatives dont le premier tour est prévu le 24 novembre.

Le Haut conseil pour l'unité de l’Azawad (HCUA), un groupe de notables touareg de Kidal, a condamné "avec la dernière énergie l’assassinat", dans un communiqué transmis à l'AFP. Le MNLA a dit "mettre tout en oeuvre pour identifier les coupables" et a condamné ces crimes "avec toute la rigueur" possible.

La ministre française de la Culture, Aurélie Filippetti, a rendu hommage aux deux journalistes "victimes de la barbarie".

La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a exprimé "sa profonde tristesse", selon un porte-parole, tandique le Conseil de sécurité de l'ONU a "fermement condamné" l'exécution et demandé au Mali d'enquêter "rapidement" sur cette affaire.

L'association Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "un acte innommable et révoltant". Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a insisté sur "le prix payé par certains pour que le public soit informé au plus près des événements."

Source : AFP

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