Nucléaire iranien: les grandes puissances à Genève pour la dernière ligne droite

  • Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (2e d), le 22 novembre 2013 à Genève
    Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (2e d), le 22 novembre 2013 à Genève Pool/AFP - Fabrice Coffrini
  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à son arrivée à Genève, le 23 novembre 2013
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à son arrivée à Genève, le 23 novembre 2013 Pool/AFP - Denis Balibouse
  • Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à son arrivée à Genève, le 22 novembre 2013
    Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à son arrivée à Genève, le 22 novembre 2013 Pool/AFP - Martial Trezzini
  • Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à son arrivée à Genève, le 23 novembre 2013
    Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à son arrivée à Genève, le 23 novembre 2013 AFP - Fabrice Coffrini
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AFP

Les chefs de la diplomatie de six grandes puissances se retrouvent à Genève samedi pour peser de tout leur poids dans la dernière ligne droite des discussions avec Téhéran et obtenir un accord d'étape sur le programme nucléaire iranien, après dix années de vaines tentatives.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, peu de temps après son arrivée, s'est entretenu avec la négociatrice mandatée par les grandes puissances, la diplomate en chef de l'Union Européenne Catherine Ashton. Il a ensuite rencontré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dont la "fermeté" n'avait pas permis un accord lors du précédent cycle le 9 novembre.

A son arrivée, Laurent Fabius a répété qu'il souhaitait "un accord solide" et qu'il était venu "pour y travailler".

M. Kerry va ensuite s'entretenir avec son homologue russe. Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, qui a rencontré à Genève vendredi soir le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif, a souligné que "pour la première fois depuis de nombreuses années, le (groupe) 5+1 avait une vraie chance d'arriver à un accord", dans des propos rapportés samedi par son ministère.

Les diplomates de l'Iran et du 5+1 (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine et Allemagne) négocient pied à pied depuis mercredi un accord d'étape pour limiter le programme nucléaire iranien controversé en échange d'un allègement de sanctions.

"C'est la dernière ligne droite, mais les négociations précédentes nous ont appris la prudence", a souligné une source diplomatique française.

En effet, lors du précédent round de discussions du 6 au 9 novembre, les négociations s'étaient achevées sans accord, en raison notamment de la position des Français, qui avaient considérablement durci les exigences des pays du P5+1.

Les progrès réalisés cette semaine dans la négociation --qui reste ultra confidentielle-- ont sans doute poussé les chefs de la diplomatie à revenir à Genève, même si personne ne se risque à crier victoire tant les discussions sont serrées.

"L'enrichissement n'est pas négociable"

"Il y a une chance réaliste (de parvenir à un accord) mais il y a encore beaucoup de travail", a déclaré à son arrivée le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle.

Le Britannique William Hague et le Chinois Wang Yi devaient arriver dans la matinée.

Vendredi soir, le chef des négociateurs iraniens Abbas Araghchi a estimé que les positions de chaque camp s'étaient rapprochées. "Nous nous sommes rapprochés d'un accord dans une bonne mesure mais malgré les progrès faits aujourd'hui (vendredi) il reste des questions importantes" à régler, a-t-il déclaré, cité par l'agence Mehr.

La négociation porte sur un texte présenté le 9 novembre par les 5+1, lors du précédent round de discussions.

Le projet d'"accord intérimaire" de six mois, reconductible avant un accord global, prévoit une limitation du programme nucléaire de Téhéran en échange d'un allègement limité de sanctions. Les détails n'en sont pas connus, mais "tout le monde sait quels sont les principaux enjeux", selon le porte-parole de Mme Ashton, Michael Mann, citant en particulier la question de l'enrichissement de l'uranium, "droit" revendiqué par les Iraniens mais dénoncé par les Occidentaux qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique.

M. Araghchi n'a "ni confirmé ni démenti" les informations de la presse iranienne selon lesquelles le groupe des 5+1 avait accepté le droit, revendiqué par Téhéran, d'enrichir l'uranium sur son sol.

"Les négociations ne sont pas encore finalisées", a-t-il souligné.

D'autres points qui posaient problème depuis le début concernent le sort du stock iranien d'uranium enrichi à 20% (seuil critique pour arriver rapidement à un taux d'enrichissement à 90%, ouvrant la porte à l'arme nucléaire), ainsi que le réacteur à eau lourde d'Arak, susceptible de produire du plutonium, autre filière pour obtenir la bombe atomique.

Peu de choses ont filtré sur l'état de la négociation concernant les sanctions économiques qui frappent l'Iran.

Selon des estimations de sources américaines, l'Iran perd 5 milliards de dollars chaque mois et aurait déjà perdu quelque 120 milliards de dollars. 100 milliards d'avoirs iraniens sont gelés dans des banques dans le monde. L'allègement "limité" et "réversible" de sanctions pourrait se traduire par le dégel de certains de ces avoirs, les chiffres avancées oscillent entre 6 et 10 milliards pour ces six mois. Dans le même temps, du fait du maintien du coeur des sanctions bancaires et pétrolières l'Iran perdrait quelques 30 milliards. .

Pour Israël cet accord "est mauvais. S'il est signé, il y aura encore beaucoup de choses à faire après pour amener l'Iran à être confronté au dilemme: la bombe ou la survie" du régime, a affirmé vendredi le ministre de la Défense Moshé Yaalon.

Source : AFP

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